Réjean Porlier : il y avait un risque…

Par Réjean Porlier 10:43 AM - 26 octobre 2023
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Le débat des candidats à la mairie de Sept-Îles avait lieu mercredi soir, à la Salle Jean-Marc-Dion et sera rediffusé sur les plateformes du Journal Le Nord-Côtier et de NousTV.

Il y avait un risque à me présenter au débat des candidats à la mairie de Sept-Îles, mais j’étais comme d’autres, à me questionner sur plusieurs d’entre eux et je tenais à voir leurs réactions en situation de pression. Car, savoir faire face à la pression est un atout non négligeable lorsqu’on occupe une telle fonction publique.

Je voulais aussi entendre les idées et mesurer leur degré de préparation, car l’improvisation en politique municipale, alors qu’il faut continuellement faire des choix et rechercher les alliances, c’est rarement une bonne stratégie. Dans une course à neuf, tout peut arriver. À moins qu’un candidat ou une candidate se démarque au point de faire mal paraître les autres, difficile de prédire où l’humeur de la population atterrira. Et c’est pourquoi le débat d’hier représentait une occasion en or de marquer des points et sortir du lot…ou…de se tirer dans le pied. Je vais me garder une gêne quant à l’appréciation de la performance des candidats. Chacun est en mesure de faire la sienne et comme le débat a été enregistré, il est possible à quiconque d’y avoir accès et se faire une tête.

Le risque pour un ancien maire, c’était d’entendre un ou des candidats vouloir se démarquer des administrations précédentes en critiquant le travail accompli, en proposant quelques demi-vérités ou même en glissant dans les procès d’intention. C’est normal direz-vous, de mettre en évidence les mauvaises décisions du passé et de devoir défendre un bilan, mais c’est particulièrement dur de ne pouvoir dire mot alors qu’on se prête à plusieurs raccourcis intellectuels et que le mandat du maire sortant a été trop court pour faire une réelle démarcation avec le précédent.

Résumer le dossier de l’hôtel de ville à une vente de feu pour construire des stationnements, c’est un raccourci intellectuel électoraliste. Le principal enjeu n’en est pas un de stationnement, mais bien d’espace; l’Hôpital de Sept-Îles est un pôle de service de santé régional, que personnellement, je souhaite voir se développer et ce développement demande de l’espace. Une urgence plus moderne y est planifiée et pourquoi pas éventuellement un centre de traitement pour l’oncologie, alors que nombre de nos citoyens doivent se déplacer régulièrement vers les grands centres pour leurs traitements. C’est en développant nos services qu’on se mérite le statut de pôle régional, un dossier qui semblait important aux yeux de certains candidats, pas en en freinant le développement. Si Sept-Îles a perdu ce statut, qu’on nous dise au profit de quelle autre ville!

En passant, je me souviens très bien avoir offert à M. Dufour un compromis pour sauver le bloc principal de l’hôtel de ville, pour lequel il y avait un intérêt architectural. Il y aurait eu moyen de trouver une vocation à ce bâtiment et pourquoi pas faire d’une pierre trois coups en hébergeant une garderie principalement dédiée aux employés de l’hôpital. Je peux vous confirmer que le CISSS n’y était pas fermé, au contraire. Une avenue que M. Dufour a préféré ne pas explorer.

Pas évident pour le spectateur de s’y démêler : un candidat qui se plaint du manque de données pour prendre une décision éclairée et un autre qui dit avoir en main une étude de 2016 qui recommanderait la réfection. C’est sans compter l’étude patrimoniale qu’on dit ne pas être accessible, mais qu’on présente publiquement…ouf… de quoi y perdre son latin. Une chose est sûre, plus un dossier traîne, plus il y a d’espace pour la spéculation et les procès d’intention. Peu importe l’alignement du prochain Conseil, un bon exercice de communication s’imposera. Les vrais enjeux doivent être bien communiqués pour être appréciés de la population. Il faut savoir se projeter dans le temps, se donner un peu de vision pour nos services de santé et ce n’est pas un dossier qui risque de se régler dans un débat d’élection municipale, même s’il soulève des passions.

On pourrait refaire le même exercice avec l’aréna et encore là, prendre quelques raccourcis pour tenter de démonter le travail fait en amont, comme s’il n’y avait jamais eu de démarche sérieuse menant aux différentes décisions. Bien sûr, la donne a beaucoup changé, elle change continuellement dans une ville. Des coûts de construction qui ont explosé, de nouvelles priorités qui débarquent tous les jours et une nouvelle équipe qui devra, comme toutes les précédentes, composer avec la réalité, celle d’un budget à équilibrer alors que les besoins et les responsabilités des villes ne cessent d’augmenter sans pour autant que les budgets suivent de Québec. Est-ce qu’il y a place aux bonnes et nouvelles idées, bien sûr, sinon pourquoi pareil exercice, mais critiquer le pouvoir et l’exercer sont deux choses bien différentes et nécessairement, quelqu’un en fera l’apprentissage.

Pour avoir un réel impact et faire évoluer positivement le cours des choses, nos élus réaliseront rapidement qu’un des éléments clé reposera sur leur capacité à concerter les forces du milieu et tout ça passe bien sûr par l’écoute de notre population, mais beaucoup par le tissage d’alliance avec l’ensemble de nos partenaires régionaux, à commencer par nos voisins autochtones.

Que le ou la meilleure l’emporte et je vous avoue avoir bien hâte de voir la suite des choses!

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