Mine Arnaud : Le maire choqué de la sortie d’établissements d’enseignement

Par Fanny Lévesque 4 mars 2014
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Le maire de Sept-Îles s’est dit choqué que le Cégep de Sept-Îles et la Commission scolaire du Fer aient acheté une page de publicité pour donner leur opinion au sujet du projet d’exploitation d’une mine d’apatite dans le canton Arnaud. Dans une lettre envoyée à la presse hier, Réjean Porlier soutient que l’éducation «doit être l’espace privilégié de la pluralité des opinions.»

Le maire de Sept-Îles a réagi à la publication d’une publicité conjointe du Cégep de Sept-Îles et de la Commission scolaire du Fer, parue la semaine dernière dans Le Nord-Côtier et dans laquelle les organisations parlent de la «nécessité d’un encadrement de la notion d’acceptabilité sociale» et invitent Mine Arnaud «à bonifier son projet». Le Cégep et la Commission scolaire ont également envoyé des communiqués de presse allant dans le même sens, après le dévoilement des conclusions du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement.

Dans sa lettre intitulée «Un peu de retenue, SVP!», le maire Porlier explique au directeur général du collège, Donald Bherer et au président de la commission scolaire, Rodrigue Vigneault, que «ce n’est pas tant le fait de vouloir exprimer leur soutien au projet Mine Arnaud qui choque, mais d’avoir impliqué leur organisation dans un discours où le mépris tient le haut du pavé alors qu’ils parlent d’élever le débat.»

À son avis, «l’éducation, fer de lance de notre civilisation, doit être l’espace privilégié de la pluralité des opinions et des débats nécessaires aux assises d’une société progressiste. Aujourd’hui, dans ce message empreint de mépris, je l’ai davantage perçue comme propagandiste de la pensée unique. Je me serais attendu de nos maisons d’enseignement à ce qu’elles encouragent nos jeunes à utiliser une approche scientifique et critique», peut-on lire dans son message.

Réjean Porlier va plus loin, en rappelant à ces dirigeants qu’ils s’en remettent depuis le début «aux vrais experts et chaque fois que ceux-ci vous déboutent, vous replongez dans le débat tête première évoquant comme justification, le traditionnel «pas à n’importe quel prix!»

Avec les employés de Cliffs
Enfin, le maire Porlier se dit de tout cœur avec les employés de Cliffs, qui perdront leur emploi avec la fermeture de la mine Scully au Labrador et aux commerçants qui en subiront aussi les contrecoups.

«À nous tous de se serrer les coudes et tenter de leur porter assistance durant ce mauvais épisode, mais pour ce qui est de ma part, il n’est pas question de les utiliser pour justifier un projet qui, aujourd’hui, a été qualifié d’inacceptable par le BAPE. Ce serait ouvrir toute grande la porte à la désobéissance tant industrielle que civile, ce qui mènerait tout droit à la faillite et à l’anarchie sur le moyen et le long terme. Je crois que notre Ville et ses citoyens valent beaucoup mieux que ça», conclut-il.

LA LETTRE INTÉGRALE DU MAIRE RÉJEAN PORLIER

Un peu de retenue SVP!
La semaine dernière, suite à la publication du rapport du BAPE, Donald Bherer, directeur général du Cégep de Sept-Îles et Rodrigue Vigneault, président de la Commission scolaire du Fer y sont allés d’une pleine page dans le journal pour… donner leur opinion.
Ce n’est pas tant le fait de vouloir exprimer leur soutien au projet Mine Arnaud qui choque, mais d’avoir impliqué leur organisation dans un discours où le mépris tient le haut du pavé alors qu’ils parlent d’élever le débat.
Ils laissent entendre que la démocratie municipale est menacée et font référence au résultat des récentes élections municipales. Ce n’est pas la démocratie qui est menacée, je pense qu’elle n’a jamais été aussi vivante, ce sont les aspirations d’une poignée d’individus qui ont toujours craint l’implication citoyenne. Parler de démocratie et ne pas reconnaître le résultat de la dernière élection pour ce qu’elle est : l’expression d’un choix exprimé démocratiquement me semble peu crédible et chargé d’une amère rancœur.
L’éducation, fer de lance de notre civilisation, doit être l’espace privilégié de la pluralité des opinions et des débats nécessaires aux assises d’une société progressiste. Aujourd’hui, dans ce message empreint de mépris, je l’ai davantage perçue comme propagandiste de la pensée unique. Je me serais attendu de nos maisons d’enseignement à ce qu’elles encouragent nos jeunes à utiliser une approche scientifique et critique.
Depuis les débuts, messieurs, vous exigez que chacun s’en remette aux vrais experts et chaque fois que ceux-ci vous déboutent, vous replongez dans le débat tête première évoquant comme justification, le traditionnel « pas à n’importe quel prix!» Mais pas une fois, nobles gardiens de la connaissance, je ne vous ai entendu insister sur le respect des normes et des règlements que le promoteur avoue dépasser. Entendez-vous en faire un incontournable? D’ailleurs, aujourd’hui, avant même que les processus de l’Agence canadienne de l’évaluation environnementale et celui du ministère de l’Environnement ne soient terminés, vous irez dans la rue réclamer que le projet aille de l’avant. Peut-on ici parler de cohérence?
Il y a une chose que je n’ai pas promise durant la campagne, mais dont je n’ai jamais douté. Je vais mettre les énergies nécessaires pendant ces quatre ans pour que Sept-Îles devienne une ville prospère dans le plus grand respect de la santé de la population, de l’environnement et des individus.
Je suis de tout cœur avec les employé.es de Cliffs qui perdront leur emploi dans les prochaines semaines, de même qu’avec les commerçants qui en subissent les contrecoups. À nous tous de se serrer les coudes et tenter de leur porter assistance durant ce mauvais épisode, mais pour ce qui est de ma part, il n’est pas question de les utiliser pour justifier un projet qui, aujourd’hui, a été qualifié d’inacceptable par le BAPE. Ce serait ouvrir toute grande la porte à la désobéissance tant industrielle que civile, ce qui mènerait tout droit à la faillite et à l’anarchie sur le moyen et le long terme. Je crois que notre Ville et ses citoyens valent beaucoup mieux que ça.
Réjean Porlier, maire de Sept-Îles

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