Fin du courrier aux portes: Une annonce qui manque de respect selon le Syndicat

12 Décembre 2013
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Postes Canada a pris par surprise les facteurs de partout au pays en annonçant mercredi, la fin de la distribution aux portes d’ici cinq ans. La Société d’État procèdera à la coupure d’entre 6 000 et 8 000 postes, principalement au moyen de l’attrition. À Sept-Îles, plus de 8000 portes sont desservies par le courrier. Les 19 facteurs septiliens ont été rencontrés par l’employeur qui ne prévoirait aucune perte d’emploi.

Par contre, les trois départs à la retraite prévus d’ici les cinq prochaines années ne seront pas remplacés. Le représentant syndical des travailleurs et travailleuse des postes (STTP) à Sept-Îles, Berthold Hamilton, déplore la manière dont les employés ont appris la nouvelle. «On l’avait tous entendu hier [mercredi] aux nouvelles et ce matin [jeudi], nous l’avons su officiellement. Je trouve que c’est de l’improvisation», a dénoncé le représentant syndical.

Les médias ont été avisés avant la plupart des travailleurs, un geste difficile à comprendre pour M. Hamilton. «Quand je sais que des collègues l’ont appris par des clients… Je trouve que c’est un manque de respect envers les employés», a-t-il martelé.

Mise en place complexe
Le syndicat craint notamment la gestion de la mise en place et de l’entretien des futures boîtes postales. «Ça va être une grosse affaire», a lancé Berthold Hamilton. «D’abord, ça prend l’autorisation des municipalités pour installer les boîtes. C’est Postes Canada qui les fournit, mais ce sont les municipalités qui les entretiennent. Je ne pense pas qu’ils n’aient approché encore aucune municipalité pour ça. Ils doivent aussi s’acheter une flotte de véhicule pour qu’on puisse se rendre à ces boîtes-là», a-t-il fait valoir.

La réduction des services auprès de la clientèle à mobilité réduite est un autre point qui préoccupe les travailleurs de la poste. «J’ai beaucoup de retraités sur mon itinéraire, qui n’ont pas de famille en ville et que le contact qu’ils ont dans la journée avec quelqu’un, c’est quand on passe. Ils ne l’auront plus. Certains sont à mobilité restreinte… Je ne dirai pas tout ce que je pense, mais je trouve ça insultant, autant pour les employés que pour la population», a dit M. Hamilton, visiblement exaspéré.

Une solution critiquée
Pour le député fédéral néodémocrate de Manicouagan, Jonathan Genest-Jourdain, les mesures annoncées par Postes Canada ne viendront pas régler les problèmes financiers de la Société d’État. «Ce n’est sûrement pas en réduisant les services et en augmentant les tarifs qu’ils vont réussir à sauver Postes Canada, d’une manière ou d’une autre. Véritablement, il faudrait ajuster les services, informatiser le tout, moderniser les opérations. C’est ce qui devrait être mis de l’avant plutôt que des coupures et des annonces négatives», a-t-il affirmé au Journal.

Le député s’inquiète aussi de la manière dont l’annonce a été faite auprès des employés et de la population. «Ils sont passés par les médias et ça n’a pas été mis de l’avant pendant la session parlementaire. C’est une tactique lorsqu’on veut essayer d’éviter le plus possible le débat et que ça fasse l’objet de discussions puis qu’on étudie le tout en comité. C’est une manière détournée de mettre un bâillon sur tout ça», a-t-il dénoncé. M. Genest-Jourdain assure qu’il y de fortes chances que le sujet soit débattu en chambre, au retour en janvier.

Le représentant syndical des travailleurs et travailleuses de la poste à Sept-Îles, Berthold Hamilton, déplore que les médias aient appris la nouvelle avant les employés. (Photo : Le Nord-Côtier)

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