Mirka et Vicky Boudreau figurent parmi la crème des entreprises au féminin

Par Sylvain Turcotte 6:00 AM - 10 février 2022
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Mirka et Vicky Boudreau, deux cousines, presque « sœurs », deux femmes entrepreneures qui s’entraident. Photo courtoisie

Elles sont cousines, mais on pourrait presque dire qu’elles sont des sœurs. Elles ont été élevées ensemble durant près de dix ans. Elles sont aujourd’hui deux femmes entrepreneures prospères. Mirka et Vicky Boudreau, la première pour Int-Elle Corporation à Sept-Îles, la seconde pour Bicom à Montréal, figurent à nouveau au Palmarès des entreprises au féminin du magazine Premières en affaires.

C’est la deuxième année que la Septilienne Mirka Boudreau, présidente-directrice générale d’Int-elle Corporation, se retrouve sur ce tableau. Pour Vicky, chef de la direction et partenaire fondatrice de Bicom, c’est une troisième présence consécutive.

Les deux femmes se réjouissent de voir leur entreprise figurer au Palmarès des entreprises au féminin.

« C’est génial. On voyait toujours les mêmes modèles. On trouve ça encourageant que la liste s’allonge. Il y a aussi beaucoup de repreneuriat, des filles qui reprennent les entreprises de leurs parents », diront Mirka et Vicky, qui n’en sont pas à leurs premiers honneurs, s’étant notamment succédé comme finalistes aux Mercuriades, en 2019 pour la première, un an plus tôt pour la seconde.

Ce qui rend fières aussi les deux Boudreau, c’est que ce palmarès n’est pas un concours auquel on peut s’inscrire. « Ç’a donc une valeur plus forte, c’est valorisant. Pour nos familles, ils voient ce qu’on fait, que nos affaires marchent. C’est une reconnaissance qui démontre qu’on a pris de bonnes décisions. »

Une autre fierté pour Mirka s’ajoute sur le fait qu’elle soit la plus jeune entreprise dans la catégorie 5 à 10 M$. Elle s’attend d’ailleurs à grimper dans l’autre tranche pour l’an prochain, soit 10 à 50 M$, si elle apparaît une fois de plus au palmarès.

Pareilles, mais différentes

Au-delà de la présence de Mirka et Vicky Boudreau au Palmarès des entreprises au féminin, il y a deux entrepreneures qui se ressemblent sur certains points, même si elles évoluent dans des secteurs et des marchés différents. C’est aussi deux personnes qui se vouent une grande admiration une envers l’autre. L’entretien du Nord-Côtier avec elles leur a permis de prendre le temps de regarder l’arrière du chemin parcouru, mais qui elles sont comme entrepreneures.

D’où vient ce côté entrepreneure?

M.B. « Je le suis devenue par ricochet. J’étais tannée de travailler pour les autres. Sans les parents de Vicky, je ne serais peut-être pas entrepreneure aujourd’hui. Son père a été mon modèle masculin. Enfant, quand on me demandait ce que je voulais faire comme métier, je répondais que je voulais être joueuse de bingo. Je pensais que c’était un travail. »

Vicky soutient que Mirka peut compter sur tout le bagage d’expériences qu’elle a acquis avant Int-elle.

V.B. : « Ça part de la cour chez nous à Havre-Saint-Pierre. J’ai toujours vu mon père partir à l’aventure pour la pêche. Il a été un des premiers à se lancer dans la pêche au crabe. J’ai toujours su que j’allais travailler à mon compte un jour. » Toute jeune, Vicky vendait ses jouets au parc Iberville.

Bachelière en gestion de production de la mode à l’UQAM, Vicky a fait son stage en communications dans le milieu de la mode. Elle s’est rapidement associée à Marie-Noelle Hamelin. Les deux femmes sont à la tête de Bicom depuis 15 ans.

Qu’est-ce que vous aimez d’être une entrepreneure?

M.B. : « Avoir les mains sur le volant, être en contrôle des décisions et aller à ma vitesse. Il y a aussi la liberté de gérer mon temps, même si… Mais ce que j’aime surtout, c’est le fait de créer quelque chose. Je ne suis pas là pour faire de l’argent, mais pour bâtir une entreprise pour qu’elle devienne plus grande et créer des emplois. »

V.B. : « La liberté de faire ce qui me passionne, de choisir où je mets mon énergie, de partir de nouveaux projets, de choisir avec qui je m’entoure. Une fois que tu as goûté à ça, c’est difficile de faire autre chose. Je n’ai pas de boss, mais je suis redevable à mes employés, aux clients et aux fournisseurs. Jamais je punch à 5h (17h), c’est du 24/7. »

Comment vous décrivez-vous comme entrepreneures?

M.B. : « Je suis fofolle. Vicky est plus structurée. J’aimerais bien avoir ce côté d’elle. Les deux, on est très sociable. On s’entraide pour nos réseaux, on se demande toujours conseil et c’est une personne avec qui je partage ma vie entrepreneuriale. Vicky aime plus l’humain que moi. Je suis une fonceuse, c’est tout le temps All in pour moi. Je peux devenir millionnaire ou tout perdre. Je suis partie sans argent. J’ai toujours trouvé des façons de m’en sortir. Je n’ai pas d’orgueil. Je n’ai pas peur de dire que je me suis plantée. »

Mirka dit avoir appris le boulot en Amérique latine. « Je vois toujours deux coups d’avance. Je suis plus agile que d’autres entrepreneurs. Moi, je suis en développement alors que d’autres sont opportunistes. »

Vicky lancera que Mirka est moins peureuse qu’elle, qu’il n’y a rien à son épreuve. « Moi je calcule les risques, mais elle, elle bouge vite. »

V.B. : « Je suis une fille visionnaire, branchée sur la prochaine tendance, qui veut concrétiser ses idées. » Elle dit s’inspirer en lisant des livres sur la psychologie et la business. Elle admire également le parcours de Lise Watier qui « a réussi par elle-même et qui redonne toujours. »

Vicky est d’ailleurs ambassadrice de la campagne de financement pour la fondation de Mme Watier, qui vise à ce que les femmes puissent être autonomes financièrement. « C’est une mission qui vient me chercher. »

Les deux Boudreau trouvent également très important de redonner à leur communauté.

Quelles sont vos ambitions, celles de votre entreprise?

M.B. : « Devenir mentor pour les jeunes femmes qui ont de bonnes idées entrepreneuriales, mais qui ne savent pas par où commencer. Moi j’ai eu la chance d’avoir des partenaires qui m’ont fait confiance. Pour Int-elle Corporation, c’est l’acquisition d’une usine de fabrication au Mexique, l’intégration des services d’Int-Elle Mexico au Canada pour pallier à la pénurie de main-d’œuvre et aussi un premier contrat en cours au Chili. Il y a aussi l’élargissement du marché en Amérique latine. »

V.B. : «Je veux continuer de faire évoluer mon entreprise, mais aussi avoir un impact sur d’autres personnes. Je compte aussi travailler pour que la loi sur l’égalité des femmes dans le monde change et faciliter l’entrepreneuriat aux femmes. »

Pour BICOM, elle espère l’ouverture d’un bureau aux États-Unis d’ici trois à cinq ans et que celui de Toronto grossisse.

Vicky ira d’ailleurs en mission commerciale à la fin mars à Vegas, une approche initiée par Investissements Québec.

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