Incendies forestiers en Minganie : Le rapport Morneau soulève des lacunes en situation de protection civile

Par Fanny Lévesque 16 octobre 2014
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Rendu public discrètement la semaine dernière, le rapport Morneau sur les incendies forestiers en Minganie montre du doigt les intervenants du ministère des Ressources naturelles (MRN) qui «n’avaient pas une bonne connaissance des différents mandats» de leur ministère en situation de protection civile. Le rapport fait aussi état de système de communication déficient entre les autorités concernées.

Le document préparé à la demande de la ministre des Ressources naturelles de l’époque, Martine Ouellet, met en évidence que les procédures, toujours en matière de sécurité civile, «n’étaient pas à jour» au MRN. Le rapport soulève que pour ce qui est de «la structure interne» du ministère, «la pression médiatique, créée à la suite d’une part, des feux de la Baie-James, puis par l’évacuation de Baie-Johan-Beetz, s’est transformée en «difficultés opérationnelles.»

De plus, Guy Morneau s’intéresse aux relations entre le MRN, la SOPFEU et le ministère de la Sécurité publique. Le rapport met en évidence que le cadre d’intervention entre les ministères «ne semble pas être clair et partagé», ce qui entraîne «un certain flottement dans la prise de décision visant à intervenir ou non en situation de feu de forêt de sécurité publique», peut-on lire dans le document déposé en mars 2014.

Le rapport cible aussi une série de «facteurs aggravants» de la situation en Minganie, allant des conditions météorologiques à la tragédie de Lac-Mégantic. L’été 2013 «défie l’imagination» quant à l’étendue et l’ampleur des feux de forêt au nord du 51e parallèle, soulève-t-on. L’analyse rapporte de plus, des lacunes dans les communications, ce qui a eu pour résultat de ne pas informer adéquatement la population.

Point de départ
Les incendies forestiers de la Minganie pourraient bien devenir le point de départ d’un vaste plan national de protection civile et de gestion des feux de forêt majeurs, applicable à tout le Québec, recommande Guy Morneau, qui préconise d’abord la création d’un plan semblable pour le territoire nordique, notamment en raison de son développement rapide et des changements climatiques. Un plan national pourrait suivre pour «boucler la boucle pour l’ensemble du territoire québécois».

Ce plan national, s’il est mis de l’avant, constituerait une «avancée majeure vers une prise en charge des risques associés aux feux de forêt et un message clair aux différents acteurs, concernés par les feux, de la nécessité de travailler ensemble à réduire les risques.»

Le rapport évoque aussi la création d’un plan de relance de la Côte-Nord, qui subit encore les contrecoups des incendies sur ses activités économiques par la perte totale d’une trentaine de chalets et d’une pourvoirie, dans le secteur de Baie-Johan-Beetz.

Le ministère de la Forêt, de la Faune et des Parcs n’a pas donné suite à nos demandes d’entrevue. En juillet, un an après les incidents, on confirmait néanmoins que les mesures de protection des forêts jusqu’au 55e parallèle avaient été bonifiées. La SOPFEU a aussi eu le mandat d’intervenir si un feu s’approche à moins de 30 kilomètres d’une localité au nord du 51e parallèle, ce qu’a d’ailleurs recommandé le rapport Morneau.

(Photo : archives – Le Nord-Côtier)

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