La directrice du CAB Le Virage de Sept-Îles lance un cri du coeur
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La directrice du Centre d’action bénévole Le Virage de Sept-Îles (CAB), Karoline Gilbert, déplore le peu de reconnaissance du gouvernement envers les popotes roulantes qui offrent un service essentiel à la population. Sans cet organisme communautaire qui contribue au maintien à domicile, le système de santé devrait prendre en charge cette clientèle. Pourtant, les enveloppes budgétaires sont insuffisantes pour réaliser leur mission, plaident-elles.
L’augmentation du coût des aliments et des transports, la précarité due à un manque de main-d’œuvre, l’augmentation de la clientèle et le manque de financement figurent parmi les freins rencontrés par les divers organismes à l’offre de services alimentaires de maintien à domicile.
Karoline Gilbert fait tout son possible pour jongler avec le maigre budget octroyé par le gouvernement. Heureusement, des partenaires financiers locaux et des campagnes de financement permettent de voir un peu la lumière au bout du tunnel, afin de garder actif le service essentiel offert à la population septilienne.
Lorsqu’elle qu’elle est arrivée en poste, l’organisme préparait environ une trentaine de repas. Aujourd’hui, on compte plutôt 85 et parfois 95 repas livrés chaque jour.
« Avec tout qui coûte plus cher, on ne peut plus y arriver sans l’aide du gouvernement », dit-elle.
En chiffres
« Ce qu’on reçoit comme popote c’est entre 1,75 $ à 2,25 $ du repas selon l’organisme, mais on aurait besoin de 3,78 $ », dit-elle. « C’est environ 50 % du financement qui nous manque, donc je passe environ 75 % de mon temps à chercher de l’argent. »
La mission subventionnée par le Programme de soutien aux organismes communautaires (PSOC) en lien avec le ministère de la Santé aurait besoin de plus du double.
Le gouvernement offre environ annuellement la somme de 195 000 $ au CAB Le Virage. On ajoute à ce montant les dons offerts par les divers partenaires financiers de la région et des activités de financement réalisées au cours de l’année. Toutefois, la totalité de tous ces montants n’est pas suffisante.
« Juste pour payer mes employés, rien d’extravagant, j’ai besoin de 550 000 $ », dit Mme Gilbert.
La directrice souligne aussi que le prix des plats de services a plus que doublé, en raison de la pénurie de papier qui a fait augmenter le prix des produits utilisés.
« La plupart des restaurants ont augmenté leurs prix, parce que les intrants coûtent plus cher. Si j’augmente mes prix, est-ce que la pension de mes bénéficiaires va suivre ? Non. Nous, ce qu’on veut, c’est d’éviter de diminuer le pouvoir d’achat de nos usagers », dit-elle.
Un rôle essentiel
En plus de livrer des repas sains et nutritifs à faible coût, les bénévoles assurent un rôle de vigie pour les personnes seules, ce qui permet de briser l’isolement. Par le fait même, les livreurs qui constatent des cas inquiétants doivent signaler leurs observations et la directrice avise les personnes concernées pour intervenir.
La popote enlève un stress sur les épaules de bien des gens. Que ce soit une personne seule, en intégration à la vie autonome, ou lors d’une convalescence, la popote assure qu’ils pourront se nourrir adéquatement et facilement. De plus, ce service limite la sous-alimentation qui peut entraîner un déconditionnement physique.
« Le gouvernement nous encense en nous disant à quel point c’est une chance pour eux d’avoir ces services de maintien à domicile et que les popotes roulantes c’est merveilleux. Mais le discours ne suit pas, puisque nous sommes si essentiels, mais de l’autre côté nous sommes sous-financés », clame-t-elle.
La directrice tient à souligner que les personnes qui peuvent rester à domicile grâce à la popote roulante n’engorgent pas le système de santé grâce à eux.
Par exemple, une personne qui subit une opération, mais qui n’est pas en mesure de cuisiner peut rentrer chez elle, puisque le CAB viendra répondre à son besoin. Sans le service, cette personne serait probablement gardée à l’hôpital, ou chez elle, aux risques de se sous-alimenter. Même chose pour une personne âgée qui n’a plus le goût, ou l’énergie nécessaire pour cuisiner qui peut continuer d’habiter chez eux.
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