Chronique de Réjean Porlier ǀ Mes vœux pour la nouvelle année !

Par Réjean Porlier 12:40 PM - 8 janvier 2024
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Parade de Miss America. Photo iStock

Parade de Miss America. Photo iStock

Lorsqu’Emy-Jane m’a parlé d’écrire un texte pour exprimer mes vœux pour la nouvelle année, mon premier réflexe fut de me dire que ça ne marchait pas ces histoires de vœux. Si les candidates à Miss América ne sont pas arrivées à obtenir la paix dans le monde, alors qu’elles l’ont à peu près toutes souhaitée, quel souhait aurait de réelles chances d’obtenir l’attention du génie.

À regarder ce qui se passe autour de nous : catastrophes naturelles à répétition, guerre en Ukraine et à Gaza, popularité de l’extrême droite, possible réélection de Donald Trump etc, soit les vœux ne fonctionnent pas, soit le génie dort au gaz, soit il s’est trompé de bouteille et depuis, il nage dans l’alcool et tente de mettre la main sur son alcootest.

Enfin, parce qu’Emy-Jane je l’aime bien et que les vœux, ça fait partie de notre héritage, un peu comme le sapin, avant qu’on nous les interdise parce qu’ostentatoires, je veux bien me prêter à l’exercice. Après tout, on n’en est pas à un vœu près et il restera toujours la pensée positive pour faire contrepoids à tous ces malheurs… et quelques cierges naturellement.

Les vœux, c’est comme l’église, avec la moralité en moins, il faut y croire sans questionner et accepter les ratés, comme s’il y avait de bons et de mauvais génies. Si ce n’était pas de gaspiller un vœu, je souhaiterais une église dépourvue de richesse matérielle, histoire de la rendre crédible, même en 2024. N’empêche, il fallait du génie pour rendre les pires atrocités acceptables au nom de la religion… un peu moins pour s’en laisser convaincre ! 

Restons dans le thème… je nous souhaite pour 2024 moins d’hypocrisie. Que voulez-vous, je n’en peu plus de ces promesses vides pour être élu ou réélu ou ré-réélu. J’imagine déjà la prochaine élection provinciale, où on cherchera la faiblesse des études pour justifier le report du pont sur le Saguenay, nous disant comprendre notre impatience en répétant l’importance des régions.

Bullshit ! Et si j’intervenais directement à la source et souhaitais plutôt que nous soyons moins naïfs collectivement, car la naïveté est le terreau de l’hypocrisie et Dieu seul sait comment naïf nous pouvons être lorsque se pointent les élections. Vous m’excuserez, mais on a ce qu’on mérite ; lorsqu’on encourage nos politiciens à dire n’importe quoi, parce que c’est ce qu’on souhaite entendre, rapidement, ils en abusent au point de dire une chose et son contraire.

Moins de ci, moins de ça, ça ne fait pas trop positif et après tout, on ne fait pas des vœux pour se démoraliser. Alors, allons dans le plus ! Je nous souhaite plus d’humanité, donc… moins de guerres et de conflits… maudits réflexes, encore dans le moins ! Plus d’humanité tout près de nous d’abord : laisser tomber les préjugés, les procès d’intention pour simplement aider et faire la différence dans la journée d’une personne et peut-être même dans sa vie. Moins d’énergie dans les prétextes pour ne rien faire et plus d’action en misant sur les petits gestes tout simples et réconfortants.

L’humanité, c’est contagieux, voire addictif et ça fait du bien. S’ouvrir aux autres, c’est accepter de s’oublier un peu, ce qui n’est pas simple lorsque depuis notre naissance, on nous répète à quel point on est important. Si les familles nombreuses étaient à l’époque le résultat d’une pression énorme sur les femmes pour qu’elles peuplent nos grands espaces, sans trop se soucier de leur propre volonté ou même de leur santé, les enfants ne naissaient pas petit roi. Ils apprenaient rapidement l’importance de la communauté et de l’entraide. Aujourd’hui, tout ça est très abstrait pour plusieurs d’entre eux, à qui on a répété qu’ils étaient le centre du monde.

L’entraide n’est plus un réflexe et une nécessité, mais un apprentissage laissé au libre arbitre de tout un chacun. Faut-il se surprendre si le narcissisme fait autant d’adeptes et de ravages. L’entraide est une valeur sûre qui prend sa force dans les tempêtes et les moments difficiles, une valeur qu’il faut tout de même entretenir pour mieux traverser les épreuves. Garder contact avec le bénévolat est sans aucun doute la meilleure façon d’en assurer la vitalité. Il nous appartient comme parents et comme société de maintenir cette flamme bien allumée.

Bon, il doit bien me rester deux vœux ! J’ai certes quelques bons souvenirs et quelques raideurs matinales qui militeraient pour un retour de quelques années en arrière, mais je n’ai pas de regret, du moins dont je puisse vous parler et je ne crois pas beaucoup dans notre capacité d’introspection, alors nul besoin de recommencer. Je pense que notre nature profonde nous amènerait à refaire les mêmes erreurs. Donc, voici mes deux derniers vœux :

Je souhaite qu’en 2024, le désenclavement de la Côte-Nord ne soit plus un vœu, mais une réalité, alors que l’appel d’offres pour la construction d’un pont sur Saguenay soit lancé et que nous ayons enfin en main un échéancier pour l’achèvement de la route 138 jusqu’à Blanc-Sablon. (vœu pieux)

Finalement, je vous souhaite à toutes et à tous, de très joyeuses fêtes et une année 2024 tout en santé et pleine de ces petits moments qui font qu’on aime la vie !

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