Aluminerie Alouette s’attend à payer plus cher pour son électricité

Par Emy-Jane Déry 4:36 PM - 7 juin 2023
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Le président et chef de la direction d'Aluminerie Alouette, Claude Gosselin, lors du panel aluminium du Conseil des relations internationales de Montréal. Photo courtoisie

Le président et chef de la direction d’Aluminerie Alouette, Claude Gosselin, a affirmé que l’entreprise s’attendait à payer éventuellement plus cher pour son tarif d’électricité, lors d’un panel aluminium du Conseil des relations internationales de Montréal, mercredi. 

Le coût d’approvisionnement en électricité des alumineries du Québec est déterminé en fonction du prix de l’aluminium. Ça fonctionne avec des contrats à partage de risque. 

Sur une longue période, on s’attend à ce qu’elles paient parfois plus et parfois moins que le fameux tarif L, qui est en moyenne d’environ 5 cennes/kWh. 

Dans le contexte de la décarbonisation des alumineries, on estime qu’elles obtiendront un meilleur prix auprès des acheteurs mondiaux. Le gouvernement Legault aimerait que cette « prime verte » impacte leur tarif d’électricité. 

« On s’attend à payer plus, principalement parce qu’on souhaite que le prix sera plus haut. On privilégie les contrats à partage de risque, donc c’est sur la base de la santé de l’industrie et nous avons besoin d’une industrie en santé », a déclaré Claude Gosselin, président et chef de la direction d’Aluminerie Alouette. 

L’entreprise représente 325 M$ de retombées annuellement sur la Côte-Nord. Elle offre aussi 2 500 emplois à Sept-Îles. 

« On est dans une région qui a besoin d’Alouette et ça a beaucoup de retombées », a affirmé M. Gosselin. 

Entre 2008 et 2022, une quarantaine d’alumineries ont fermé leur porte dans le monde, principalement en Europe et aux États-Unis. Les nouvelles capacités de production de la Chine y sont pour beaucoup. On a surnommé le phénomène le « cimetière des alumineries ».  

« Le prix de l’énergie doit tenir compte du marché. Il nous a fait passer à travers les années difficiles », a martelé M. Gosselin. « Ce qu’on voit en avant, c’est que la structure de coût monte, puis qu’on va payer plus cher. En 2022, nous avons payé plus cher que le tarif L », a affirmé le PDG. 

« On a besoin de ça pour garantir les investissements. On a besoin de savoir si on pourra opérer en 2030-35-40, si on veut investir aujourd’hui et avancer », a-t-il poursuivi. « Les discussions sont importantes pour le Québec et pour notre industrie. Je suis convaincu qu’on va trouver une voie de passage pour assurer l’avenir de tout ça. » 

Décarbonisation 

Parmi les cinq actionnaires d’Alouette, certains s’affairent à développer la technologie Elysis. Un nouveau procédé « révolutionnaire » qui permettrait la production d’aluminium sans gaz à effet de serre directe, tout en produisant de l’oxygène. 

La décarbonisation à la cote sur les marchés mondiaux. Certains clients sont prêts à payer une prime pour avoir de l’aluminium vert, d’autres à ne simplement plus acheter celui qui ne l’est pas. 

Pour rester compétitives, les alumineries du Québec devront entrer dans la danse. 

« On est proche de la limite de ce qu’on peut faire avec la technologie actuelle », a affirmé Claude Gosselin, qui est aussi président du CA de l’Association de l’aluminium du Canada. « Les gains dans la technologie actuelle sont rendus minimes. »

Pour y remédier, il faudra des investissements majeurs, croit-il. 

« Des breakthrough technologiques qui vont amener à une autre étape », a-t-il dit. « Ça va prendre beaucoup d’investissements et des entreprises en santé, compétitives qui sont en mesure d’investir. » 

Les actionnaires d’Aluminerie Alouette mettent de la pression pour qu’elle tienne compte de cette réalité verte dans ses plans de développement stratégique. Elle a en place trois comités : décarbonation, efficacité énergétique, puis scientifique pour soutenir les différents projets de recherches. 

« Nous sommes en action, mais nous sommes au début d’un processus qui va amener des résultats dans les années à venir, mais il faut commencer tout de suite », a dit M. Gosselin.