Garderies | Un enjeu pour les gros projets à venir à Sept-Îles

Par Marie-Eve Poulin 5:01 AM - 27 mars 2024
Temps de lecture :
John-James Blanchette

Le directeur général de la Chambre de commerce de Sept-Îles Uashat mak Mani-utenam, John-James Blanchette. Photo courtoisie

Le directeur de la Chambre de commerce Sept-Îles Uashat mak Mani-utenam croit que si la ville perd des médecins en plus de ne pas avoir suffisamment de places en garderie, cela pourrait être un frein pour le recrutement et la rétention de personnel en vue des gros projets à venir dans la région. 

John-James Blanchette croit que le manque de places en garderie nuit. Selon lui, le cri du cœur lancé par les médecins 11 médecins de l’Hôpital de Sept-Îles, dont certains menacent de quitter faute de places, ajoute un poids de plus à l’urgence d’agir. 

« Que ce soit au niveau des médecins, des garderies ou du logement, on a un gros problème de services », dit-il. « C’est sûr que si on est rendu à un point où les médecins veulent quitter, on ajoute aux problèmes de services. »

M. Blanchette souligne que d’importants efforts ont été faits pour recruter des médecins, afin de répondre aux besoins de la région. 

« Si on est pour les perdre à cause d’un manque de places en garderie, pas que ce n’était pas urgent avant, mais là, ça devient vraiment urgent », dit-il.

Celui qui côtoie les entreprises trouve intéressant et important d’avoir le pouls d’un autre milieu.

« Ça nous rapporte à la réalité des problèmes qu’on ne voit pas souvent et qu’on ne prend pas toujours en considération. Ça met un poids de plus sur notre problème de services », dit-il. 

Pour M. Blanchette, c’est mathématique. Si la ville reçoit 4 000 familles, mais qu’il y a  800 places en garderie, c’est un problème. Il faut l’aviser immédiatement, puisqu’il faudra plusieurs années pour le régler.

« Quand on parle de projets à trois ou quatre milliers de personnes qui viennent s’installer, oui c’est un gros enjeu », dit-il.

Même si les entreprises font des garderies à l’interne, il croit que ce ne serait pas suffisant.

« Si tu as 800 familles, tu n’auras pas 800 places dans ta garderie interne », illustre-t-il. 

Le directeur pousse sa réflexion plus loin. Attirer de jeunes couples, ou n’importe qui de n’importe quel âge qui planifie avoir une famille dans les prochains cinq années pour s’établir dans la région pourrait s’avérer difficile.

« C’est comme si la Côte-Nord est un endroit difficile à s’établir », dit-il. « Tu ne peux même pas penser à un futur ici, si on continue dans ces problématiques-là. » 

Le moment d’agir

John-James Blanchette souligne que pour faire avancer les choses en matière d’attractivité de main-d’œuvre, des tables de concertation ont été mises en place par le milieu économique local.

« Autant les acteurs du milieu, que les grandes entreprises et les divers paliers du gouvernement. Il faut que tout le monde se mette en concertation pour régler ce problème-là », dit-il. « S’il y avait une solution simple, je suis pas mal sûr qu’on l’aurait utilisée. Mais je doute que ce soit simple. »

Le directeur de la Chambre de commerce affirme que le problème est soulevé depuis des années. « Mais là, ça va être de trouver une solution. » 

Mettre de la pression est l’option envisagée.

« Comme pour bien des problèmes sur la Côte-Nord, il va falloir mettre de la pression au niveau du gouvernement », dit M. Blanchette. « C’est bien beau faire des investissements dans le système de santé, mais si on n’a pas de docteur pour utiliser ces investissements sur la Côte-Nord, ça ne sert à rien. »

La présidente du conseil d’administration de Développement économique Sept-Îles, Chantal Pitt, qui a pris connaissance de l’article parut dans le Journal, qualifie la situation « d’alarmante et de très inquiétante ». Elle croit qu’il faudra plus de flexibilité du côté des programmes de garderie.

« Le ministère de la Famille a annoncé des mesures pour faciliter l’accès aux garderies, l’ajustement de lois, mais il faut aussi former des jeunes qui vont vouloir venir travailler dans ces garderies », dit-elle. « Aussi, si on améliore les problèmes de logement, ça va améliorer le recrutement de la main-d’œuvre et on va peut-être avoir des travailleurs pour occuper des postes en services de garde. » 

Mme Pitt garde espoir. Elle croit qu’il faut tenter de rester positif et continuer de travailler fort. « Mais il ne faut pas lâcher », conclut-elle. 

Partager cet article