Tarifs d’électricité: Une entente entre Alcoa et le gouvernement

Par Éditions Nordiques 26 février 2014
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Le gouvernement du Québec et la multinationale Alcoa ont conclu une entente sur les tarifs d’électricité qui assurera la pérennité de l’usine de Baie-Comeau ainsi que celle des deux autres alumineries québécoise, a annoncé la première ministre du Québec, Pauline Marois, à Baie-Comeau, devant plus de 200 travailleurs, le 25 février.

Par Karine Boivin Forcier

Les contrats d’approvisionnement en électricité avec Hydro-Québec, au tarif dit «à partage de risque» (lié au prix de l’aluminium), ont été renouvelés jusqu’en 2036 à Baie-Comeau, et 2030 pour Bécancour et Deschambault. Alcoa s’est, quant à elle, engagée à maintenir le niveau d’emploi et à investir 250 millions (M) $ sur cinq ans dans ses trois usines. «Le gouvernement assure à Alcoa les conditions tarifaires qui lui permettent de consolider ses activités au Québec.

En contrepartie, Alcoa s’engage à maintenir sa production pour un minimum de 15 ans dans ses alumineries québécoises», a indiqué la première ministre, précisant que cela permettra le maintien de 3 000 emplois direct (dont 900 à Baie-Comeau).

Selon Martin Brière, président d’Alcoa Canada Groupe produits primaires, c’est un volume de production de 295 000 tonnes qui devra être maintenu à Baie-Comeau.

Pas de modernisation, une réorientation
Le projet de modernisation de l’aluminerie de Baie-Comeau, qui devait inclure l’installation d’une nouvelle série de cuve, n’est plus prévu en vertu de cette entente. Toutefois, 150 M$ sont réservés à l’usine baie-comoise pour réaliser l’optimisation de son centre de coulée. «La modernisation n’est pas dans les cartons en ce moment. Nous allons repositionner l’usine de Baie-Comeau en fonction du marché mondial, en misant sur la valeur ajoutée. On se devait de réorienter l’aluminerie pour qu’elle soit compétitive en ce moment. On devrait donc avoir une usine très compétitive», a déclaré Martin Brière.

La réfection du centre de coulée (22 M$), de la roue de coulée (16 M$), qui permettra l’augmentation de la production, et la conversion d’une bouilloire du mazout aux granules de bois (5 M$) sont notamment prévues.

Ces améliorations amèneront l’aluminerie baie-comoise à produire des plaques d’alliage à valeur ajoutée dans la fabrication des produits laminés destinés au marché de l’automobile. Cet alliage servira déjà pour la construction des toits des camions F-150 2015 de la compagnie Ford, selon la propriétaire de la succursale de Baie-Comeau, Nathalie Hins. Alcoa a également conclu une entente avec la compagnie GM pour 2018.

Par ailleurs, en vertu de l’entente conclue avec le gouvernement, Alcoa réalisera une étude de faisabilité, misant sur les avantages du site de Baie-Comeau, dans le but de concrétiser un projet de production d’aluminium à valeur ajoutée. «L’aluminerie de Baie-Comeau produira l’aluminium servant à des applications technologiques émergentes», s’est réjouie Pauline Marois. Mentionnons qu’Alcoa a conclu récemment une entente avec la société Phinergy afin de poursuivre le développement d’une batterie aluminium-air, qui pourrait bénéficier de l’aluminium baie-comois, si le projet se concrétise.

La meilleure solution
La première ministre et le président d’Alcoa Canada Groupe produits primaires estiment qu’ils en sont arrivés à «la meilleure solution» pour le maintien de l’aluminerie de Baie-Comeau. Selon M. Brière, la modernisation ne pouvait se faire en raison du marché actuel. «Nous avons trouvé un plan pour rendre l’usine compétitive, pour assurer la pérennité de l’usine dans le contexte actuel», a-t-il souligné.

Les intervenants estiment que le créneau que constitue la construction automobile est une avenue importante pour l’aluminium dans un avenir rapproché. «Les constructeurs automobiles débutent l’utilisation de l’aluminium. On pense que l’aluminium va reprendre sa place avec les demandes importantes de l’industrie automobile», a expliqué la ministre des Ressources naturelles, Martine Ouellet, qui croit que l’entente permettra de traverser les années difficiles que vit actuellement le secteur de l’aluminium.

Du côté du Syndicat national des employés de l’usine d’aluminium de Baie-Comeau, on demeurait déçu que la modernisation de l’usine ne soit pas incluse dans l’entente, estimant toutefois devoir analyser plus avant l’entente avant de se prononcer. «Ce sont des bonnes nouvelles, mais c’est dans les détails qu’on voit si les bonnes nouvelles se concrétisent», a conclu le président du Syndicat, Michel Desbiens.

(Photo : Le Manic)

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