Alberta : Un réveil aux allures de l’apocalypse pour les Duclos

Par Fanny Lévesque 5 mai 2016
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Le couple, Pascal Duclos et Josée Couturier-Duclos, et Cliff Duclos-Beaudin.

Le couple, Pascal Duclos et Josée Couturier-Duclos, et Cliff Duclos-Beaudin.

Le Septilien Pascal Duclos et sa femme, Josée Couturier-Duclos, ont eu droit à un réveil aux allures apocalyptiques lorsqu’ils ont ouvert les yeux mardi après-midi. Les feux de forêt qui dévorent le nord de l’Alberta avait gagné leur quartier de Fort McMurray où ils habitent depuis 2009.

Le couple d’opérateurs de machinerie lourde pour Suncor Energy s’est glissé sous les draps mardi matin, après avoir complété leur quart de nuit. «Quand on est arrivé (mardi matin), tout était beau, il n’y avait pas de boucane. On savait qu’il y avait des feux aux alentours de Fort McMurray, mais on ne pensait pas que c’était si pire que ça», a raconté M. Duclos alors qu’il fuyait vers Edmonton, mercredi.

Mais le réveil a été tout autre. «C’était comme la fin du monde», n’hésite pas à comparer le Septilien d’origine. «Quand on s’est réveillé vers 17h30, c’était comme Walking Dead. On regardait dans les rues et tout le monde courait, ça mettait du stock dans les voitures et ça se sauvait». Lui, sa femme et leur fils de 19 ans ont pris chacun leur véhicule et ont filé vers la capitale albertaine vers 20h. «C’était l’enfer».

Longue route

La famille Duclos a finalement atteint leur destination où elle séjourne chez des amis après avoir roulé une bonne quinzaine d’heures pour franchir les quelque 435 kilomètres qui séparent Edmonton de Fort McMurray. «C’était à pas de tortue, il y a plein de places où c’était bumper à bumper», témoigne-t-il.

«Il y a des chars dans le champ, dans les faussés, c’est incroyable, c’est dur à décrire. Tu te dis : «Ça se peut pas, ça se peut carrément pas». Tout le monde était paniqué, il y a des secteurs de la ville qui ont brûlé au complet, où il n’y a plus rien. Il y a beaucoup de monde qui ont tout perdu ce qu’ils avaient».

Pascal Duclos et ses proches ont eu la chance d’avoir assez d’essence pour se rendre à bon port. «On a été chanceux», a lancé le Québécois de 45 ans, qui lui conduit un véhicule au diesel. «Il y avait 7 000 personnes qui attendaient pour du gaz», à l’entrée de la première ville suivant Fort McMurray, dit-il.

Éviter le pire

Au moment de l’entretien, M. Duclos ignorait toujours si sa maison du quartier Eagle Ridge avait été épargnée par les flammes, mais il estime avoir évité le pire malgré tout. «On est tous sains et saufs, la maison c’est pas grave. C’est le dernier de mes soucis, c’est juste du matériel. Ça aurait pu être pire, on aurait pu passer au feu en dormant, il y a plein de choses qui auraient pu arriver, ça va vite un feu».

Et le couple parle en connaissance de cause. Lui et sa femme ont été évacués d’urgence en 2009 alors que des incendies de forêt ravageaient cette fois, le nord de la Colombie-Britannique. «Tu te demandes toujours c’est quoi tu fais, c’est quoi t’apportes, quoi tu laisses? Qu’est-ce que t’es prêt à sacrifier?»

Pour la suite, Pascal Duclos veut prendre tout ça, un jour à la fois, avec sa famille. «Je ne sais pas, on se souhaite que ça aille bien. Là on a surtout hâte de prendre une bonne douche et un bon repas», a-t-il lancé au bout du fil, alors qu’il était toujours en direction d’Edmonton.

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