La santé physique des jeunes en chute libre

Par Maxim Villeneuve 8:00 AM - 12 janvier 2023
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Le même constat est fait au secondaire et au primaire. Photo: Pixabay

En décembre, une étude de l’Université de Sherbrooke révélait que la santé physique des jeunes se dégrade de manière alarmante. La consommation maximale d’oxygène a diminué de 20% depuis les années 1980 chez les adolescents. Même si cette étude n’a pas été réalisée dans la région, un constat similaire est fait sur la Côte-Nord.

« Qu’on soit à Sept-Îles ou à Gatineau, ça fait plusieurs années qu’on voit que la santé des jeunes se détériore, affirme l’enseignante en éducation physique au primaire, Vicky Lalonde. Après à peine trois ou quatre minutes, ils sont essoufflés. »

L’enjeu est le même au secondaire, selon l’enseignant en éducation physique à Manikoutai, Rock Bérubé.

« Il y a encore des jeunes très en forme, mais ce n’est pas la moyenne générale, explique-t-il. Il y en a au moins une dizaine qu’après une minute et demie [d’effort physique] ils arrêtent parce qu’ils ne sont plus capables. »

Il fait faire le test Léger navette, mieux connu sous le nom du test du BIP, à ses étudiants. Lorsqu’il a commencé à enseigner il y a sept ans, la moyenne de cette épreuve était de 8, alors que maintenant c’est plutôt de 5,5.

Ces professeurs jugent que cette situation est inquiétante. «Si ça continue, dans quelques années, on va avoir des adultes avec des problèmes cardiovasculaires à 35 ans », insiste Mme Lalonde.

Au banc des accusés : le mode de vie

Le mode de vie plus sédentaire de la dernière génération est pointé du doigt. « Si on recule de plusieurs années, les enfants étaient actifs de manière beaucoup plus naturelle, rapporte Mme Lalonde. Maintenant, soit qu’ils sont sur leurs écrans ou qu’ils ont une vie très chargée, étant inscrits dans toutes sortes de choses. »

À son avis, il faudrait que les jeunes bougent plus à l’école. Cela leur permettrait de s’habituer à bouger fréquemment et d’intégrer l’activité physique dans leur vie. Dans certains cas, les enfants ne sont pas actifs à la maison, selon l’enseignante. Le cours d’éducation physique devient alors leur seul moment pour bouger dans la semaine.

M. Bérubé a le même souhait. « La meilleure façon d’aller chercher la masse générale, c’est d’avoir plus de cours obligatoires et d’insister sur le plaisir de pratiquer un sport », déclare-t-il.

Les écoles de la Commission scolaire du fer ont comme objectif de faire bouger les jeunes, selon le directeur général, Richard Poirier. « On s’assure que nos établissements offrent au moins 60 minutes d’activité physique par jour. Par exemple, avec des récréations et des corridors actifs », souligne-t-il.

Ce dernier ajoute qu’un effort particulier a été déployé pour diversifier l’offre d’activités sportives.

Changer d’approche

Les deux enseignants consultés ont changé la façon dont ils donnent leur matière afin de s’adapter aux jeunes.

« J’essaie de sortir des sentiers battus dans mes cours. De ne pas juste voir les sports traditionnels et de leur enseigner que l’éducation physique c’est beaucoup plus que ça », relate Vicky Lalonde.

De son côté, M. Bérubé a modifié la manière dont il organise ses cours. Il a remarqué que si les jeunes ne reçoivent pas de directions claires, ils ne bougeront pas.

« C’est une génération qui a besoin de se faire diriger pour faire du sport », précise-t-il. Ce dernier se rappelle qu’au début de sa carrière, les jeunes adoraient les périodes libres et ne prenaient pas de temps à se mettre en action. Maintenant, il voit que ses élèves ne savent pas quoi faire lorsqu’il n’y a pas d’activité d’imposée.

Moins en forme, mais intéressés

Si les enseignants remarquent que leurs jeunes sont moins en forme, du côté du Réseau du sport étudiant du Québec (RSEQ) Côte-Nord, on assiste à une augmentation de la participation. Entre autres, au basketball, où cinq nouvelles équipes ont été créées cette année.

« Ce que je vois sur le terrain, ce sont des jeunes qui sont là, qui sont positifs et qui sont contents d’être sur les plateaux sportifs », témoigne le directeur général du RSEQ Côte-Nord, Eric Boucher.

Celui-ci ajoute que le réseau nord-côtier comporte de nombreuses équipes. Cependant, il remarque que ce sont souvent les mêmes jeunes qui pratiquent divers sports.

Rock Bérubé, quant à lui, insiste que même si les jeunes ont une moins bonne santé physique, il n’a pas remarqué une diminution de l’intérêt parmi ces élèves. « Ils savent que c’est important, mais ils n’ont juste pas appris à le faire par eux-mêmes », déclare-t-il.

Il faudra donc trouver le moyen d’intéresser les jeunes à l’activité physique afin qu’au fil du temps, ils se rebâtissent une bonne santé.

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