«Je désire rentrer chez moi», clame un Septilien en attente d’une place en hémodialyse

Par Éditions Nordiques 12 octobre 2017
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Jean-Louis Dubé a hâte de reprendre une vie normale près de ses proches.

Le Septilien Jean-Louis Dubé attend depuis près de trois mois une place en hémodialyse près de chez lui. Depuis juillet, il se fait traiter pour son insuffisance rénale à Québec, alors qu’il y a présentement de la place pour quatre patients à Sept-Îles. Après avoir déposé une plainte, M. Dubé devrait finalement obtenir sa place d’ici les prochains jours, ce que la députée de Duplessis, Lorraine Richard, trouve néanmoins «inacceptable».

«Depuis le 12 juillet dernier, j’ai été admis à l’Hôtel-Dieu de Québec et je ne connais toujours pas la date à laquelle je pourrais rentrer chez moi à Sept-Îles», affirme Jean-Louis Dubé dans une plainte déposée le 4 septembre à la commissaire aux plaintes et à la qualité des services du CISSS de la Côte-Nord, Manon Bourgeois.

En septembre 2016, l’urologue de Jean-Louis Dubé a diagnostiqué chez lui une forme de cancer au rein droit, ainsi qu’une insuffisance rénale sévère. Le Septilien s’est donc retrouvé en salle d’opération, le 14 juillet dernier à l’Hôtel-Dieu de Québec, pour l’ablation de son rein droit. Il a par la suite commencé le jour même des traitements de dialyse en raison de son insuffisance rénale.

Depuis ce temps, M. Dubé n’est jamais revenu dans son condo à Sept-Îles même si sa santé «est excellente» et qu’il a obtenu son congé d’hôpital le 20 juillet. En attendant, il loge à l’hôtellerie de l’Hôtel-Dieu de Québec, moyennant des frais. Le Septilien a finalement eu la confirmation, de la part de la commissaire Bourgeois le 5 octobre, que son cas devrait être réglé au cours des prochains jours.

Traitement essentiel

L’homme de 76 ans n’a pas le choix d’être traité en dialyse trois fois par semaine pour sa propre survie à raison de quatre heures chaque fois. Malgré cette contrainte, il se considère autonome. «Ma santé est excellente. Je sors, j’ai marché deux heures hier. Ça prend une discipline de vie, mais on peut faire une vie normale et agréable (dans cette condition).»

Jean-Louis Dubé a fait le choix de recevoir ses traitements de dialyse au lieu de le faire à la maison (dialyse péritonéale). «Quand mon char est brisé, je l’emmène au garage. Quand je suis malade, je l’emmène à l’hôpital. J’ai perdu ma conjointe. Il faut être deux pour le faire à la maison de façon sécure», explique le Septilien. Les risques d’infection sont élevés lors d’un traitement de dialyse.

Réaménagement d’horaires

Le CISSS de la Côte-Nord ne commente pas les dossiers de la commissaire aux plaintes et rappelle que celle-ci est indépendante de la direction. Le centre d’hémodialyse de Sept-Îles peut accueillir 16 patients. Présentement, 12 usagers y sont traités, mais le CISSS doit recruter deux infirmières supplémentaires pour que le centre fonctionne à pleine capacité.

Le CISSS a «interpellé dernièrement» la partie syndicale, selon Nathalie Savard, présidente du SISSNEQ, le syndicat représentant les infirmières à l’hôpital de Sept-Îles, concernant le besoin d’infirmières formées en hémodialyse à Sept-Îles. «Il y a une plainte. Je comprends maintenant», a lancé la présidente.

Le conseil d’administration du CISSS de la Côte-Nord a proposé au SIISNEQ un réaménagement d’horaire qui permettrait d’offrir les services en hémodialyse à sa pleine capacité sans devoir former deux infirmières à Québec durant six semaines au coût de 32 000$ chacune.

Le centre de santé est présentement en attente d’un vote syndical sur le sujet. «On a dit à l’employeur qu’on est très ouvert, mais on veut que ce soit fait correctement. On va s’assurer que nos infirmières travaillent dans de bonnes conditions de travail», a mentionné Nathalie Savard.

«En ce moment, je suis, comme d’autres usagers, pris en otage parce que des problèmes de gestion du personnel tardent à être réglés», affirme Jean-Louis Dubé dans sa plainte, ajoutant qu’il a «hâte de retrouver une vie plus normale». M. Dubé déplore le fait que s’il n’avait pas fait de plainte, «on n’aurait pas entendu parler de ça». En attendant, le Septilien garde le moral malgré tout.

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Lorraine Richard déplore une mauvaise gestion du budget

Selon la députée de Duplessis, Lorraine Richard, le cas de Jean-Louis Dubé est «inacceptable». Elle pointe du doigt les choix budgétaires du CISSS de la Côte-Nord.

«Le dossier de l’hémodialyse, je le traite depuis le début de mon mandat», affirme la députée. Le service d’hémodialyse a été annoncé en juillet 2009 par le ministre de la Santé de l’époque Yves Bolduc. Malgré cette belle victoire, Lorraine Richard a constaté des «problèmes de ressources» depuis, soit par manque de budget, soit parce qu’il «ne mette pas le budget au bon endroit».

«On a un problème parce qu’ils font (la direction du CISSS) des choix budgétaires et qui payent au bout? Et bien c’est le patient. Avec la centralisation et les coupures, on se rend compte qu’il n’y a plus personne qui est responsable», critique Mme Richard. «Ce n’est pas vrai quand je travaille pour emmener des services essentiels en région que par après, on n’ait pas les moyens de les offrir.»

 

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