Fin de l’accord sur le bois d’œuvre: Incertitude sur la Côte-Nord

Par Éditions Nordiques 19 octobre 2016
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La fin de la période de grâce d’un an, le 12 octobre, qui mettait un terme à l’accord sur le bois d’œuvre entre le Canada et les États-Unis amène son lot d’incertitude sur l’industrie forestière de la Côte-Nord, alors que nos voisins du Sud pourraient exiger le printemps prochain une surtaxe de 20 à 25% sur les exportations de bois canadien.

L’industrie forestière s’attend à une autre longue chicane entre le Canada et les États-Unis devant les tribunaux commerciaux depuis que le précédent accord sur le bois d’œuvre a pris fin l’an dernier. La période de grâce d’un an, respectée par les deux parties, n’a pas permis à ceux-ci d’en arriver à une nouvelle entente.

Le Canada souhaite un régime de libre-échange pour le bois d’œuvre du Québec, mais les producteurs américains disposent d’un droit de veto en déposant une plainte devant les tribunaux commerciaux, comme L’Organisation mondiale du commerce (OMC). «À partir du moment où la plainte est déposée, il n’y aura pas de différences du jour au lendemain. La terre va continuer de tourner, mais ça créer de l’incertitude», a expliqué Michel Vincent, économiste au Conseil de l’industrie forestière du Québec.

On devrait savoir en mars si les entreprises forestières canadiennes devront subir une barrière tarifaire de 20 à 25% sur leurs exportations aux États-Unis, ce qui pourrait avoir un impact important de ce côté-ci de la frontière. «Il n’y a pas une entreprise de sciage au Québec qui peut être profitable avec une barrière tarifaire de 20 à 25%», laisse tomber l’économiste Michel Vincent.

La Côte-Nord précaire

Selon lui, l’industrie forestière sur la Côte-Nord est plus «précaire» en raison de ses coûts de production plus élevés. Produits forestiers Résolu, le Groupe Rémabec et Boisaco avait d’ailleurs cessé leurs activités plusieurs semaines en 2015 pour mettre de la pression sur le gouvernement québécois en raison d’un coût de la fibre plus élevé dans la région.

Une vingtaine de mesures opérationnelles et financières ont depuis été mises en place pour réduire le coût de la fibre affecté par l’épidémie de tordeuse de l’épinette, l’éloignement des peuplements, les fortes pentes et la faible dimension des arbres. Si les coûts d’opération sont plus élevés sur la Côte-Nord, la qualité de son produit est recherchée sur les marchés d’exportation. «C’est sûr que les scieries en opération sur la Côte-Nord sont plus précaires que les scieries situées plus près des marchés et à un coût d’opération plus bas», affirme Michel Vincent.

Pas de l’avis de Résolu

Un point de vue qui n’est pas partagé par le porte-parole de Produit forestier Résolu, Karl Blackburn. «On ne peut pas l’interpréter comme ça. Une chose est claire, c’est que si les Américains instaurent une barrière tarifaire, ça va avoir un impact pour toute l’industrie forestière. Mais ce n’est pas en fonction d’une région par rapport à une autre», explique-t-il. Selon lui, la Côte-Nord n’est pas plus vulnérable face à une barrière tarifaire en raison de la crise forestière de l’été 2015. L’industrie espère qu’un programme de garantie de prêt sera instauré par le gouvernement fédéral pour donner un peu d’air aux entreprises le temps que le dossier chemine devant les tribunaux.

Inquiétudes à Port-Cartier

La mairesse de Port-Cartier, Violaine Doyle, manifeste «sa vive inquiétude» quant aux impacts de ce nouveau conflit commercial. Elle rappelle que 175 travailleurs ont un emploi «bien rémunéré» à l’usine Arbec, en plus des 150 postes en forêt. La députée de Manicouagan, Marilène Gill demande au gouvernement fédéral «de se tenir debout pour l’industrie forestière québécoise et de prévoir des mesures d’aide». Le Groupe Rémabec n’a pas voulu commenter, considérant qu’il est «encore trop tôt pour évaluer les impacts» de ce conflit commercial.

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