Pas de protection patrimoniale pour l’ancienne prison d’Anticosti

Par Vincent Rioux-Berrouard 11:00 AM - 14 février 2024
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L’ancienne prison d’Anticosti est en très mauvais état en raison de fuites d’eau au niveau du toit et de l’apparition de moisissures. Photo courtoisie

Il y a un peu plus d’un an, un projet de démolition de l’ancienne prison d’Anticosti a provoqué une levée de boucliers. À ce jour, le sort du bâtiment vieux de plus de cent ans demeure toujours en suspens.

En 2022, le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (MELCCFP) du Québec souhaitait démolir l’ancienne prison pour des raisons de santé et de sécurité. Son état était jugé trop dégradé, sa restauration, trop onéreuse.

Une levée de boucliers s’était alors produite pour empêcher la démolition du bâtiment construit au début de la décennie 1910. La Fédération Histoire Québec avait même adressé une lettre au premier ministre du Québec, pour qu’il intervienne dans ce dossier, à l’automne 2022. 

En août 2023, une proposition de classement pour l’ancienne prison a été soumise au ministère de la Culture et des Communications.

L’analyse du dossier par le MCC permettrait de « déterminer si le bien présente un intérêt public en s’appuyant notamment sur l’évaluation de son intérêt patrimonial, son état physique et son contexte de conservation actuel. »

À la suite de l’analyse, le ministre de la Culture et des Communications n’a pas retenu sa candidature.

« L’analyse a révélé que l’immeuble ne correspond pas aux critères d’intérêt patrimonial identifiés dans notre méthode d’évaluation. Construit en 1912 et en 1913, ce bâtiment a combiné les fonctions de poste de police et d’incendie, en plus de prison. Toutefois, il conserve aujourd’hui peu d’éléments distinctifs permettant de l’associer à ses fonctions d’origine », indique par courriel le service des communications du MCC.

Les intervenants concernés ont été informés des conclusions de cette analyse patrimoniale en octobre 2023. Le MCC demeure toutefois en communication avec le MELCCFP, gestionnaire de l’immeuble, et la Municipalité de L’Île-d’Anticosti, afin de les accompagner dans l’exploration d’alternatives à la démolition, avant qu’une décision finale ne soit prise par les autorités concernées, fait-on savoir. 

Une solution

Depuis quelques années, deux hommes se disent prêts à remettre sur pied le bâtiment. L’entrepreneur Yvan Méthot et son partenaire Fernand Gendron, qui possèdent tous les deux des résidences sur l’île, veulent le restaurer. 

« Moi, ça ne me dérange pas qu’elle ne soit pas classée patrimoniale, parce que je suis prêt à payer pour la ramener en prison », affirme M. Méthot, qui est entrepreneur général.

Son projet consisterait à rénover la partie qui était anciennement la prison en logement temporaire. M. Méthot donne l’exemple que s’il y a un avion de bloqué, il pourrait héberger des gens. Le deuxième étage du bâtiment serait transformé en logement. Ce projet serait très utile à l’île, puisqu’ils s’y font rares.

Dans les circonstances, il ne comprend pas pourquoi son projet est bloqué et n’avance pas.

« Je ne demande pas d’argent. Moi, je veux sauver la bâtisse », dit M. Méthot.

De son côté, la mairesse de la municipalité de l’Île-d’Anticosti, Hélène Boulanger, rappelle que le bâtiment appartient avant tout au MELCCFP. La municipalité n’est pas celle qui décide de la démolition ou pas. Elle souligne toutefois que l’édifice n’a pas vraiment de valeur patrimoniale. 

Selon la mairesse, le MELCCFP tentera à nouveau de procéder à une démolition, mais à savoir quand, ce détail reste inconnu.

Le MELCCFP confirme qu’il poursuit les démarches pour procéder à la démolition du bâtiment..

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