Campagne de prévention: Uashat mak Mani-Utenam s’attaque à l’intimidation

Par Éditions Nordiques 14 février 2017
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En plus d’adopter un logo pour cette campagne de prévention, le 5 à 7 de lancement qui a eu lieu le 27 janvier à l’école secondaire Manikanetish comportait la conférence d’un spécialiste en interventions psychosociales en milieu autochtone, Pierre Picard.

Préoccupé par une hausse de l’intimidation et de la cyberintimidation au sein de sa communauté, le secteur de l’éducation du conseil de bande de Uashat mak Mani-Utenam (ITUM)  vient de lancer une campagne de prévention à cet effet.  Une problématique sociale qui vient compromettre la réussite scolaire des élèves et qui peut mener éventuellement au décrochage.

Sous le thème «L’intimidation en personne ou en ligne c’est non. J’ai le droit d’être moi», cette première action résulte d’une importante préoccupation quant aux conséquences pouvant découler de l’intimidation et de la cyberintimidation. «On a décidé en septembre d’en faire notre thème. On y songeait depuis plusieurs années. On avait reçu plusieurs témoignages de jeunes qui nous ébranlaient. On veut pouvoir en arriver à mettre en place des actions plus soutenues», indique la directrice du secteur de l’éducation d’ITUM, Vicky Lelièvre.

Un climat toxique qui constitue en soi une importante barrière à la capacité d’apprentissage de certains élèves. «Dans un contexte d’intimidation, les jeunes ne sont pas disposés à recevoir un enseignement. Ça touche directement à leur motivation. Ça provoque du désespoir. Il peut en résulter un suicide, soulève-t-elle. C’est une douleur de vivre qui devient parfois insoutenable pour eux. Comme adulte, on se doit de réagir.»

Des actions nécessaires

La mise en place d’un tel programme faisant en sorte que les écoles autochtones se joignent aux écoles non autochtones qui ont déjà l’obligation de se doter d’un plan de lutte à cet égard en vertu de l’article 8 de la Loi sur l’instruction publique du Québec. «L’école et la communauté ont un rôle important à jouer. Les situations d’intimidation doivent être dénoncées en tout temps. On ne peut qu’en sortir gagnant de mieux déployer nos efforts. Pour ce faire, ça prend des balises claires» affirme-t-elle.

À une ère où la liberté d’expression est parfois utilisée à mauvais escient, Vicky Lelièvre croit fermement qu’il est essentiel de bien en comprendre ses fondements. Elle se dit inquiète de cette montée de l’intolérance et du racisme qu’elle observe autour d’elle. «À la base, chacun a droit à sa dignité et au respect de ces croyances, insiste-t-elle. Tout ça relève directement des droits de l’Homme. Un mouvement doit se faire pour que ce soit mieux encadré sur les médias sociaux. Les débordements sont constants.»

Un tel contexte implique le développement d’outils concrets mis à la disposition du personnel dans les écoles et des parents pour lutter efficacement contre l’intimidation et la cyberintimidation. «Il n’y a pas qu’un profil de victime. Personne n’en est à l’abri, soutient-elle. L’intimidation résulte très souvent d’une différence. Elle est la cause d’une réelle méconnaissance. Il y a des recours possibles.»