Suicides à Uashat: Les travaux de l’enquête se poursuivent

Par Fanny Lévesque 14 juin 2016
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La tante de Charles Junior Grégoire-Vollant, Annie Vollant, a livré un poignant témoignage.

Les travaux de l’enquête publique du coroner sur la vague de cinq suicides qui a frappé Uashat mak Mani-Utenam l’an dernier a repris mardi au palais de justice de Sept-Îles avec l’audition du cas de Charles Junior Grégoire-Vollant, 24 ans, qui s’est enlevé la vie en février 2015.

La tante de ce dernier, Annie Vollant, a livré un témoignage poignant confiant que sa famille avait tout particulièrement été touchée par la problématique du suicide avec un nombre impressionnant de neuf cas, depuis les années 1990. La mère du jeune homme, Marie-Marthe Grégoire, 46 ans, est aussi passée à l’acte après le décès de son garçon. Son cas doit d’ailleurs être examiné mardi après-midi.

Charles Junior Grégoire-Vollant a été décrit par ses proches comme étant un garçon timide, aux prises avec des problèmes de consommation de drogues et d’alcool. Il se trouvait au cœur d’une séparation difficile au moment des tristes événements. Tous les témoins ont confié qu’il s’ennuyait énormément de son seul fils, qui demeurait à Schefferville.

«Gestes concrets»

L’avocat du conseil Innu Takuaikan Uashat mak Mani-Utenam (ITUM) et représentant de quatre des cinq familles touchées, Me Jean-François Bertrand, ne s’attend à rien de moins qu’à des «gestes concrets» de Québec et Ottawa au terme de l’exercice.

«On va avoir le coroner et son rapport, mais je m’attends à ce que les gouvernements y donnent suite de façon concrète et non avec de belles grandes paroles en l’air», a-t-il affirmé lundi, en marge du jour un de la première phase des travaux qui se tiennent jusqu’à vendredi.

Le conseil ITUM a déjà fait valoir une série de demandes pour éviter de revivre un drame comme celui de 2015, où cinq membres de la communauté de quelque 4 000 âmes se sont enlevé la vie, le pire bilan en 20 ans. Le chef, Mike McKenzie, sera entendu dans la seconde partie de l’enquête, du 27 au 30 juin. À cette étape, divers intervenants liés à la problématique du suicide témoigneront devant le coroner.

Tristes récits

Jusqu’à vendredi, le coroner Me Bernard Lefrançois s’intéressera à chacun des cinq cas. Policiers et enquêteurs reviendront sur leur travail et les familles livreront leurs témoignages. «Je tenais à ce que soit libre, qu’elles (les familles) parlent avec leur cœur», précise Me Bertrand.

«Je ne leur ai pas mis de balises comme par exemple dans un procès normal, je veux qu’elles disent ce qu’elles ont à dire, qu’elles s’expriment», poursuit l’avocat. Une dizaine de proches et amis sont notamment attendus pour le seul cas de Nadeige Guanish, 18 ans, dont la mort à l’automne, a entrainé le déclenchement de l’enquête publique.

Alicia Grace Sandy

Lundi, l’enquête a approfondi le cas d’Alicia Grace Sandy, 21 ans, de la nation Naskapie de Kawawachicamach, retrouvée morte sur la berge, à Uashat, le 22 juin 2015. Il a été révélé que la jeune, qui jonglait avec des problèmes de consommation, avait séjourné un mois plus tôt, en psychiatrie de l’hôpital de Sept-Îles.

Questionnée sur tout le protocole entourant le congé des patients, la psychiatre qui a traité Alicia Grace Sandy a soulevé qu’il devrait y avoir plus de services offerts à la clientèle autochtone surtout pour l’accompagnement à la suite d’un traitement. Elle a aussi mis en lumière n’avoir aucun pouvoir de référencement après une intervention.

Les cas de Céline Rock Michel, 30 ans et Nadeige Guanish seront aussi entendus d’ici vendredi.

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