Fini, le monopole d’Hydro-Québec ?

Par Émélie Bernier 4:00 PM - 1 février 2024 Initiative de journalisme local
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La demande en électricité suit une courbe ascendante au Québec. Archives

Ce n’est pas un secret : Hydro-Québec ne parvient plus à répondre à la demande de plus en plus grande en énergie. Devant cet état de fait, les discussions sur une commercialisation d’électricité privée vont bon train, faisant craindre à certains la fin du monopole d’Hydro-Québec. Que sait-on de cette nouvelle avenue ? Voici un bref tour d’horizon.

Si l’approvisionnement en électricité de vos maisons n’est pas en jeu, la situation est certes préoccupante pour les développeurs industriels. Selon les chiffres diffusés par Radio-Canada, 150 entreprises étaient en attente d’un accès à un total de 30 000 mégawatts (MW) du réseau public pour aller de l’avant avec leur développement. Seules 11 entreprises ont pu obtenir 956 mégawatts et un maigre 500 mégawatts demeure disponible d’ici 2028.

Des projets industriels qui se voient carrément dire non par Hydro-Québec risquent de se développer ailleurs ou de mourir dans l’œuf.

Certaines entreprises, notamment Produits Forestiers Résolu, choisissent de produire elles-mêmes une partie de l’énergie dont elles ont besoin, parfois même davantage. Il n’est donc pas surprenant que les discussions sur une commercialisation de l’électricité par des entreprises privées aillent bon train. 

Tableau des moyens envisagés pour améliorer la capacité d’Hydro-Québec. Source: Hydro-Québec

Il suffit de jeter un coup d’œil aux priorités du Plan d’action 2035 — Vers un Québec décarboné et prospère pour constater que le gouvernement souhaite envisager toutes les avenues possibles. 

« Déterminer et démarrer les meilleurs projets qui nous permettront de produire plus d’électricité pour soutenir les ambitions du Québec, en gardant un esprit ouvert par rapport à l’ensemble des options qui s’offrent à nous » est d’ailleurs l’une des cinq priorités du Plan. 

Hydro-Québec compte bien sûr investir de 90 à 110 milliards de dollars d’ici 2035 afin de répondre à la croissance de la demande électrique dans la province. 

« La consommation actuelle du Québec doublera d’ici 2050. D’ici 2035, nous planifions l’ajout de 60 TWh, soit entre 8 000 et 9 000 MW de puissance additionnelle. C’est équivalent à trois de nos plus grands ouvrages hydroélectriques : l’aménagement Robert-Bourassa (LG-2), Manic-5 et le complexe de la Romaine », explique Gabrielle Leblanc, conseillère stratégique en communication  chez Hydro-Québec.

De nombreuses avenues sont envisagées, comme l’indique le plan, dont l’ajout d’infrastructures énergétiques et l’exploration de filières porteuses.

On souhaite d’ailleurs tripler la capacité de production éolienne afin de combler des besoins de puissance à hauteur de 1 500 à 1 700 MW. La construction de nouvelles centrales et l’amélioration de la performance des centrales existantes est également à l’ordre du jour.

« Hydro-Québec va travailler sur deux fronts : aider sa clientèle à mieux consommer et produire plus. En plus de miser en priorité sur des filières déjà bien établies au Québec, telles que l’éolien et l’hydroélectricité, nous allons explorer toutes les options offertes par les nouvelles technologies. Nous travaillerons en collaboration avec les acteurs du milieu afin d’évaluer toutes les options envisageables pour augmenter la capacité de production d’électricité du Québec », indique Mme Leblanc.

Même si le ministre Pierre Fitzgibbon semble se rétracter sur la question d’une certaine privatisation de l’électricité, la graine est semée et soulève visiblement les passions ! Un dossier à suivre.

Autour de la question

“C’est vrai qu’il y a une réflexion au gouvernement sur la production privée. Je suis ouvert, mais la décision n’est pas prise.” -Pierre Fitzgibbon
« En passant, il n’est pas question de privatiser, de renier l’héritage de René Lévesque, soyons bien clairs. » -François Legault
« Au sujet de la production privée, il faut faire les choses avec prudence et assurer un bon encadrement. » -Gabrielle Leblanc, conseillère stratégique en communication