Un camp de jour sur les saines habitudes de vie à Nutashkuan

Par jacobbuisson 10:15 AM - 5 juillet 2024 Initiative de journalisme local
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Marianne Lefebvre anime un atelier de cuisine à Nutashkuan. Elle offre aussi des conseils sur son blogue : mariannelefebvre.ca

Un camp de jour de trois jours incluant cuisine, relaxation et sports a récemment eu lieu à Nutashkuan dans le cadre du programme du principe de Jordan.

Le but du camp, piloté par le Centre de santé et services sociaux Tshukuminu Kanani, est de favoriser les saines habitudes de vie pour que les jeunes aient une bonne santé nutritionnelle, physique et mentale. 

Marianne Lefebvre, nutritionniste, a participé à l’organisation du camp de jour. Elle a offert des ateliers de cuisine pour développer chez les jeunes un intérêt pour la cuisine santé avec des aliments non transformés. Pour cette deuxième édition, les groupes ont notamment pu cuisiner des raviolis chinois aux champignons. 

La nutritionniste favorise l’apprentissage en groupes plutôt qu’en consultations individuelles, car ça fonctionne très bien dans les communautés autochtones.

« Les communautés autochtones sont des sociétés collectivistes. Les gens prônent ce qui se fait en collectivité », évoque-t-elle. Elle donne en exemple une anecdote qu’elle a vécue. Des amies innues sont allées dormir chez elle et qu’elle était fière d’avoir une chambre pour chacune d’elles. Au matin, toutes les chambres étaient vides sauf une. Elles avaient déplacé leurs matelas pour dormir toutes ensemble dans la même chambre. « Elles m’ont dit : « on est bien comme ça, on est habituées à dormir toutes dans la même tente. Dans nos maisons, on dort plusieurs dans la même chambre », raconte-t-elle en riant. 

Mme Lefebvre indique que certaines activités du camp incluaient un aspect interculturel, comme c’est le cas avec le mets qu’elle a aidé à préparer. Il y a aussi eu une activité de danse africaine et une séance de yoga.

« Les sociétés interculturelles sont plus innovantes. La créativité, l’innovation et le bien-être sont plus élevés dans ces sociétés », justifie-t-elle. Elle est aussi heureuse d’avoir eu la participation de huit jeunes allochtones au camp. 

D’autres activités étaient de tradition innue. Par exemple, une aînée de la communauté a organisé une activité d’utilisation de plantes médicinales. Le camp de jour a aussi offert une randonnée en forêt et un atelier de cuisine de bannique. 

Finalement, certaines activités étaient plus occidentales, comme le volleyball et le soccer.

Il y a aussi eu des ateliers de gestion de la colère et de l’anxiété.

Marianne Lefebvre note l’importance de ces activités à Nutashkuan. « Chez les jeunes sur la communauté, comme un peu partout sur la planète, il y a une grande augmentation au niveau de l’anxiété et des crises d’angoisse », mentionne-t-elle. 

Le principe de Jordan en action

Le programme du principe de Jordan est constitué grâce à une indemnisation du gouvernement fédéral. Il est en place pour faire face au sous-financement historique du Canada dans la protection de la jeunesse autochtone. Ainsi, une douzaine de spécialistes se côtoient pour améliorer les services aux jeunes, de 0 à 18 ans, pour rétablir l’injustice historique.

Avant la création du programme, les services aux jeunes étaient presque tous à l’extérieur de Natashquan, explique Manishan Ishpatao, coordonnatrice du programme. Les jeunes devaient se rendre à Havre-Saint-Pierre ou à Sept-Îles.

Maintenant, l’équipe de spécialistes développe des services sur différents enjeux, dont la dépression, le développement de l’enfant et les troubles de langage. Elle collabore avec les écoles innues et québécoises ainsi qu’avec les garderies. De cette façon, l’équipe s’assure que les jeunes mangent bien, bougent suffisamment et qu’ils ont le soutien nécessaire pour leur épanouissement.

Pour l’édition 2025, Mme Ishpatao aimerait bonifier la programmation pour l’offrir sur une semaine.

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