Blocus au chantier Romaine : Les Innus demandent 75 M$

Par Mathieu Morasse 28 novembre 2018
Temps de lecture :

Les Innus de Nutashkuan bloquent le chemin d’accès du chantier de la rivière Romaine.

Un groupe de 35 à 40 Innus de Nutashkuan bloque la route menant aux chantiers des barrages de la rivière Romaine pour réclamer 75 M$ à Hydro-Québec. Près de 750 travailleurs seraient coincés sur le chantier.

La communauté autochtone de Nutashkuan est située près de Natashquan, sur la Côte-Nord, quelque 1 000 km au nord-est de Québec.

Depuis 2009, Hydro-Québec construit un complexe hydroélectrique de 1 550 MW sur la rivière Romaine, au coût officiel de 6,5 milliards de dollars. Les quatre centrales et leurs réservoirs sont situés au nord de Havre-Saint-Pierre, sur le territoire ancestral de Nutashkuan.

Les Innus ont bloqué le chemin d’accès au chantier vers 10h mercredi matin après l’échec de négociations avec Hydro-Québec.

« Il n’y a rien qui passe. Tout est fermé sauf les urgences, l’ambulance, la police et les pompiers. On va tenir le blocus tant et aussi longtemps qu’Hydro-Québec et le gouvernement du Québec ne règleront pas ce dossier », tonne le directeur général du Conseil de bande de Nutashkuan, Daniel Malec.

Un campement était érigé à proximité depuis le 20 novembre pour protester contre l’interrogatoire d’un de leurs membres par des agents de la faune au chantier de Romaine-4.

Serge Abergel, chef média chez Hydro-Québec, souhaite « la levée immédiate du blocus et un retour à des échanges constructifs ». Il voudrait minimalement que les travailleurs aient la possibilité de quitter le chantier.

Bois inondé

Les autochtones accusent la société d’État de ne pas respecter une entente de déboisement conclue en 2008. Ils exigent de pouvoir déboiser la totalité du territoire qui sera inondé par le réservoir de la centrale Romaine-4.

Daniel Malec estime qu’Hydro-Québec essaie d’épargner 150 M$ en ne faisant pas déboiser tout le territoire. Le conseil de bande demande la moitié de cette somme en dédommagement pour compenser les pertes d’emplois et d’opportunités d’affaires.

« Ils nous rient dans la face. Ils ne respectent pas les ententes. C’est fini pour nous autres de se faire manger la laine sur le dos », tempête-t-il.

Blocus à répétition

Un premier blocus avait déjà eu lieu en 2015. Selon Hydro-Québec, les parties avaient alors convenu de ne pas déboiser une portion du réservoir de Romaine-4 dont le bois est trop petit pour être commercialement rentable.

Hydro-Québec aurait aussi versé 6 000 000 $ en compensation aux Innus pour compenser la perte de profit estimée par les Innus.

« Il est très difficile pour Hydro-Québec de tolérer d’être à répétition la cible de blocus qui visent à renégocier des enjeux pour lesquels on a déjà conclu des ententes dans le passé », déplore Serge Abergel,

Les travaux continuaient sans trop de perturbation au chantier mercredi. Hydro-Québec envisage toutefois d’évacuer le chantier dans les prochains jours si aucun règlement n’intervient.

La société d’État envisage aussi de s’adresser aux tribunaux pour obtenir une injonction ordonnant la levée du blocus.

Partager cet article