Feu vert à Mine Arnaud : Réactions prudentes à Sept-Îles

Par Fanny Lévesque 13 mars 2015
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À Sept-Îles, les réactions sont nombreuses, mais prudentes depuis que Le Soleil ait révélé que le Conseil des ministres a autorisé un décret favorable à la réalisation du projet controversé de Mine Arnaud. Les intervenants attendent surtout d’être mis au courant des conditions qui accompagnent le certificat d’autorisation avant de se prononcer sur la question.

Ce que plusieurs veulent savoir c’est qu’elles seront les conditions du fameux décret gouvernemental, signé par le ministre de l’Environnement, David Heurtel. «Honnêtement, ce que j’ai hâte de voir, c’est ce qu’il y a dans le décret, si on a tenu compte de nos préoccupations», a réagi le maire, Réjean Porlier. On nous a dit que le conseil serait rencontré avant l’annonce, pour faire une bonne mise à niveau».

Il y a un peu plus d’un an, Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) concluait après enquête que le projet n’était «pas acceptable dans sa forme actuelle». Depuis, le promoteur a maximisé les échanges avec les autorités pour améliorer son projet. Les études supplémentaires et les compléments fournis après le BAPE n’ont pas encore été rendus publics, malgré l’insistance de citoyens et groupes environnementaux.

La porte-parole du Regroupement pour la sauvegarde de la grande Baie de Sept-Îles, Louise Gagnon, ne souhaite d’ailleurs pas commenter la nouvelle avant d’avoir pris connaissance des conditions. «Ce qui sûr, c’est que le projet est meilleur là, qu’il ne l’était il y a trois ans. Maintenant, est-ce qu’il le sera suffisamment pour être aussi près d’une ville? On ne le sait pas encore», a-t-elle indiqué.

De son côté, le comité Citoyen pour Mine Arnaud se réjouit de l’annonce. «On voulait aller au bout du processus, des personnes compétentes ont analysé la décision, a expliqué le porte-parole Claude Harvey. On a aussi hâte de voir le contenu (des conditions), on a toujours dit que ce ne serait pas à n’importe quel prix. Maintenant, on pense que Mine Arnaud a répondu aux questions (du ministère)».

Selon les informations du Soleil, Québec devrait ajouter une dizaine d’exigences à celles formulées par le BAPE, tant sur la qualité de l’air, de l’eau que sur les mesures d’urgence et les quantités de minerai à extraire quotidiennement. Mine Arnaud proposerait aussi une quinzaine de promesses concrètes pour réduire son empreinte environnementale. Une attention particulière devrait aussi être apportée à la consultation des Innus.

À ce sujet, le conseil Innu Takuaikan Uashat mak Mani-Utenam ne souhaite pas réagir officiellement pour l’heure, mais soutient que le gouvernement «devra faire la démonstration à la communauté» que le projet respecte les normes. «On va attacher notre opinion en fonction de la rigueur des conditions du décret», a mentionné le directeur du bureau de la protection des droits et du territoire, Jean-Claude Therrien-Pinette.

Mine Arnaud, propriété d’Investissement Québec et la norvégienne Yara International ASA, ne fera aucun commentaire avant une annonce officielle. Le projet minier d’apatite se traduira par la création d’entre 800 et 1000 emplois pendant la phase de construction et 300 pour l’exploitation, qui durera 28 ans. Un sondage commandé par Investissement Québec cet automne révélait que 65% des citoyens étaient en faveur de la réalisation de la mine.

(Photo: archives – Le Nord-Côtier)