Sur le chemin de la réconciliation

Par Réjean Porlier 4:05 PM - 4 octobre 2023
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Photo Gouvernement du Canada

Le 30 septembre dernier marquait la Journée nationale de la vérité et de la réconciliation. Une journée qui dans nos esprits devrait avoir une grande signification. Il en serait ainsi, si quelques instants on acceptait de se mettre dans la peau de l’autre.

L’autre, c’est notre voisin autochtone à qui un bon jour de cette colonisation sauvage, on enlevait les enfants et les mettait dans ces pensionnats et dont certains ne sont pas revenus. Tout ça au nom d’un génocide culturel avorté heureusement et dont les communautés ont décidé de se relever fièrement.

Cette journée marque le pas d’un long processus de guérison qui s’amorce avec la reconnaissance des faits, une étape incontournable et nécessaire. Un symbole fort pour mettre la table à une réconciliation sincère et durable. 

Cette journée sera donc là pour nous rappeler une époque peu glorieuse de notre passé pas si lointain, histoire de ne pas oublier et d’assumer les conséquences de cet héritage dont il faut apprendre. Ce serait trop simple de penser que l’histoire appartient aux autres, mais surtout peu responsable. 

Saviez-vous seulement que la Ville de Sept-Îles est née sur un territoire dont on a expulsé des familles innues de Uashat ?

D’où cette amertume et cette tension encore palpable entre les deux communautés voisines. Le Chef McKenzie ne manque pas de me le rappeler ; à l’époque, les familles innues se sont même fait interdire d’enterrer leurs morts dans leur propre cimetière. Laissons atterrir le nouveau Conseil municipal, mais ne serait-il pas venu l’heure d’exprimer publiquement un regret de ce malheureux évènement et pourquoi ne pas y consacrer un symbole fort à l’entrée de la ville.

Pourquoi pas une œuvre exprimant ce regret, mais aussi, l’espoir et la réconciliation. Une œuvre financée par la ville et le gouvernement du Québec, complice de cette dépossession. Pourquoi pas un concours sanctionné par la Ville et le Conseil de bande dont l’exigence première serait de réunir un artiste autochtone et un non-autochtone ?

Une œuvre qui nous rappellerait l’importance de nos rapprochements. Ensemble pour aller plus loin !

Si les Autochtones ont beaucoup réclamé et continuent de réclamer la reconnaissance de l’histoire, ils ne l’ont pas attendu pour se mettre en mouvement et prendre une place qui, si elle est difficile à définir clairement, s’exprime par toute sorte d’initiatives prometteuses.

La quatrième édition du Grand Cercle Économique Régional des Premières Nations qui s’est tenu à Uashat et Maliotenam les 20 et 21 septembre derniers est une démonstration de cette volonté de prendre une place dans cette sphère combien importante qu’est l’économie.

Les grandes entreprises y étaient toutes bien représentées, tout comme le gouvernement du Québec, le regroupement des Chambres de Commerce et différents acteurs amis de ce développement des Premières Nations. Ceux et celles qui n’ont pas rejoint le mouvement devraient le faire, car cette force économique indéniable est en émergence.

Avis aux intéressés ; les liens avec les communautés autochtones se bâtissent sur la confiance, une confiance qui a été lourdement mise à l’épreuve et qui ne s’accommode pas du superficiel. 

Lors de cet évènement, nous apprenions que cinq groupes ou artistes de la communauté étaient en nomination au gala de l’ADISQ 2023, comme quoi, les Autochtones ont choisi de rayonner à travers leur riche culture et ils s’en sortent plutôt bien.

De plus en plus aussi, ils misent sur l’éducation pour accompagner toutes ces démarches vers la reconnaissance de leur valeur comme individus et comme collectivité, un choix judicieux qui a beaucoup contribué à notre propre épanouissement.

Bref, ce sera toujours un choix collectif et individuel de faire partie de cette page d’histoire qu’est la réconciliation avec les communautés autochtones, ou de choisir la facilité en nous enfermant dans nos préjugés.

Une chose est sûre, partout dans le monde où les gouvernements ont choisi de marginaliser des communautés en les gardant à l’écart pour mieux les asservir, ils en ont payé le fort prix. 

Dans ce parcours vers la réconciliation, il y aura des imperfections, des maladresses et sans doute un peu de résistance, mais nous avons tellement à gagner de part et d’autre qu’il serait bien triste de ne pas s’y intéresser, d’autant plus que nos enjeux communs sont intimement liés à cette capacité que nous aurons de travailler ensemble.

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