Projets miniers dans la région : une Pointe-Noire à faire rêver

Par Emy-Jane Déry 12:40 PM - 2 février 2024
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Le Lac Bloom. Photo capture d’écran

Sept-Îles pourrait atteindre un point de rupture et voir son économie passer à un autre niveau, dans l’optique où plusieurs des projets industriels actuellement sur les planches à dessin finissaient par se concrétiser. C’est beaucoup de « si », mais c’est permis de rêver et l’aval au projet d’optimisation du Lac Bloom de Champion est déjà un pas dans cette direction. 

Ça va bien chez Champion Iron qui a près d’un milliard de dollars en liquidité dans les poches. 

« Quand on regarde le contexte actuel des prix, c’est sûr que l’argent rentre à flot », commente Steeve Chapados, directeur général de la Caisse Desjardins de l’Énergie et des Ressources naturelles. « Ils sont encore meilleurs que le dernier trimestre déclaré, donc c’est une vache à lait actuellement. Si ça continue comme ça, ils n’auront pas besoin de toucher à leur dette pour financer leur prochain projet [RDPB]. »

Actuellement, les prix sont « excessivement favorables » sur les marchés, mais Champion semble vouloir démontrer qu’il veut être compétitif à long terme. 

« Le but, c’est d’essayer de se distinguer et de valoriser son produit pour être compétitif à long terme et c’est ce que Champion est en train de faire, amener le minerai non pas à 65-66 %, ce qui est déjà très rare actuellement, mais ils veulent l’amener au-delà, à tout près de 70 % », remarque M. Chapados. « Si on a des atouts, il faut être capable de les amener plus loin pour être certain que la compétition ne nous rattrape pas et c’est ce que Champion démontre, via sa confirmation et ses investissements. » 

Le potentiel de Kami

Le projet Kami à beaucoup de potentiel, analyse Steeve Chapados. Surtout que Champion demeure prudent dans son approche. On parle d’un projet de plusieurs milliards en investissements. Dans ses projections, Champion n’entend pas se mettre « seul au front » avec ce projet. 

« C’est ce que Cliff avait fait, lorsqu’ils ont acheté Thompson à 4,9 milliards, il y a plus de 10 ans. C’est un peu ça qui avait causé leur perte. D’après moi, Champion a une vision beaucoup plus prudente, en disant oui, il y a un potentiel dans ce projet, on est prêt à le regarder, on va pousser les études encore plus loin, mais on va le faire via un partenariat stratégique », note-t-il. « On peut penser à une minière ou un aciériste qui serait intéressé à garantir une production de qualité. »

Cohérence 

Donc, étude de faisabilité positive pour Kami, cet ancien projet acquit auprès d’Alderon. Imaginons que les choses continuent de bien aller et que Champion va de l’avant pour exploiter cette mine de fer « pur » à la frontière du Labrador et du Québec. Que plus tard, son projet à l’étude de remettre en service l’usine de bouletage anciennement de Wabush va aussi de l’avant. Puis poussons encore plus loin, que parallèlement le projet suédois d’aciérie verte de H2 Green Steel prend forme sur le même site. 

« On peut penser que la Pointe-Noire serait de l’ampleur d’ArcelorMittal, tout près de 25 millions de tonnes directement sur la pointe, en plus du 5 millions de Scully, avec une usine de bouletage sur le site pour pouvoir transformer le minerai de haute qualité en boulette, avec une aciérie tout juste à côté. On n’aurait pas besoin de transporter notre minerai à l’autre bout de la planète, l’aciérie serait directement dans notre cours », illustre M. Chapados. 

Cette image serait le résultat de dizaines de milliards de dollars en investissement. 

« C’est énorme, c’est gigantesque, mais le potentiel est là. On voit que les acteurs se préparent », dit-il. « On ne serait pas loin à Sept-Îles d’une ville à près de 40 000 personnes, si jamais tous ces projets-là se concrétisent, ça prendrait un effort incroyable de la ville. » 

Et puis, même si on n’atteint pas ce coup de circuit, la région ne sera pas en reste uniquement avec ce qui est déjà confirmé. 

« Du minerai de haute teneur à 70 % va trouver preneur sur les marchés. » 

Et l’étude de faisabilité du projet Kami prévoit écouler sa production sur les marchés internationaux. 

Mais, si on faisait de la deuxième et troisième transformation à Pointe-Noire, on serait ailleurs. La région atteindrait un point de rupture, un peu à l’image de Sept-Îles qui est passée d’un village de pêcheurs à une ville minière prospère avec la construction du chemin de fer, il y a 70 ans. 

« Si on est capable de valoriser le minerai actuel à du 70 % en de la boulette et éventuellement de l’acier vert, là, on serait vraiment dans le top mondial », conclut Steeve Chapados.  

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