Commission Charbonneau: Bernard «Rambo» Gauthier conclut son témoignage

28 février 2014
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L’agent d’affaires de la FTQ-Construction sur la Côte-Nord, Bernard «Rambo» Gauthier, a complété son témoignage à la commission Charbonneau, jeudi. Il s’est présenté à la barre en disant souhaiter y faire la lumière sur ses agissements, changer sa réputation ainsi que celle des travailleurs de la construction de la région. Il a défendu la cause de ceux qui peinent à obtenir du boulot, alors que de grands chantiers se déploient sur leur territoire.

Bernard «Rambo» Gauthier semble avoir livré un message convaincant alors qu’à la fin de son contre-interrogatoire, le commissaire Renaud Lachance a suggéré que la commission pourrait recommander que le pourcentage de main-d’œuvre locale devant être embauchée soit indiqué dans les contrats des donneurs d’ouvrage public. Durant ses deux jours et demi de témoignage, Bernard Gauthier a martelé qu’il fallait qu’entre 65 et 70% des travailleurs soient originaires de la région sur les chantiers locaux.

Bernard Gauthier n’avait pas de bons mots pour le concept de la mobilité de la main-d’œuvre. Alors que les commissaires lui ont reproché de faire du syndicalisme à outrance, il a admis qu’il demandait aux entrepreneurs de respecter à la lettre les conventions collectives dans l’industrie de la construction, mais que lui ne les respectait pas pleinement.

Intimidation
C’est ce principe qui a mené le leader syndical à faire l’utilisation de méthodes discutables. Il a admis avoir fait de l’intimidation envers certains employeurs, qui refusaient d’adopter cette notion. «Moi, dire à quelqu’un que c’est un plein de marde, quand ça en est un, ça me fait du bien. Ça m’enlève le goût d’y allonger ma main sur la gueule», a dit Bernard Gauthier.

Il a rapporté qu’un jour, un entrepreneur qui refusait de lui fournir le contrat de travail a reçu la visite de 150 hommes sur son chantier. «On peut interpréter ça comme de l’intimidation, maintenant, l’intimidation c’est quoi? Ça part où, ça arrête où, je le sais pas. Mais, à l’époque c’était une culture», a-t-il expliqué.Le syndicaliste a par contre nié vouloir être le seul représentant des travailleurs d’un chantier. Il a soutenu ne pas pouvoir œuvrer pour les travailleurs des autres métiers que le sien.

Jamais sanctionné
Durant son contre-interrogatoire mené par Me Robert Laurin, procureur de la FTQ-Construction, Bernard Gauthier a soutenu que la FTQ ne le sanctionnait pas face à ses comportements agressifs, parce qu’elle craignait la perte de membres. «La journée qui vont me sacrer dehors, c’est quoi que vous pensez qui va arriver. Les travailleurs sur la Côte-Nord vont changer de syndicat. Je suis la grande gueule de la Côte-Nord, je suis le représentant de mes travailleurs. Je suis leur porte-parole, je fais ce qu’ils me demandent de faire et je travaille pour eux autres.»

Crime organisé
À la seconde journée de son témoignage, Bernard Gauthier a reconnu qu’il y avait certains problèmes de drogues sur les chantiers de la région. Il a cependant précisé qu’il était faux de croire que les délégués syndicaux en faisaient le trafic. Selon lui, cette information a tellement été médiatisée qu’elle lui a valu la visite de membre du crime organisé, l’automne dernier.

Bernard «Rambo» Gauthier a passé un peu plus de deux jours devant la juge Charbonneau, à Montréal. (Photo : webdiffusion)

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