Plus d’hommes en crise en 2023 dans Sept-Rivières

Par Marie-Eve Poulin 5:00 AM - 11 avril 2024
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Des données sur la santé mentale des hommes dans Sept-Rivières démontrent qu’ils sont plus vulnérables qu’ailleurs au Québec. 

En moyenne dans la province, les hommes se suicident trois fois plus que les femmes, selon le plus récent rapport (2024) de l’Institut national de santé publique du Québec.

Dans la MRC de Sept-Rivières, la Sûreté du Québec (SQ) répond à de nombreux appels pour des raisons de santé mentale. Selon les données recueillies, on constate que près du double des appels concernent des hommes.

En 2023, la SQ a procédé à l’ouverture de 369 cartes d’appel pour des raisons de santé mentale chez des hommes. Cette même année, 200 concernaient des femmes. Ces données regroupent les appels pour les tentatives de suicide, les personnes en crise et les morts suspectes (incluant les suicides). 

En date du 14 février 2024, on en comptait déjà 45 pour les hommes et 32 pour des femmes. 

On constate aussi une importante augmentation des appels au fil des ans. Entre 2021 et 2023, on compte 147 appels de plus chez les hommes. Pour les femmes, l’augmentation est de seulement 10 appels. 

Gladys Tremblay directrice du Centre de prévention du suicide de la Côte-Nord (CPS) ne peut se prononcer quant aux raisons d’une présence plus marquée d’hommes en crise.

« C’est multifactoriel, donc c’est difficile d’expliquer les raisons. Les causes sont nombreuses. C’est très rare que c’est une seule chose qui apporte des idées suicidaires », dit-elle.

La directrice du CPS rapporte que selon ses données, le taux de suicide sur la Côte-Nord figure toujours parmi les plus élevés de la province et que les hommes sont plus concernés. 

« Les 50 à 64 ans sont plus touchés », précise-t-elle. 

Tous les organismes contactés s’entendent pour dire que les hommes utilisent des moyens plus fatals, ce qui a un impact sur les données.

« Les hommes, quand ils ont un comportement agressif ou violent, ont plus tendance à avoir un geste physique grave », dit Edmond Michaud directeur d’Hommes Sept-Îls, un organisme d’aide pour les hommes. « Dans le monde psychosocial, c’est un peu comment on explique le fait que les hommes ont des suicides plus concrétisés que les femmes ». 

Réseau de soutien

Cassandra Barr, directrice d’Âtre Sept-Îles un organisme qui œuvre en santé mentale, mentionne qu’en matière de santé mentale, le ratio est plus élevé chez les hommes. Que ce soit dans les services d’hébergement, ou au niveau des diagnostics. La direction du Centre d’intervention le Rond-Point, qui soulève le même argument, n’est pas surprise par le nombre d’appels. « Ça me surprend quasiment qu’il n’y en ait pas plus pour les hommes », dit Marie-Ève Normand. 

Les femmes ont parfois un réseau qui les soutient, ce qui peut expliquer l’écart au niveau des appels à la SQ.

« Les hommes demandent moins d’aide. Donc c’est souvent la piste pour la sécurité de la personne d’utiliser le corps policier », dit Cassandra Barr. « C’est toujours bien de faire voir aux gens qui vivent avec une problématique de santé mentale, que la police est là aussi pour les aider et les mettre en sécurité ».

Même si cela peut paraître confrontant, c’est pour aider la personne, souligne-t-elle. 

Edmond Michaud, se questionne à savoir si ces chiffres sont une bonne, ou une mauvaise nouvelle. Il se demande si cela démontre une augmentation de la détresse chez les hommes, ou si ceux-ci se tournent plutôt vers les ressources d’aide, soit, les policiers. 

Consommation

Transit Sept-Îles accueil une clientèle qui doit parfois être signalée en raison d’état de crise. Ceux-ci sont pris en charge par les policiers ou l’hôpital. La directrice, Valérie Santerre, croit que la consommation de drogue ou d’alcool pourrait être une cause.

« Il y a beaucoup plus de gars qui consomment », dit-elle. « Il y a beaucoup de consommation à Sept-Îles. J’ai peut-être vraiment tort, mais d’après moi, ça peut avoir un gros lien ». 

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