Denise Jourdain : une icône de la culture Innue
Enseignante de la langue Innue à Uashat mak Mani-utenam depuis 2003, Mme Jourdain a toujours eu à cœur la préservation de la culture qui est propre à sa communauté. C’est à travers la pédagogie qu’elle mène ce combat depuis près de deux décennies. Retour sur la généreuse entrevue qu’a accordée à notre journal la principale intéressée.
Ayant enseigné à tous les niveaux de la première année du primaire jusqu’à l’éducation aux adultes, Mme Jourdain a été en mesure de constater le cheminement de sa langue maternelle au fil des années. Selon elle, l’arrivée des services de garde en milieu autochtone a donné un coup de pouce à ce dialecte qui se voit menacé.
« Avant les enfants se faisaient garder à l’extérieur de la communauté, donc ils arrivaient à la maison et ne savaient parler que français. L’Innu perdait donc sa place tranquillement. À un certain point je devais mettre une règle à la maison qui forçait les enfants à essayer de parler notre langue. », explique-t-elle.
Passionnée par l’histoire et la culture de son peuple et acharnée sur la préservation de ces lègues, Mme Jourdain est convaincue que la sécurisation culturelle doit passer par des techniques pédagogiques plus traditionnelles et ancestrales.
« Il faut aider les jeunes à renforcir leur sentiment d’identité et la fierté qui s’y rattache. Ça passe par la langue, mais aussi par toutes sortes d’activités traditionnelles. J’organisais des sorties en nature sur le territoire avec les élèves, plusieurs d’entre eux n’avaient jamais vécu ça. C’était magique de les voir en harmonie avec la nature tout en apprenant la langue Innue. », se remémore l’enseignante avec le sourire fendu jusqu’aux oreilles.
« Les mentalités sont aussi différentes chez les enfants autochtones et allochtones, les façons d’apprendre et l’éducation ne sont pas les mêmes. », explique-t-elle.
Des changements nécessaires
Mme Jourdain a accepté de donner son opinion concernant le sondage qui circule présentement et qui interroge la population au sujet du contrôle total du système éducatif par ITUM.
« C’est un début, je suis contente que ITUM veule s’impliquer à ce point pour la sauvegarde de notre culture. En revanche, le secteur éducation ne devrait pas prendre l’entière responsabilité sur ses épaules. L’idéal serait qu’un comité ou qu’une nouvelle branche du conseil de bande affecté à la sécurisation culturelle soit mis sur pieds, car le mandat est trop gros pour être refilé à un secteur déjà surchargé. », fait-elle valoir.
« Un plan de sauvegarde de la culture et de la langue a déjà été mis en place par l’institut Tshakapesh, le travail est donc doublé inutilement avec le sondage. », poursuit-elle.
Une pré-retraite bien méritée
Après toutes ces années à éduquer la relève de sa communauté, Mme Jourdain a ralenti la cadence et enseigne maintenant sa langue maternelle une journée par semaine au Cégep de Sept-Îles dans le cadre d’un programme de traduction et interprétation.
Le perlage, activité traditionnelle, a aussi refait surface dans la vie de la professeure, qui compte bien continuer à honorer cette tradition.
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