Pour François Legault, sauvegarder l’information et la culture «c’est non négociable»

Par Pierre Saint-Arnaud 7:34 AM - 4 novembre 2023 La Presse Canadienne
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Le premier ministre du Québec François Legault reçoit son vaccin de rappel contre la grippe COVID, le vendredi 3 novembre à Montréal.La Presse Canadienne/Ryan Remiorz Ryan Remiorz

François Legault a livré vendredi un véritable plaidoyer pour la sauvegarde de l’information et de la production culturelle québécoise, au lendemain de l’annonce de compressions de personnel massives au Groupe TVA, qui prévoit licencier 547 personnes, soit le tiers de son personnel.

«On a besoin d’information, on a besoin d’information en région, on a besoin de produits culturels québécois. C’est non négociable. On a le devoir de trouver des solutions.»

Le premier ministre avait tout d’abord tenu à partager son désarroi face au sort des employés licenciés de TVA, soulignant à quel point «ça peut être stressant pour quelqu’un qui perd son emploi, stressant pour les personnes concernées, mais aussi pour leurs familles».

Mais il n’a pas tardé à enchaîner, soulignant qu’«il y a plusieurs problèmes, plusieurs enjeux dans le monde des médias», notamment la migration des revenus publicitaires vers les géants du web et la baisse de l’écoute de la télé généraliste traditionnelle.

Déjà à l’oeuvre

Il affirme que son ministre de la Culture et des Communications, Mathieu Lacombe, est déjà à l’œuvre pour tenter de dégager des solutions, mais n’a pas voulu donner d’indications sur ce que ces solutions pourraient être. «Ce n’est pas simple, c’est complexe, et il y a beaucoup d’enjeux, donc je ne veux pas non plus arriver avec une recette magique demain matin. Ce n’est pas vrai, ça n’existe pas.»

François Legault sait pertinemment qu’il ne peut pas agir seul dans le secteur de la télévision, puisqu’il s’agit là d’une industrie sous juridiction fédérale. Il s’attend ‘ailleurs à discuter du dossier avec Ottawa, «mais je ne veux pas retarder les solutions en attendant après le fédéral», a-t-il fait savoir, précisant que le ministre Lacombe travaille sur le dossier «depuis des mois».

Bien que souvent malmené dans les médias, François Legault estime que l’information, «c’est essentiel, c’est non négociable: si on veut une bonne démocratie, ça prend beaucoup de journalistes, beaucoup de sources d’informations pour la population.»

L’information en région menacée

Il se dit particulièrement inquiet pour l’information en région, non seulement parce que TVA prévoit y faire une bonne partie de ses compressions, mais aussi par la disparition du Publisac, seul véhicule de distribution disponible à faible coût pour les hebdos régionaux, dont TC Transcontinental a annoncé le remplacement par un petit feuillet publicitaire. 

«Pour moi, c’est essentiel, les petits médias, les petits journaux hebdomadaires qui sont distribués dans les différentes localités. C’est important pour les Québécois. Ils y tiennent. On les a aidés, puis on va regarder ce qu’on peut faire pour mieux les aider encore», promet-il, tout en reconnaissant que la disparition du Publisac est une menace réelle pour ces publications.

Quant à la décision de TVA de cesser toute production culturelle à l’interne, elle l’inquiète. «On veut une culture québécoise qui est forte. (…) C’est incroyable comment les Québécois aiment et regardent leurs émissions culturelles et c’est important pour la cohésion de la nation québécoise.»

Même si TVA largue la production de ses émissions pour se tourner vers la sous-traitance des maisons de production externes, «actuellement, c’est dur pour les entreprises qui font de la production, de la réalisation de séries ou d’émissions culturelles», rappelle le premier ministre.

Aide à venir?

Il laisse même entendre que son gouvernement serait prêt à donner un coup de pouce à travers le spectre culturel.

«Ces entreprises-là n’arrivent pas à faire des profits même si elles font des séries exceptionnelles, donc c’est notre responsabilité. On ne peut pas, au Québec, se priver de ces productions québécoises.

«Ça fait beaucoup de problèmes à regarder en même temps. C’est pour ça que je vais être là. Le but qui est visé, ce n’est pas d’aider une entreprise en particulier, c’est de regarder l’ensemble des problèmes puis d’arriver avec des solutions.»

Certes, il laisse à Ottawa le soin de faire les démarches auprès des géants du web pour obtenir d’eux qu’ils partagent une partie de la tarte qu’ils ont raflée aux médias et au secteur culturel en général.

François Legault se dit prêt «à agir rapidement d’ici le printemps». Bien qu’il ne faille pas s’attendre à des mesures spécifiques au secteur médiatique et culturel dans la mise à jour économique de la semaine prochaine, il promet «des discussions avec (le ministre des Finances) Eric Girard» en prévision du «vrai budget, le gros budget, au mois de mars».

Vacciné par un acuponcteur

François Legault tenait ces propos au sortir d’une clinique de vaccination de Montréal, après avoir reçu le vaccin contre l’influenza et la dernière version de celui contre la COVID-19. Le premier ministre aurait difficilement pu demander mieux comme expert des aiguilles puisque celui qui lui a administré les deux doses, Jean-Philippe Major, est acuponcteur. M. Legault l’a d’ailleurs complimenté su sa technique. «Ça paraît que vous êtes habitué de planter des aiguilles. Il me semble que ça fait moins mal que d’habitude», a-t-il lancé.

M. Legault en a profité pour encourager les Québécois à se faire vacciner, un service qui est offert gratuitement à la population, tout en se disant agréablement surpris de la réponse du public. Jusqu’ici, plus de 1,46 million de rendez-vous ont été pris par les Québécois et environ 672 000 doses de vaccin contre la COVID et 807 000 doses de vaccin contre l’influenza ont été administrées depuis le début de la campagne plus tôt cet automne.

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