50 ans de journalisme: La piqure de Jean-Guy Gougeon

20 novembre 2013
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Ça fait 50 ans que Jean-Guy Gougeon vit au rythme du métier de journaliste. «Tu sais l’heure à laquelle tu commences, mais jamais celle à laquelle tu finis», résume-t-il. Même s’il est retraité, on peut encore le lire fréquemment. «Je quitte la fonction, mais pas la profession», avait-il dit au moment de tirer sa révérence, en 2008.

Aussi longtemps que sa santé lui permettra, M. Gougeon entend bien continuer d’écrire. «Je travaille à mon rythme à moi. J’ai le temps de fouiller et puis j’ai un réseau de contacts qui remonte à Mathusalem», a-t-il lancé avec humour, lors d’une rencontre avec le Journal.

Du textile à la plume
Âgé d’une vingtaine d’années, l’équivalent d’un secondaire 4 en poche, employé d’une usine de textile à Valleyfield, il avait à l’époque une seule idée en tête. «Quand je suis rentré là, je suis rentré avec un objectif : en sortir», a-t-il assuré. Pas question pour lui de passer sa vie dans cette usine, qui était tout sauf une source de motivation à travailler.

Il choisit donc de faire un cours en journalisme, dans une école privée de Montréal. Parallèlement à ses études, Jean-Guy Gougeon commence à la pige au Soleil du St-Laurent, un hebdo qui couvrait les régions de Valleyfield, Beauharnois et Châteauguay. Ensuite, il y a eu la Gazette de Valleyfield, jusqu’au jour où le téléphone a sonné. «Un bon matin, la réceptionniste m’indique que j’ai un appel à retourner à Sept-Îles. Elle me dit : mais où est-ce que c’est ça», a raconté Jean-Guy, tout sourire.

Après avoir cherché sur une carte sa destination, il a roulé en voiture jusqu’à Sept-Îles, où il est débarqué pour la première fois en février 1968. Il a été directeur de l’information au journal L’Avenir pendant à peine neuf mois, avant de retourner dans son patelin natal. «J’ai eu un accident d’auto et j’ai failli perdre mon gars qui avait cinq semaines. Ma première femme, dans le temps, n’avait pas aimé Sept-Îles. L’accident a été l’élément déclencheur de notre retour», a expliqué M. Gougeon.

Pour de bon
N’ayant jamais perdu contact avec ses collègues septiliens, il décide de prendre congé et de leur rendre visite, un beau jour de mai 1973. Il n’est jamais reparti. «J’avais toujours gardé Sept-Îles en tête. Je voulais m’en retourner à Sept-Îles». Il appréciait particulièrement l’effet que les nouvelles avaient sur les lecteurs. «Sept-Îles te donnait le sentiment de pratiquer un journalisme responsable. Tu ne faisais pas juste un alignement de mots, ça avait un impact. Dans des régions polarisées par Montréal, l’impact est moins fort…», a-t-il noté.

D’ailleurs, parmi les événements marquants de sa carrière, Jean-Guy Gougeon se rappellera toujours de la marche de 1987, qui avait fait sortir 7 000 personnes dans les rues de Sept-Îles. Elles revendiquaient le droit au crédit d’impôt en investissement, comme les autres régions de la Côte-Nord. Jean-Guy Gougeon était responsable des communications sur le comité organisateur du rassemblement. «Quand tu dis que tu réussis à sortir le tiers de ta population pour une marche, il faut le faire. C’est l’événement qui a été le plus marquant pour moi.»

Autres temps, autres mœurs
Jean-Guy Gougeon fait le constat suivant : désormais, deux générations le séparent de certains journalistes sur le terrain. La mentalité n’est plus la même qu’autrefois. En 2013, on se préoccupe davantage de sa qualité de vie, a-t-il fait remarquer. «Je comprends ça, c’est normal, mais ça fait en sorte qu’ils vont pratiquer leur métier un certain nombre d’heures et ensuite, ils vont dire c’est assez. Moi, je n’ai jamais eu cette préoccupation-là. On avait besoin de moi à 2h du matin, j’y allais. Je devais être quand même au bureau à 7h le lendemain matin, j’y étais…J’avais la piqure», a-t-il affirmé, les yeux brillants.

Les techniques de travail aussi ont beaucoup évolué à travers sa carrière. «Quand j’ai commencé, on travaillait au dactylo à la mitaine. Ensuite, on est passé au dactylo électrique, pour aller après vers l’ordi. Quand je dis ordi, je parle des disquettes», s’est remémoré M. Gougeon. «Aujourd’hui, tu le fais et c’est direct. Internet a beaucoup facilité les choses», a-t-il souligné.

Jean-Guy Gougeon a participé à la création du journal Le Nord-Est en 1978, en investissant pour être coactionnaire de la publication. Il y a été, de plus, le premier directeur de l’information jusqu’au jour de sa retraite en 2008.

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