Québec et Ottawa annoncent l’agrandissement attendu du parc marin du Saguenay-Saint-Laurent

Par Émélie Bernier 12:35 PM - 10 mars 2023 Initiative de journalisme local
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On souhaite que tout l'habitat essentiel du béluga soit inclus dans le parc agrandi. Photo courtoisie Sépaq/Renaud Pintiaux

(Mise à jour) La superficie du parc marin du Saguenay-Saint-Laurent pourrait quadrupler d’ici 2025 afin d’englober l’entièreté de l’habitat essentiel du béluga, une espèce menacée à l’origine de la création du parc en 1998. Les ministres canadien et québécois de l’Environnement, Steven Guilbeault et Benoit Charette, ont fait la route jusqu’à Tadoussac le 10 mars pour annoncer qu’un nouveau tracé du parc sera défini à la suite d’un processus de consultation publique.

L’actuel parc marin, en bleu foncé, ne couvre pas l’entièreté de l’habitat essentiel du béluga, en bleu quadrillé. L’agrandissement permettra d’y remédier. Courtoisie Parc marin du Saguenay-Saint-Laurent.


Évoqué dès la fondation du parc en 1998, l’agrandissement aura mis plus de 25 ans à se concrétiser.
« À la création du parc, on ne connaissait pas l’habitat essentiel du béluga et il y a eu des décisions administratives qui ont fait que le territoire a été coupé en plein milieu du fleuve. On savait dès le départ que ce n’était pas assez grand. Il y avait une demande du milieu de protéger tout l’habitat essentiel du béluga. Les baleines n’ont pas de limite administrative. L’idée s’est matérialisée récemment grâce au comité de coordination », résume la directrice de l’unité de gestion du Saguenay-Saint-Laurent chez Parcs Canada, Nathaël Bergeron.

Courtoisie GREMM.

En décembre dernier, le Comité de coordination du parc marin, une entité reconnue par les deux paliers de gouvernement, avait « soufflé sur les braises » du projet d’agrandissement, rappelle son président Émilien Pelletier.

L’annonce de vendredi est la bienvenue, mais « le temps presse », lance ce dernier en pointant ses cheveux gris.

« Un moment donné, le parc marin, ça fait plus que 20 ans que je m’implique. Là, il n’y a pas de projet, il y a une annonce politique. Il faut construire un projet, faire les audiences publiques. C’est long à organiser, il faut voir s’il y a du chiâlage. Par exemple, la STQ semble vouloir déménager le quai de Rivière-du-Loup à Cacouna. Ça, c’est 600 passages par année dans l’habitat du béluga, ça va être un problème. » Selon les explications fournies par le ministre Guilbeault, les ports seraient exclus du parc, mais il ne s’agit là que d’un des projets qui devront être évalués à travers le prisme de la conservation.

Emilien Pelletier.

Le comité de coordination sera la « cheville ouvrière » du projet d’agrandissement, une expression employée par le ministre Steven Guilbeault.

Émilien Pelletier est à l’aise avec ce mandat. « On travaille entre les deux directions Parcs Canada et Sépaq, et le milieu, ça va rester ça. On va nous montrer les documents, nous demander notre avis. Notre force, c’est qu’on peut écrire à un ministre ou l’autre pour dire si ça marche ou pas. Ce n’est pas un comité environnementaliste ou de pression », résume-t-il.

Rappelons que le parc marin Saguenay-Saint-Laurent est sous la cogestion de la SÉPAQ et de Parcs Canada. Ces équipes auront également du pain sur la planche.

« On le voit en deux temps. On a une équipe qui va travailler sur l’agrandissement, les limites, les consultations, les mesures… Après ça, en 2025, quand le parc va être agrandi, on va évidemment avoir plus de ressources. On ne peut pas opérer un parc quatre fois plus grand avec les ressources qu’on a actuellement. »

De nombreux intervenants assistaient à l’annonce au Centre d’interprétation des mammifères marins de Tadoussac. L’accueil a été plus que chaleureux.

La question du financement a d’ailleurs été posée aux deux ministres.

« Évidemment, c’est clair pour nous qu’il faudra s’assurer que les ressources sont là pour assurer la vitalité du projet », a commenté le ministre Steven Guilbeault, soutenu par le ministre Charette.

Version initiale du texte (10 mars)

Espérée à l’occasion de la COP 15 en décembre, l’annonce de l’agrandissement du parc marin du Saguenay–Saint-Laurent se sera faite attendre quelques mois. Les ministres canadien et québécois de l’Environnement, Steven Guilbeault et Benoit Charette, ont fait la route jusqu’à Tadoussac ce vendredi 10 mars pour annoncer qu’un nouveau tracé du parc sera défini suite à un processus de consultation publique. On souhaite quadrupler la superficie actuelle afin d’englober l’entièreté de l’habitat essentiel du béluga, une espèce menacée à l’origine de la création du parc il y a 25 ans.

« Le travail n’est pas terminé, le béluga est une espèce qui continue d’être menacée, qui diminue en nombre. 40 % de son territoire est couvert et on vise à le couvrir à 100 % pour accentuer sa protection. On parle du béluga, mais 2 200 espèces sont recensées sur le territoire », a commenté le ministre Benoît Charrette.

En décembre dernier, le Comité de coordination du parc marin, une entité reconnue par les deux paliers de gouvernement, avait « soufflé sur les braises » du projet d’agrandissement. Évoquée dès la fondation du parc en 1998, la possibilité d’agrandir était d’ailleurs inscrite dans son plan directeur.

En décembre, Émilien Pelletier, président du comité, avait soutenu que le momentum semblait adéquat pour mener à bien le projet et corriger une erreur de découpage historique.  Rappelons que les limites du parc s’arrêtait au milieu du fleuve.

« Cet agrandissement permet de protéger l’ensemble de l’habitat essentiel du béluga et de son écosystème et aussi de beaucoup mieux protéger l’ensemble des autres espèces de baleines », s’est réjouit M. Pelletier lors de l’annonce.

Selon lui, il ouvrira également la porte au développement de plusieurs nouvelles portes d’accès au parc marin sur la rive sud et aussi à quelques endroits sur la rive nord. « C’est une nouvelle donne pour le récréotouristique avec une meilleure coordination rive sud – rive nord avec de probables investissements pour les accès au fleuve, surtout sur la rive sud », explique-t-il, évoquant notamment la valorisation de l’Île verte et des autres îles du Saint-Laurent.

La Société pour la nature et les parcs n’a pas tardé à réagir. « Il faut applaudir le travail accompli par Parcs Canada et le ministère de l’Environnement du Québec, une collaboration qui a permis de mener à bon port cet important dossier. L’agrandissement du parc marin, c’est un grand pas pour le béluga et un bond de géant pour le Saint-Laurent », a commenté Alain Branchaud, biologiste et directeur général de l’organisation.

« Quelles sont les prochaines étapes? On a la volonté de vous consulter. Le gouvernement du Canada et le gouvernement du Québec,  on a pas mal établi les balises pour les consultations, mais les acteurs au niveau municipal, scientifique, mais également les gens d’affaires qui pourraient avoir des questions auront l’occasion de les poser. On parle de quelque part en 2025 pour officialiser la concrétisation de ce beau projet», a expliqué le ministre Charette.

Emilien Pelletier considère que l’horizon 2025 est assez raisonnable, mais espère qu’on évitera d’allonger le délai. «Il faut construire un projet, il faut faire les audiences publiques, c’est long à monter des audiences publiques. Il faut voir s’il y a du chialage… Par exemple, la STQ semble vouloir déménager le quai de Rivière-du-Loup à Cacouna. Ça, c’est 600 passages par année dans l’habitat du béluga, ça va être un problème.»

Selon les explications fournies par le ministre Guilbeault, les ports seraient exclus du parc.

Le comité de coordination sera la «cheville ouvrière» du nouveau tracé, selon le ministre Guilbeault. «On travaille entre les deux directions Parcs Canada et Sépaq, et le milieu, ça va rester ça. On va nous montrer les documents, nous demander notre avis. Notre force, c’est qu’on peut écrire à un ministre ou l’autre pour dire si ça marche ou pas. Ce n’est pas un comité environnementaliste, ou de pression», résume M. Pelletier.

De nombreux intervenants assistaient à l’annonce au Centre d’interprétation des mammifères marins de Tadoussac. L’accueil a été plus que chaleureux.

« Si vous tâtez les pouls des gens qui étaient ici, des gens de la rive sud, de la région, du Saguenay-Lac-Saint-Jean, de Charlevoix, ce que j’entends, c’est un concert d’enthousiasme et de bonheur. Est-ce que, pendant la consultation, certaines personnes pourront dire « avez-vous pensé à ça », « il faut faire attention à ça », oui,  et l’objectif de la consultation est d’ajuster le tir pour s’assurer que le projet que nous mettrons de l’avant sera le meilleur projet possible. On aimerait quadrupler la taille du parc, mais on veut entendre ce que les différents intervenants ont à dire là-dessus», a commenté pour sa part le ministre Steven Guilbeault.

Les modalités des consultations seront rendues publiques bientôt.

Le parc marin du Saguenay–Saint-Laurent en quelques dates importantes

1988 : Vingt-sept groupes régionaux créent la « Coalition pour le parc marin du Saguenay–Saint-Laurent »

Avril 1990 : Les gouvernements canadien et québécois signent l’entente créant le parc marin du Saguenay–Saint-Laurent

Décembre 1990 : Consultation  publique sur la détermination des limites du parc marin

Avril 1993 : Consultation publique sur la mise en valeur du parc marin

1995 : Premier plan directeur du parc marin du Saguenay–Saint-Laurent présentant pour la première fois au Québec, la démarche conjointe et complémentaire des deux gouvernements pour la mise en place d’un parc marin ainsi qu’une approche novatrice au regard de la participation du milieu à sa gestion par la création d’un comité de coordination.

Juin 1998 : Création du parc. Entrée en vigueur des lois relatives au parc marin

Juin 2001 : Approbation du plan de conservation par le Comité de coordination

Février 2002 : Entrée en vigueur du Règlement sur les activités en mer dans le parc marin du Saguenay–Saint-Laurent

2007 : Publication du Rapport sur l’état du parc marin du Saguenay–Saint-Laurent 

Début 2008 : Consultations publiques sur la révision du plan directeur

Février 2010 : Dépôt du plan directeur révisé présentant les principes, les orientations et les principales actions qui seront mis en œuvre au cours des sept (7) prochaines années.

Juin 2011 : Création de l’Alliance Éco-Baleine

2014 : Désignation de la population du béluga du Saint-Laurent au statut d’espèce en voie de disparitions par le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC)

Janvier 2017 : Entrée en vigueur Règlement sur les activités en mer modifié

 Source : sepaq.com