Élections municipales : les résidents de Uashat Mak Mani-Utenam ont la qualité d’électeur, selon la loi  

Par Éditions Nordiques 13 octobre 2017
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Yves Rock, de Mani-Utenam, souhaite être «la liaison» entre blancs et Innus à l’Hôtel de Ville.

Résident de Mani-Utenam et ancien élu du conseil de bande, Yves Rock, se présente comme conseiller municipal dans le district Moisie-Les Plages face à la conseillère sortante Louisette Doiron-Catto et l’ancien élu Claude Lessard.

Les Innus demeurant sur les réserves de Uashat et Mani-Utenam ont «la qualité d’électeur» et peuvent donc «se porter candidats» aux élections municipales de Sept-Îles, explique la greffière et présidente d’élection, Valérie Haince.

Yves Rock espère «être la liaison» entre les deux communautés s’il est élu conseiller à l’Hôtel de Ville de Sept-Îles. Le candidat constate que les Blancs et les Innus ont parfois «de la misère à s’entendre entre eux». «C’est comme si on avait peur de se parler», dit-il.

Celui qui habite Mani-Utenam et qui a siégé au conseil de bande durant les années 1990 et de 2008 à 2011 estime qu’il y «a bien des affaires où l’on est connecté ensemble». Yves Rock donne l’exemple des demandes de la Ville auprès du ministère des Transports pour repaver le Chemin des Forges, utilisé par les Innus de Mani-Utenam.

Il souhaite également que l’aéroport soit acquis par la municipalité et le conseil de bande, comme il avait été envisagé il y a une vingtaine d’années lorsque le fédéral a cédé ses infrastructures aéroportuaires. Maintenant que l’aéroport est remis à neuf, l’acquisition coûterait moins cher qu’à l’époque et les élus auraient plus de pouvoir décisionnel pour baisser le coût des billets d’avion, estime M. Rock.

Une question de loi

C’est le Directeur général des élections (DGEQ) qui produit une liste électorale permanente. Cette liste est ensuite révisée «en coresponsabilité» avec les présidents d’élection de chaque municipalité québécoise, explique Julie St-Arnaud Drolet, porte-parole au DGEQ.

Le président d’élection doit ensuite faire parvenir un avis public d’élection à chaque électeur. C’est le fameux carton vous invitant à voter au bureau de scrutin près de chez vous. Une période de révision est aussi prévue par la loi, par exemple pour les gens récemment déménagés.

Le ministère des Affaires municipales a le pouvoir de changer, ou modifier la Loi sur les élections et les référendums. Le DGEQ est pour sa part l’organisme gouvernemental qui applique cette loi. La loi «ne nous permet pas d’exclure les Autochtones», explique la présidente d’élection, Valérie Haince. «Au contraire, le DGEQ l’encourage. S’ils ont la qualité d’électeur, ils peuvent être candidats.»

Payer des taxes n’est pas un prérequis

Même si les Innus ne payent pas de taxes foncières municipales, Mme Haince précise que ce n’est pas un prérequis pour avoir le droit de vote au municipal. Il faut plutôt «être domicilié» sur le territoire de la ville. Par exemple, un locataire ou bien l’enfant du propriétaire d’une résidence qui habitent toujours chez ses parents auront le droit de vote.

«Oui, on ne paye pas de taxes foncières [les Innus], mais si je vais magasiner à Place de Ville, chez BMR, chez Canadian Tire… On contribue à l’économie de Sept-Îles, 80% de mon salaire retourne à la ville», affirme Yves Rock.

Le candidat espère faire sortir le vote chez les Innus. «On est 1 700 électeurs, si je suis capable d’aller en chercher la moitié, ce serait bon.» Une entrevue est diffusée depuis mercredi sur la radio communautaire CKAU et une publicité le sera prochainement. M. Rock n’appuie pas l’un des deux candidats maire «pour l’instant». Il affirme vouloir «les écouter» sur «comment ils veulent développer» le secteur.

Joint par TVA Nouvelles, le candidat Claude Lessard a réagi positivement à la candidature d’Yves Rock, alors que Louisette Doiron-Catto n’a pas voulu commenter. «Ils sont électeurs, certains se sont prévalus de leur droit de vote au cours des dernières années», a-t-il affirmé en onde. «Les Innus ont ce droit-là. Un droit reconnu. Que de dire de plus?», a affirmé le maire sortant Réjean Porlier dans ce reportage.

Changement demandé

C’est depuis 1997 que le DGEQ a adopté cette façon de procéder, explique Valérie Haince. Auparavant, la municipalité faisait un recensement pour établir la liste électorale. Le conseil de ville de Sept-Îles a depuis adopté deux résolutions demandant au gouvernement québécois une modification législative à la Loi sur les élections et les référendums «pour qu’on ne soit plus devant cette situation-là», mentionne Mme Haince.

Yves Rock précise que le conseil de bande a lui aussi contesté cette loi pour que les Innus n’aient plus la qualité d’électeur, mais «c’est juridiquement impossible», affirme-t-il. Il y aura deux bureaux de vote dans le district Moisie-Les Plages, l’un aux plages et l’autre à la salle Wilfrid-Galienne.

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