Tarif d’électricité : Alouette resserre les négociations avec Québec

Par Fanny Lévesque 17 avril 2015
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Aluminerie Alouette durcit le ton dans sa négociation avec l’État québécois pour l’octroi d’un tarif d’électricité compétitif. Après des mois de pourparlers, la haute direction somme maintenant le gouvernement de rétablir rapidement le «déséquilibre» provoqué dans l’industrie par les ententes qu’il a conclues avec ses concurrents.

Alouette rafle la palme de l’aluminerie qui paye le plus cher son électricité au Québec. Le coût d’énergie par tonne produite atteint 463 dollars à Sept-Îles alors qu’il en coûte 352 dollars à Deschambault. C’est que le géant Alcoa s’est entendu, il y a un peu plus d’un an, avec le gouvernement Marois pour l’achat d’électricité.

«On parle d’une différence de 110 dollars la tonne (avec le coût moyen d’Alcoa)», exprime le président et chef de la direction, Claude Boulanger. «Il manque d’équité à travers le Québec (…) Ces ententes font naître une injustice réelle», a-t-il rajouté devant 140 membres de la Chambre de commerce de Sept-Îles, réunis lors d’un diner-conférence jeudi.

D’autant plus qu’Alouette, tout comme les autres alumineries, tente tant bien que mal de demeurer compétitive sur l’échiquier mondial, où la compétition est «féroce». Partout à travers le monde, le coût d’énergie est plus bas que le «tarif L» offert à la grande industrie au Québec, selon l’entreprise.

Craindre pour sa pérennité
Si elle n’en vient pas à son tour à un accord avec Québec, l’aluminerie dit craindre pour la pérennité de ses installations de la Pointe-Noire. «Si ça reste comme ça, on va moins investir dans le maintien de notre usine pour qu’elle vieillisse bien», prévient M. Boulanger. «Réduire ces montants-là, ça affecte la communauté, la durée de vie à long terme et tout le développement technologique», poursuit-il.

Le temps presse aussi si l’aluminerie veut profiter d’une fenêtre d’opportunité pour lancer les études de préfaisabilité de sa troisième phase d’expansion, un projet porteur de 2 milliards $. Alouette bénéficie d’un bloc d’énergie de 500 mégawatts, garanti par Québec en octobre 2011, pour le déploiement du projet qui pourrait s’inscrire dans le Plan Nord.

«On parle souvent de la phase 3, mais il ne faut pas oublier nos phases 1 et 2», affirme le grand patron. «L’impact d’un nouveau tarif sera extrêmement important pour ces deux premières phases». Dès 2017, les contrats d’énergie pour chacune des phases seront soumis au tarif L, d’où l’importance pour l’entreprise de renégocier un prix beaucoup plus avantageux.

Intensifier les négociations
L’aluminerie veut intensifier les négociations «qui se déroulent de façon constructive» pour en venir à «un dénouement heureux» d’ici l’été. L’entreprise a d’ailleurs fait appel en mars, aux services de David McAusland, une grande pointure de l’industrie, à titre de consultant. «On est allés chercher de l’aide, une valeur ajoutée dont nous avions besoin», explique Claude Boulanger.

Le milieu économique et des élus de la région ont déjà fait parvenir des lettres d’appuis aux démarches d’Alouette au ministre de l’Énergie, Pierre Arcand. Aluminerie Alouette, le plus important employeur de Sept-Îles, produit quelque 600 000 tonnes de métal gris par année. Sa production est le plus importante des Amériques.

Le président et chef de la direction de l’aluminerie, Claude Boulanger et le vice-président Finances et développements des affaires, Gérald Charland, se sont entretenus avec les médias, après leur présentation devant les membres de la Chambre de commerce. (Photo : Le Nord-Côtier)

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