Anticosti: Les maires de la Minganie et de Sept-Îles questionnent le «paradoxe» du gouvernement

Par Éditions Nordiques 4 mai 2016
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Le préfet de la MRC de la Minganie, Luc Noël, et le maire de Sept-Îles, Réjean Porlier, questionnent la position paradoxale du gouvernement qui désire poursuivre l’exploration sur l’île d’Anticosti, mais ne souhaite pas exploiter. De son côté, Pétrolia a rencontré la Ville de Sept-Îles et rencontrera les élus minganois.

Le gouvernement va «dépenser des dizaines et des dizaines de millions à une entreprise privée pour ne pas faire d’exploitation parce que ce ne serait pas rentable à long terme», a résumé Luc Noël devant ce qu’il considère être une situation paradoxale du gouvernement sur la question d’Anticosti. «C’est comme si je ferais quatre ou cinq fois l’épicerie pour mon souper de ce que j’ai de besoin! Si le gouvernement a autant d’argent à dépenser, il devrait plutôt le mettre dans la diversification de notre économie», a continué le préfet.

Noël déplore aussi ne pas avoir de réponse face à une demande de rencontre avec le ministre de l’Environnement, David Heurtel, concernant la prochaine phase d’exploration sur l’île, présentement à l’étude. «Cet automne, le président de Pétrolia a fait un point de presse. Il pleurait parce qu’il n’avait pas rencontré le gouvernement et ils l’ont rencontré. Nous, on est élu, on veut le rencontrer (M. Heurtel), mais il ne nous rencontre pas», a-t-il dénoncé.

Le gouvernement va «dépenser des dizaines et des dizaines de millions à une entreprise privée pour ne pas faire d’exploitation parce que ce ne serait pas rentable à long terme». – Luc Noël

«On est tous très conscients de ce que le premier ministre a dit concernant l’exploitation à Anticosti», a mentionné le maire de Sept-Îles, Réjean Porlier. «Ce qui est paradoxal, c’est que le principal partenaire de Pétrolia pour les travaux d’exploration est le gouvernement du Québec. Et on parle d’une entente d’une centaine de millions. Et c’est ce même partenaire qui affirme ne pas vouloir d’exploitation sur l’île», s’est questionné M. Porlier.

Pas de réponse du ministre

Peu après son élection en avril, le maire d’Anticosti, John Pineault, a demandé par lettre à rencontrer le ministre Heurtel concernant les forages avec fracturation hydraulique que Pétrolia souhaite effectuer sur l’île cet été. La MRC a adopté une résolution d’appui à la demande du maire Pineault et l’a également envoyé au ministre. «On a eu un accusé réception, puis rien», a mentionné Luc Noël. Le ministère de l’Environnement évalue présentement la demande de Pétrolia pour accorder ou non un certificat d’autorisation.

Si les élus de la Minganie peinent à rencontrer le gouvernement, ceux-ci auront une rencontre technique avec Pétrolia le 18 mai, sollicitée par la société pétrolière. «On ne veut pas une rencontre publicitaire», a averti M. Noël. Comparativement aux autres phases d’exploration, la prochaine, demandée par Pétrolia, utilisera la technique de la fracturation hydraulique. Concernant cette pratique, le préfet rappelle que le milieu doit être informé et qu’il y ait consentement de leur part.

Pétrolia rencontre les élus septiliens

Pétrolia a rencontré le 2 mai le conseil municipal de Sept-Îles. «C’est eux qui nous ont demandé s’il pouvait nous rencontrer et le caucus a accepté», a expliqué le maire Réjean Porlier. Le PDG Alexandre Gagnon et un cadre de la société ont présenté «où ils en étaient» dans leurs projets, dont ceux d’Anticosti et de Bourque en Gaspésie.

Selon M. Porlier, Pétrolia devrait recevoir prochainement l’autorisation gouvernementale pour aller de l’avant avec la deuxième phase d’exploration à Bourque qui permettra à «évaluer la validité de la ressource». Le maire affirme que Pétrolia travaille fortement à faire connaître les détails de leurs travaux.

Il est confiant que le gouvernement approuvera une éventuelle exploitation du gisement Bourque, ce qui pourrait permettre à la région d’être alimenté en gaz naturel grâce à un partenariat pour le transport avec l’entreprise Tugliq.