Port de Sept-Îles: Un quai bientôt prêt, mais toujours pas d’accès

Par Fanny Lévesque 30 mai 2014
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En marge de son Assemblée générale annuelle, le Port de Sept-Îles a ouvert les portes du chantier de construction de son quai multiusager, qui sera livré dès cet été. L’imposante infrastructure de 220 millions $ placera les installations septiliennes parmi les plus compétitives du monde. Seul nuage à l’horizon : l’accès des joueurs miniers, qui ont payé la moitié de la facture, est toujours incertain.

Le Port de Sept-Îles avait convoqué ses utilisateurs et partenaires à son Assemblée générale annuelle, jeudi. L’année 2013 aura principalement été marquée par le mise en branle du plus «important chantier de son histoire», le plus grand au Canada, celui du quai multiusager. Pas moins de 126 millions $ ont été dépensés l’an dernier pour la construction du quai, qui aura une capacité annuelle de 50 millions de tonnes.

«L’année 2013 en a été toute une», a laissé tomber le président-directeur général du Port, Pierre D. Gagnon, en ouverture de l’activité. Et 2014 promet d’être aussi intense aux dires du PDG, avec l’achèvement du quai, qui devrait être mis en service à la fin de l’année. «2014 constituera aussi un marqueur d’importance pour le Port, soulignant le 15e anniversaire de la gestion locale», a-t-il ajouté.

Infrastructure de classe mondiale
Le futur quai multiusager comporte d’impressionnantes proportions avec un quai d’approche long d’un demi-kilomètre et un quai principal de 400 mètres de long. Sa profondeur de plus de 20 mètres en fait d’ailleurs le plus profond des quais appartenant au Port de Sept-Îles. L’infrastructure sera équipée de deux chargeurs d’une capacité de 8000 tonnes à l’heure, ce qui permettra entre autres, à des minéraliers de type Chinamax d’accoster au quai.

Quelque 700 travailleurs, dont 70% provient de la région, ont contribué aux travaux exécutés en 2013.

Ombre au tableau
Mais à l’aube de la livraison du quai, le Port tente d’en venir à une entente avec Cliffs Natural Resources pour désenclaver le secteur Pointe-Noire et donner accès aux installations portuaires. Cinq nouveaux joueurs miniers ont payé 110 millions $ pour expédier leur production via le futur quai multiusager et n’ont toujours pas la certitude de pouvoir l’utiliser.

Les parties ne s’entendent pas notamment, sur la vente de terrains appartenant à la minière américaine. Les négociations sont au point mort et l’affaire se trouve devant les tribunaux depuis maintenant bientôt un an. Cliffs demanderait trop, selon ce qu’a expliqué au Journal, le président de l’administration portuaire, Carol Soucy. «Nous évaluons les demandes de Cliffs à 5-6 milliards $, pour l’achat du terrain, mais aussi en droits de royauté», a-t-il confirmé après l’assemblée générale annuelle.

Des rails accessibles aussi
Le Port convoite des terrains, mais souhaite encore plus donner l’accès aux chemins de fer appartenant à Cliffs, situés dans le même secteur. C’est que les nouvelles minières prévoient emprunter le chemin de fer de QNS&L du nord vers Sept-Îles. Ensuite, elles devront inévitablement utiliser les rails de Cliffs pour se rendre au quai multiusager.

«Même si on s’entend pour la vente du terrain qu’on veut, il va rester toute la question de l’accès à ces terrains pour nos usagers, via les chemins de fer», a mentionné M. Soucy. Le Port a d’ailleurs adressé ce printemps une requête à l’Office des transports du Canada pour que les portions de voie ferrée soient accessibles à tous. Le dossier est à l’étude. «Ça nous inquiète c’est sûr, mais on a bon espoir de le régler», a ajouté avec optimisme le président.

Québec s’est aussi immiscé dans l’affaire en mandatant le ministre Jacques Daoust pour dénouer l’impasse. Le gouvernement a déjà rencontré l’autorité portuaire, mais n’a pas encore approché la minière.

Cliffs veut reprendre les discussions
Présente à l’assemblée, Cliffs a dit souhaiter à en arriver à une entente «gagnante pour toutes les parties», mais a concédé que «les négociations ont cessé d’être productives.» En ce sens, la minière a salué les implications du maire de Sept-Îles et du gouvernement. «Cliffs a toujours négocié de bonne foi», a exprimé la porte-parole, Arlène Beaudin. «Nous souhaitons d’ailleurs reprendre les discussions.» La minière n’a toutefois pas voulu commenter les montants qu’elle réclame dans cette transaction.

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