Assez de circonlocutions. Appelons un génocide un génocide. Quoi qu’en disent les politiciens frileux, notre timoré premier ministre Justin Trudeau en tête, un génocide se déroule présentement au vu et au su de la communauté internationale.
Oui, le Hamas a mal agi en attaquant des kibboutz, en tuant des enfants, des personnes âgées, des jeunes adultes dans un festival, des humains innocents dont plusieurs Israéliens modérés et des dizaines de militants pour la paix.
Mais les représailles en cours depuis cette funeste nuit du 7 au 8 octobre sont démesurées et font éclater, à grand renfort de roquettes, les colonnes du temple que devrait être le droit international.
On attaque des hôpitaux bondés. On bombarde des écoles qui servent de refuge. Les snipers tirent sur tout ce qui bouge, sans distinction. Des femmes et des enfants sont abattus à bout portant. On sabote la fragile ligne de vie tendue par la distribution alimentaire. Il manque de tout. Il fait froid. Les maladies se propagent chez ceux qui survivent à tout le reste.
La Palestine est un cimetière à ciel ouvert. La bande de Gaza, un tombeau.
Le pire de l’humanité se déploie sous nos yeux blasés. On les détourne un peu, dégoûté, mais pas assez pour se lever et crier : c’est ASSEZ!
De toute façon, qu’est-ce qu’on peut faire?
Voici une minuscule réponse à cette question qui n’en connaît aucune vraiment. Un tout petit diachylon sur un ventre déchiré par une plaie béante.
Aider Alaa.
Alaa et les siens
Peut-être que, quand vous lirez ces mots, Alaa Shurrab sera morte. Peut-être qu’elle sera veuve de son mari Saleem. Ou peut-être qu’elle pleurera un de ses quatre enfants : Mariam, 12 ans, qui rêve de devenir chirurgienne et a toute la détermination pour y arriver, Homam, 10 ans, futur architecte créatif, Noran, 8 ans, qui sera un journaliste des plus éloquents, et Hesham, 6 ans, futur astronaute. C’est elle qui les décrit de cette façon, avec tout l’amour qu’une mère porte à ses petits.
Sous les bombes, une mère aimante reste une mère aimante. La peur au corps et l’instinct de survie en prime.
Avant que le Hamas mette le feu aux poudres dans la nuit du 7 au 8 octobre derniers, Alaa travaillait pour un organisme humanitaire dans la ville de Gaza.
« Nous étions une petite famille heureuse, pleine d’amour, de rires et d’opportunités, jusqu’à ce que les derniers événements malheureux et dévastateurs se déroulent à Gaza et changent nos vies pour toujours. Notre maison, nos rêves et notre avenir ont été ensevelis sous les décombres, mais nous sommes reconnaissants d’être encore en vie, à peine. »
Ces mots sont aussi ceux d’Alaa. Ils sont inscrits noir sur blanc sur la page web d’une campagne de sociofinancement initiée par son amie et ancienne collègue Roxanne Tremblay, de Baie-Saint-Paul.
Roxanne ne tarit pas d’éloges envers son amie Alaa. Elle se rappelle avec émotion des samedis à la plage avec elle et leurs amies communes, à rigoler, fumer la chicha, partager un repas.
« Sur la côte de Gaza, la mer est magnifique! L’accueil des gens, la bouffe délicieuse, la résilience, la gentillesse… C’est ça, mes souvenirs de la Palestine! C’est impressionnant de voir comment les Palestiniens peuvent vivre dans une situation de blocus depuis 2006 et faire des blagues, travailler, vivre… » Il faut désormais conjuguer cette phrase à l’imparfait.
Les deux femmes sont toujours restées en contact. L’amitié ne connaît pas de frontière.
Roxanne voudrait que tout le monde connaisse Alaa, ou Roula, ou Abu Mahdi, ou Nida. Ses amis. Que l’hécatombe en cours ait un visage pour chacun d’entre nous comme pour elle. Pour nous secouer, nous mettre en colère.
« Il faut humaniser ce conflit-là! », lance-t-elle, à mi-chemin entre le découragement et l’indignation.
35 000 $ pour une chance de survivre
Roxanne Tremblay sait que l’objectif de 35 000 $ sera difficile à atteindre. Que même si, miraculeusement, il est atteint, la traversée jusqu’à l’Égypte, premier pas vers l’espoir, sera périlleuse.
Que même si la somme est amassée, les risques sont là qu’il n’y ait plus personne à sauver.
Qu’il faudra laisser derrière tant d’autres amis. Abandonner à son sort tout un peuple qu’un autre est déterminé à annihiler.
Mais elle ne peut rester les bras croisés, peu importe que les chances de succès soient infinitésimales.
« Alaa est une femme brillante, qui a de l’ambition professionnelle, de l’ambition pour ses enfants. Elle est comme toi et moi et jusqu’au 7 octobre, elle avait une belle vie, des amis, un emploi gratifiant, un grand appartement. Elle venait d’installer des meubles neufs! »
Sur le front, les nouvelles ne sont pas bonnes. Le logement fraîchement remeublé n’est plus que ruines. Alaa et sa famille s’entassent dans un appartement de quatre chambres avec 35 personnes. Les bombardements incessants tout autour font régner la terreur. Personne ne mange à sa faim. On manque d’eau. Il n’y a plus d’électricité. Les enfants ne vont plus à l’école depuis des mois. « C’est extrêmement dangereux. » La situation sanitaire frôle la catastrophe.
Les blessures invisibles
Si par quelque prodige, ils s’en sortent vivants et sans ecchymoses, ils n’en seront pas moins profondément blessés. Et la guérison sera longue.
« D’une journée à l’autre, ça peut leur péter à la gueule! Ça se peut que demain, je n’aie plus de contact avec elle et que ce soit fini… Je suis ici, au Canada, je fais des appels, une démarche de sociofinancement, mais ça se peut que ce soit en vain… », glisse Roxanne.
Mais s’il n’y a qu’une toute petite chance que Mariam puisse un jour vous soigner, que Homam dessine votre maison de rêve, que Hesham mette le pied sur la Lune et que Noran vous annonce la fin du conflit israélo-palestinien au bulletin de nouvelles de 18h, il faut tenter le coup, non?
Pour soutenir la campagne de financement, visitez la page GoFundMe Give a once happy family an opportunity to live.
S’informer à la source
Roxanne Tremblay n’écoute plus les nouvelles sur les réseaux nord-américains depuis des mois. « On nous livre une information tordue, édulcorée. Les seuls qui montrent vraiment ce qui se passe, ce sont les journalistes palestiniens qui risquent leur vie tous les jours sur le terrain, qui diffusent sur leurs réseaux sociaux. Et la chaîne Al-Jazeera », dit-elle. Elle invite les Charlevoisiens à s’informer aux sources adéquates pour comprendre l’ampleur de la tragédie. Et à s’efforcer de comprendre ce qui a mené à l’inéluctable marche vers la disparition de la Palestine.
« J’ai toujours dit que les enfants de mes amis ne verront pas la Palestine. Il y aura toujours des Palestiniens, mais la Palestine n’existera plus. »
À suivre sur Instagram et Tiktok
Bisan
La jeune cinéaste Bisan Owda, 25 ans, livre une information sans fard. Du journalisme de terrain mâtiné d’une profonde humanité. Et flanqué d’une lourde chape de risque.
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Motaz
Photojournaliste, Motaz Azaiza rapporte ce qu’il vit et voit au coeur des bombardements israéliens sur Gaza. Cœurs sensibles, sachez que les images de Motaz sont très difficiles à regarder. Mais c’est la vérité toute crue qu’il relaie. M. Azaiza a été nommé Homme de l’année par le magazine GQ Middle East.
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Plestia
Plestia Alaqad témoigne avec une candeur bouleversante de la réalité quotidienne dans son coin du monde dévasté par la guerre.
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Lama Abu
Lama Abu Jamous
Si les « reportages » de cette petite fille de 9 ans flottant dans sa veste pare-balles au milieu du chaos des camps ne vous tire pas une larme, courez vous acheter un cœur.
Depuis le début de cet épisode particulièrement sanglant du conflit israélo-palestinien, au moins 88 journalistes ont été tués. Du nombre, 83 étaient Palestiniens.
Horizon
Horizon, des contenus marketing présentés par et pour nos annonceurs.