Une journaliste intimidée lors d’une séance publique

Par Sylvain Turcotte 10:34 AM - 12 avril 2023
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Une journaliste de Radio-Canada a subi les foudres d’élus municipaux et de citoyens lors de la séance publique du conseil municipal de Saint-Jean-de-Cherbourg. Photo pixabay

Le droit à l’information et à liberté de presse a été entaché lors d’une récente séance publique d’un conseil municipal sur l’autre rive du Saint-Laurent, dans La Matanie. La situation a fait réagir la Fédération professionnelle des journalistes du Québec — Section Est-du-Québec.

Lors d’une séance du conseil municipal de Saint-Jean-de-Cherbourg le 3 avril, une journaliste de Radio-Canada a eu droit à des injures de la part d’un élu, prétextant qu’elle ne pouvait enregistrer la séance publique et qu’elle devait en effacer son contenu.

De plus, des citoyens du village d’un peu plus de 160 âmes l’ont menacé de lui faire perdre son emploi, si elle persistait son enregistrement et à prendre des notes.

La journaliste de la station Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine a rappelé aux gens sur place que la loi permet aux professionnels de l’information d’enregistrer et de diffuser le contenu des échanges lors d’une séance publique d’un conseil municipal.

Les élus et citoyens auraient même avancé qu’elle avait été dépêchée sur place à la demande de l’ancienne directrice générale. La municipalité de La Matanie a été le théâtre de quelques démissions depuis le début de l’année, dont celle de la mairesse et de la directrice générale.

« L’interdiction d’enregistrer une séance publique d’un conseil municipal va à l’encontre du droit du public à l’information. Les journalistes effectuent un travail essentiel en filmant et en enregistrant les assemblées publiques. Leur rôle consiste à fournir aux citoyens tous les éléments d’information pertinents, afin qu’ils puissent forger leur propre opinion », indique la présidente de la section Est-du-Québec de la FPJQ, Johanne Fournier.  

Elle ajoute que les extraits vidéo et d’enregistrement des débats, ainsi que de la période de questions font partie de ces éléments d’information.

« Les élus doivent se rappeler qu’ils ont un devoir de transparence à l’égard des contribuables et que les journalistes agissent comme les témoins de l’intérêt public. »

L’organisation rappelle que contrairement à ce qui a été mentionné par certains élus, un journaliste n’a pas non plus à s’annoncer d’avance et n’a besoin d’aucune invitation pour se présenter à une séance publique. 

« S’en prendre à une journaliste dans une séance municipale publique est inacceptable et contraire aux principes démocratiques les plus élémentaires », s’indigne Michaël Nguyen, le président de la FPJQ.

« Il est déplorable qu’en 2023, il soit encore nécessaire de rappeler le rôle des professionnels et professionnelles des médias qui sont les yeux et les oreilles du public. »