Des chercheurs sont sur la piste d’une personnalisation de la radiothérapie
(AP Photo/ Kevin Glackmeyer) Kevin Glackmeyer
Des chercheurs de l’Université Laval sont sur la piste de signatures moléculaires qui pourraient un jour permettre de personnaliser la dose de radiation administrée à un patient atteint d’un cancer.
La radiothérapie adopte pour le moment une approche «one size fits all» qui n’est pas nécessairement la plus efficace, a expliqué le professeur Venkata Manem, qui est affilié à la Faculté de médecine de l’Université Laval et au Centre de recherche du CHU de Québec.
«En chimiothérapie, en comparaison, il y a des centaines de composés et on choisit le bon pour le bon patient, a-t-il rappelé. Mais en radiothérapie, on regarde les caractéristiques du patient, son âge, son sexe, s’il fume et ainsi de suite (…) mais on ne s’intéresse pas aux caractéristiques biologiques de la tumeur.»
Si on constatait, par exemple, que la tumeur est plus résistante, on pourrait administrer une plus forte dose de radiation pour augmenter les chances de guérison et réduire les risques de rechute, a-t-il ajouté. En revanche, si on découvrait que la tumeur est plus vulnérable, on pourrait utiliser une dose de radiation moindre, ce qui minimiserait les effets secondaires indésirables pour le patient.
«On essaie à la fois de réduire la toxicité (du traitement) pour le patient et d’augmenter les chances de survie», a résumé le chercheur.
Les travaux du professeur Manem et de son équipe s’inscrivent dans la tendance de la «médecine de précision» ou de la «médecine personnalisée», qui s’est développée à une vitesse fulgurante au cours des dernières années, depuis que les médecins ont constaté que c’est en tenant compte des caractéristiques génétiques particulières du patient et de sa tumeur qu’ils peuvent élaborer le traitement le plus efficace.
La même approche pourrait être adoptée en radiothérapie, croit le chercheur: avec la disponibilité de données spécifiques aux tissus, il pourrait éventuellement être possible d’obtenir des signatures pour différents types de cancers tels que les cancers du sein, de la prostate et du poumon, a-t-il dit.
Même si toutes les tumeurs sont différentes, et même si elles sont classées dans le même groupe, au même stade et avec les mêmes caractéristiques anatomiques, la réponse à la radiothérapie pourra être influencée par des facteurs comme les mutations présentes, le micro-environnement et la composante immunitaire.
L’équipe a donc utilisé des données de lignées cellulaires combinées à des approches basées sur la bio-informatique et l’apprentissage automatique pour cibler un indicateur moléculaire de sensibilité qui pourrait faire l’objet de tests précliniques avant d’être transposé en clinique.
«Environ la moitié des patients recevront de la radiothérapie dans le cadre de leur traitement, que ce soit à des fins palliatives ou curatives, a dit le professeur Manem. Donc quand on donne de la radiothérapie, il faut que ça soit précis. Un patient devrait-il recevoir une dose plus forte? Une dose plus faible parce que c’est combiné avec de la chimiothérapie? Il faut savoir.»
La suite de la recherche consistera à valider ces signatures moléculaires avec des données de patients et à mettre au point un test clinique utilisant des méthodes basées sur l’apprentissage automatique. L’équipe souhaite aussi identifier des composés radiosensibilisants susceptibles d’accroître l’efficacité thérapeutique des radiations.
Les conclusions de cette nouvelle étude ont été publiées par le journal médical BMC Cancer.
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