Changements climatiques: les stations de ski doivent prévenir

Par Émélie Bernier 8:00 AM - 1 février 2023 Initiative de journalisme local
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La Station de ski Gallix. Crédit Sébastien St-Jean

Selon une étude commandée par l’Association des stations du Québec (ASSQ), les premiers gels pourraient arriver environ deux semaines plus tard en 2050 qu’aujourd’hui. La perte d’une dizaine de précieuses journées d’opération pourrait être difficile à encaisser pour les plus petites stations de la province.

Le gel est, rappelons-le, une condition essentielle à la production de neige artificielle dans les centres de ski du Québec, non seulement pour assurer un début de saison hâtif, mais également pour allonger la saison au printemps, en créant une couche de fond substantielle. Pour plusieurs stations de ski, des investissements importants sont à prévoir afin d’adapter les systèmes d’enneigement aux nouvelles réalités climatiques.

« La politique du ski remonte à 1983. À cette époque-là, le ski a connu une croissance avec des nouvelles stations et l’implantation à large échelle d’installations pour la fabrication de neige. Mais aujourd’hui, 40 ans plus tard, elles ont encore les mêmes installations, des équipements désuets qui consomment énormément d’énergie et elles ne seront pas immunisées contre le réchauffement », indique Yves Juneau, directeur de l’ASSQ.

Aucune région ne sera épargnée, estime-t-il. « Les études démontrent qu’on a des enjeux du côté sud du fleuve, au sud de la province, mais n’empêche! Tout le monde est à risque. Les changements climatiques ne feront pas de différence, que vous soyez privés ou petits, au nord ou au sud. »

D’où l’importance d’agir en amont. « Les études disent que si on ne prend pas de mesures pour atténuer les impacts des changements climatiques, on va perdre entre 7 et 10 jours d’exploitation annuels d’ici 2050. Les petites stations ont 56 jours de moyenne, alors si on en enlève 10, ce n’est plus viable et elles risquent de disparaître. Ça, il ne faut pas que ça arrive! », martèle-t-il.

« En perdant des stations, on affaiblit l’attractivité de chaque région, ça fait partie de la qualité de vie. Ça fait partie de garder les gens actifs l’hiver. Y’a des retombées économiques et sur la santé globale. Chaque jour ski est important! », lance M. Juneau.

Les investissements paveront la voie d’un avenir florissant, estime le directeur de l’ASSQ.

« La pandémie a relancé la popularité du ski. Faut garder cet élan-là. Avec la technologie, on peut garantir la qualité du ski dans nos stations dans le futur, et ce, même si on a des changements climatiques. Qui plus est, on va pouvoir attirer une clientèle des États-Unis. Au Vermont, au New Hampshire, ça va devenir difficile, le ski. Ça devient un avantage compétitif pour que le Québec se démarque davantage », conclut-il.

Qu’en est-il de la Station Gallix?

Loïs Babin est directeur de la Station de ski Gallix, durement éprouvée par une tempête en 2021. « On a eu notre déluge, qui nous a coûté 2,5 M$, et on n’a pas eu de saison 2021-2022. Si le chalet neuf ne venait pas juste d’être construit, c’était la clef sous la porte» rappelle-t-il.

Forte d’une toute nouvelle remontée moderne « bonne pour 30 ans », la station, une OBNL, connaît un bon début de saison. Mais pas question de s’asseoir sur ses lauriers. « Nos canons ont 40 ans et sont très désuets. Cette année, on en a qui ont quasiment rendu l’âme. La tuyauterie tient de peur… », lance M. Babin.

Les investissements prioritaires sont évalués à environ 5 millions « pour assurer une pérennité à la montagne », indique le directeur qui inclut dans ce montant entre 5 à 10 canons à neige, le renouvellement des deux surfaceuses, l’amélioration et le remplacement de certains systèmes dont l’éclairage. Idéalement, la station se munirait d’une seconde remontée, pour éviter de devoir fermer en cas de bris majeur.

« C’est sûr qu’il y a des subventions, mais on est plus petit et on n’est pas une station touristique. On espère ne pas être oublié. Dans la région, c’est un attrait pour les travailleurs! Il y en a qui vont dire, avez-vous telle ou telle chose, mais le ski, ça revient souvent! »

Pour Yves Juneau, directeur de l’Association des stations de ski du Québec, « il n’y a pas de petites stations». « Selon nous, les petites stations sont cruciales à la santé de l’industrie. Elles assurent que le ski est présent partout au Québec», lance-t-il. Il entend les doléances des plus petites qui craignent de se faire damer le pion, et les subventions, par les grandes. L’ASSQ, rappelle-t-il, représente tant les stations de plus petite envergure que les géants.

« On ne fait pas les représentations que pour les grandes, on a une bonne écoute du côté du gouvernement et je pense qu’ils comprennent quand on parle d’infrastructures de loisirs, qu’il faut élargir du côté des infrastructures municipales. Baie Comeau, Sept-Îles, il faut que ce soit soutenu autant que dans des grands centres touristiques! », conclut-il.

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