Uashat mak Mani-Utenam choisira son chef samedi

Par Éditions Nordiques 16 mars 2016
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Le Nord-Côtier est allé à la rencontre des quatre candidats à la chefferie du conseil Innu Takuaikan Uashat mak Mani-Utenam. C’est ce samedi que la communauté de quelque 4000 âmes élira son chef.

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Mike Mckenzie

Mike Mckenzie

Mike McKenzie : «Prôner» l’approche communautaire

 Si la communauté de Uashat mak Mani-Utenam lui accorde un deuxième mandat, le chef sortant d’Innu Takuaikan Uashat mak Mani-Utenam (ITUM), Mike McKenzie promet de tenir une vaste «réflexion» pour mieux définir l’approche communautaire à prôner au sein de la bande de quelque 4000 âmes.

«Dans les 100 premiers jours de notre élection, on prévoit faire une réflexion communautaire, explique le candidat de 41 ans. On a ciblé 11 thématiques sur notre plateforme, comme la famille, l’éducation et la santé et services sociaux. Ce serait un peu comme des états généraux pour établir une planification stratégique», poursuit-il.

Au terme de l’exercice, M. McKenzie entend «aller chercher des points-clés» pour «peut-être changer la vision communautaire». L’avenir des jeunes et des familles trône aussi au début de sa liste de priorités s’il revient à la chefferie. «On parle beaucoup d’appartenance, en 2016-2019, nous voulons entre autres, poursuivre la mise en œuvre d’un programme de survie en forêt».

«Nous voulons aussi créer un livre historique sur la communauté pour qu’il y en ait un dans chaque maison, qu’on puisse montrer ça à nos enfants», énumère le chef sortant. Se disant la cible de ses adversaires depuis le début de la campagne, Mike McKenzie défend «un bilan très positif, malgré le contexte économique», citant notamment la construction d’un hôtel, l’aménagement futur d’un centre de formation et l’agrandissement prochain des trois écoles de la communauté.

Mike McKenzie compte une équipe de 11 candidats aux postes de conseillers, dont l’ex-chef Georges-Ernest Grégoire. M. McKenzie a d’ailleurs succédé à M. Grégoire à la tête du conseil d’ITUM en 2013.

 

Norbert Fontaine

Norbert Fontaine

Norbert Fontaine : Laisser la communauté «s’exprimer»

Norbert Fontaine misera sur la consultation «sous toutes ses formes» s’il est élu chef de Uashat mak Mani-Utenam au 19 mars. Le conseiller sortant de Innu Takuaikan Uashat mak Mani-Utenam (ITUM) entend en effet placer au centre de ses actions la communication avec sa communauté qu’il souhaite «laisser d’elle-même s’exprimer».

«La consultation sous toutes ses formes, c’est un processus qu’on n’a pas vu depuis plusieurs années dans la communauté et c’est ce que je veux mettre en place», affirme le candidat de 35 ans. «Je veux mettre en place un système de communication, de consultation (…) Par exemple, expliquer les services par secteur, tenir des assemblées pour connaître les besoins», énumère-t-il.

Le «bien-être» de sa communauté figure aussi sur sa liste de priorités, tout comme instaurer un code d’éthique pour les élus «pour minimiser l’ingérence politique», explique-t-il. «C’est une obligation selon moi, de mettre en place un code d’éthique auquel devront se soumettre les élus (du conseil) et qui contiendrait également des mesures disciplinaires (en cas d’inconduite d’un élu)», soutient M. Fontaine.

S’il obtient un premier mandat à la tête du conseil d’ITUM, le candidat à la chefferie s’engage également à poursuivre la réflexion sur la modification du code électoral, notamment éclaircir toute la question du droit de vote aux Innus vivant hors réserve. À savoir s’il est favorable ou non à la question, M. Fontaine refuse de se prononcer à ce stade.

«C’est la grande différence depuis les 20 dernières années, lance-t-il. Je ne m’afficherai pas au nom de ma communauté, mais je vais plutôt la laisser elle-même s’exprimer». Norbert Fontaine compte derrière lui une équipe de 10 candidats qui briguent les neuf postes de conseillers disponibles.

 

YvetteMichelVachon

Yvette Michel Vachon

Yvette Michel Vachon : Revitaliser les valeurs innues

Enseignante depuis 1968, Yvette Michel Vachon mise sur l’éducation pour revitaliser les valeurs innues dans la communauté de Uashat mak Mani-Utenam pour se faire élire comme chef du conseil de bande de Innu Takuaikan Uashat mak Mani-Utenam (ITUM). L’éducation permettrait aussi de diminuer les problèmes sociaux et familiaux.

«Je crois que le point le plus important, c’est l’éducation parce que je suis enseignante», a mentionné Mme Vachon. Selon elle, la lutte au décrochage scolaire et une éducation plus près des réalités de la communauté permettraient de «revitaliser nos valeurs pour se réapproprier notre identité, notre culture, sa fierté et sa dignité».

«Le peuple innu, c’est un peuple souffrant qui vit beaucoup de difficultés», continue l’aspirante-chef. Son expérience en tant qu’éducatrice, mais aussi de mère et grand-mère, montre que l’éducation peut contrer les problèmes sociaux et familiaux dans la communauté. «Mes enfants ont réussi à être autonomes, indépendants, grâce à l’éducation qu’ils ont reçue», illustre-t-elle.

«On est en train de vivre un cheminement entre les cultures innues et québécoises, mais on n’est pas capable de faire l’unité entre ces deux cultures-là», explique Yvette Michel Vachon pour qui ces deux cultures sont essentielles à la communauté pour s’épanouir. Elle compte aussi améliorer la transparence, la justice et l’équité dans la communauté. «Présentement, on tient le peuple dans l’ignorance», déplore la candidate.

Mme Vachon compte une vaste expérience en éducation, ayant commencé ce métier en 1968. Elle a été durant 25 ans à la direction des écoles d’ici, mais aussi d’autres communautés, dont Matimekush-Lac-John et Nutashkuan. Elle est aussi l’une des personnes à l’origine de la prise en charge des écoles par les Innus en 1978.

 

Louis-Georges Fontaine

Louis-Georges Fontaine

Louis-Georges Fontaine : Manque d’équité entre Uashat et Manu-Utenam

Mani-Utenam est désavantagé en termes d’emplois et de services par rapport à Uashat, selon Louis-Georges Fontaine. C’est sur ce thème que ce dernier fait campagne dans l’espoir de devenir chef du conseil de bande Innu Takuaikan Uashat mak Mani-Utenam (ITUM) lors des élections de samedi, le 19 mars.

Louis-Georges Fontaine déplore le manque d’équité en emplois et services entre les deux communautés, malgré une population semblable. «Ça fait 40 ans que les gens disent ça. Je pense que c’est la première que quelqu’un parle pour le partage entre les deux communautés», explique le résident de Mani-Utenam.

Il y a 94 entreprises à Uashat et seulement 26 à Mani-Utenam, rapporte M. Fontaine. «C’est beaucoup, beaucoup d’argent, et il n’y a pas de services équivalents», continue l’aspirant-chef. «Il y a 57 employés en santé et services sociaux à Uashat et 14 à Mani-Utenam pour sensiblement la même population. Maintenant, il doit y avoir des partages», déplore-t-il.

Les employés qui travaillent à l’administration des deux communautés se trouvent également tous au siège du conseil de bande à Uashat, soutient-il. S’il est élu, ces travailleurs et les élus travailleraient l’équivalent de deux jours et demi par semaine à Mani-Utenam et l’autre portion à Uashat.

Les élus «ne sont jamais à Malio pour siéger et donner des informations», explique M. Fontaine. Selon lui, cette situation a pour effet qu’il y a plus de pauvreté à Mani-Utenam, ce qui peut créer des problèmes sociaux.

Ayant travaillé dans un centre de réadaptation en toxicomanie, Louis-Georges Fontaine souhaite aussi la fin des partis politiques, afin de créer des débats plus sains, alors que les attaques personnelles sont nombreuses, selon lui. Il se dit néanmoins appuyé dans cette campagne par le candidat au poste de conseiller, Rod Pilot.

 

Par Fanny Lévesque et Martin Bélanger

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