Les traversiers : un frein au tourisme sur la Côte-Nord

Par Vincent Rioux-Berrouard 10:00 AM - 1 juin 2023
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Avec les nombreux déboires qu’ils ont connus dans les dernières années, les traversiers de la Côte-Nord sont une source d’inquiétude pour le développement de l’industrie touristique.

La directrice de Tourisme Côte-Nord, Joannie Francoeur-Côté, est claire à ce sujet. L’enjeu principal pour attirer les touristes dans la région est l’accessibilité. 

« Les gens doivent parcourir de grande distance pour venir sur la Côte-Nord, donc quand les traversiers ont mauvaise presse, c’est certain que ça peut freiner les touristes », dit-elle. « Le voyage sur la Côte-Nord tourne beaucoup autour d’un road trip de plusieurs centaines de kilomètres, alors quand tu n’es pas certain que ton traversier va traverser, c’est problématique », ajoute-t-elle.

De son côté, la Coalition Union 138, qui milite pour un Pont sur le Saguenay, croit que la qualité du service de traverse nuit au développement économique de la Côte-Nord, dont le secteur touristique.

« Prenons l’exemple d’une jeune famille qui a fait une réservation pour aller faire du zodiac à Tadoussac, mais tu arrives à la traverse et il y a deux heures d’attente. C’est sûr que c’est un frein pour cette industrie qui est en croissance », indique le porte-parole de la Coalition Union 138, Guillaume Tremblay.

Les difficultés de transport sont un enjeu bien connu à l’île d’Anticosti. « C’est une logistique venir à l’île d’Anticosti, que ce soit par avion ou par bateau », affirme la mairesse de l’endroit, Hélène Boulanger.

Avec le projet de faire d’Anticosti un site du patrimoine mondial de l’UNESCO, la mairesse croit que l’île attirera encore plus l’attention des touristes, mais encore faut-il qu’ils puissent s’y rendent. 

Des solutions

Alors que pour plusieurs les traversiers peuvent nuire à attirer des touristes, en Minganie, c’est plutôt grâce à ce moyen de transport qu’on veut développer l’industrie et du même coup, désenclaver Anticosti. Le Port de Havre-Saint-Pierre travaille sur un projet de traverse entre la Minganie et la Gaspésie, en passant par l’île d’Anticosti. La création de cette route maritime créerait une boucle touristique entre la Gaspésie et la Côte-Nord.

« Il y a 750 000 touristes qui visitent annuellement la Gaspésie. Si on prend seulement 10 % de ses gens qui voudraient revenir par la Côte-Nord en faisant la boucle, on doublerait le nombre de touristes en Minganie », estime Odessa Thériault, directrice générale du Port de Havre-Saint-Pierre.

Le traversier serait en service de juin à la mi-novembre. Cet intervalle couvrirait la période touristique, mais aussi celle de la chasse. Les amateurs de cette activité pourraient ainsi se rendre à Anticosti.

Une autre solution pour favoriser l’accès à la Côte-Nord est bien sûr la construction d’un pont sur le Saguenay. Le fait de réduire le temps d’attente au traversier, en particulier en période touristique, est un argument en faveur de l’infrastructure, selon M.Tremblay. Il ajoute que le pont en soi pourrait être un attrait touristique. Il donne l’exemple du Golden Gate à San Francisco, ou du pont de la Confédération à L’Île-du-Prince-Édouard, qui attirent les touristes.