Les organisateurs du Festival Innu Nikamu lèvent le drapeau rouge

Par Éditions Nordiques 24 juillet 2017
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À la suite du succès obtenu en 2016, le comité organisateur soulève certaines inquiétudes quant à l’avenir du Festival Innu Nikamu de Uashat Mak Mani-Utenam, qui dispose de moyens parfois limités pour mener à terme sa mission. Malgré tout, une impressionnante programmation a été dévoilée, récemment, pour sa 33e édition.

La participation de Simple Plan à l’édition 2016 fait en sorte que les gens entretiennent aujourd’hui de plus grandes attentes qui ne peuvent pas toujours être comblées par l’équipe du festival. « On a créé un monstre », souligne le responsable des communications de l’événement, Kevin Bacon Hervieux. « Tout avait été parfait. On a fait aucun déficit. Le festival grandit, mais on demeure la même petite équipe avec des moyens limités. »

Ces responsabilités supplémentaires occasionnent une plus grande fatigue chez les organisateurs. « On est à bout de souffle. C’est un mandat lourd à porter. C’est notre santé qui devient vulnérable. On parle ici de stress, d’anxiété. Ce n’est pas à prendre à la légère. On le fait avec tout notre cœur. On est des amoureux de ce festival. On est conscient de l’impact qu’on réussit à avoir dans la communauté et à l’extérieur, enchaîne-t- il. La recherche de financement constitue un véritable casse-tête. À chaque année, on repart à zéro. »

Le manque d’aide gouvernementale étant l’une des causes mises en lumière. « L’investissement public ne représente que 5% de notre budget. C’est trop peu », fait valoir M. Bacon Hervieux. « On a frappé à certaines portes et on a essuyé des refus. Les motifs sont souvent flous. On ne sait pas ce qu’il y aurait à corriger pour y être accessible Ça nous oblige à devoir frapper davantage aux portes de plusieurs entreprises pour avoir des moyens décents. »

L’essence du festival

La musique demeure le centre de ce festival. Elle en est même le cœur. « C’est ce qui réunit les gens. La langue n’est pas un obstacle en soi. Ça vient même parfois créer une certaine magie », soutient le porte-parole. « Ça se vit surtout de l’intérieur. (…) Année après année, on s’assure de maintenir une diversité sur le plan musical. On veut que plusieurs nations y soient représentées. On en fait aussi là l’une de nos préoccupations. Encore une fois, on a relevé le défi haut la main. »

Ce rassemblement constitue un moyen efficace d’initiation à la culture autochtone. « On travaille dans ce sens. C’est ce qui guide nos actions. L’essence de notre programmation est le talent autochtone. Elle est là notre mission première. Aux yeux de plusieurs, on est devenu un festival au sens large avec la venue de Simple Plan, constate-t- il. On a pu prouver qu’on avait de l’ambition et que ça pouvait être viable. »

D’année en année, le Festival Innu Nikamu connaît une popularité croissante. Les gens sont de plus en plus nombreux à s’y déplacer. Cependant, ses organisateurs constatent que le fait qu’il se déroule dans une réserve autochtone constitue en soi un frein. « Certaines personnes n’osent pas s’y déplacer. Ça relève trop souvent d’une méconnaissance qu’elles entretiennent. On continue à tort de croire que c’est une beuverie, alors que nous sommes un festival sans alcool », déplore-t- il.

Son équipe souhaite aussi pouvoir maintenir les coûts d’accès au site abordables pour que le maximum de gens puisse prendre part aux festivités. « Il serait légitime de le faire si l’on se fie à la programmation qu’on vient de dévoiler. Cependant, la plupart des membres de la communauté n’ont pas d’emploi, soulève-t- il. On ne veut pas que l’argent soit un frein à leur participation. C’est une fête que l’on fait avant tout pour eux. »

Une programmation variée

Parmi les têtes d’affiche de cette 33e édition, on retrouve Zachary Richard, Florent Vollant, Claude McKenzie, Joey Stylez, Black Bears Singers, Red Rockers & Carsen Gray, Eadsé, Taktika, Innutin et Keven Landry,Sly Mestokosho et les artistes d’une récente résidence de création réalisée en collaboration avec le Festival en chanson de Petite-Vallée.

On estime que plus de 10 000 personnes ont assisté au spectacle de Simple Plan lors de son édition 2016. Une foule record dans toute l’histoire du Festival Innu Nikamu.