Une innovation du Cégep de Sept-Îles présentée au Brésil

Par Emy-Jane Déry 11:45 AM - 25 août 2023
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Luc Faucher, directeur du Centre d’expertise ferroviaire RAIL du Cégep de Sept-Îles, devant le camion LRAIL.

Le Centre d’expertise ferroviaire RAIL du Cégep de Sept-Îles ira présenter au Brésil les innovations uniques développées avec son camion inspecteur de voies ferrées, qui permet de voir en amont les bobos qui pourraient échapper à l’œil humain. 

Pour la petite histoire, le Centre s’est allié avec la compagnie Pavemetrics, en 2019. Cette dernière a développé une technologie de capteurs 3D de haute résolution permettant d’inspecter notamment des autoroutes et des pistes d’aéroports. Le Centre est venu ajouter ses connaissances à la technologie, pour en permettre l’utilisation dans le cadre de l’inspection de voies ferrées. 

Le camion LRAIL peut rouler à 60 km/h et prendre en même temps des photos de chaque millimètre de la voie ferrée. Les images qu’il récolte sont ensuite analysées pour constater les composantes du chemin de fer et leur état. 

Est-ce que les traverses sont fissurées ? Est-ce que les boulons des joints sont présents et en bon état ? 

Des inspections humaines sont réalisées environ deux fois par semaine sur les chemins de fer. 

« Malgré ça, on constate qu’il y a entre 0,7 et 1,5 % d’erreur, que l’humain de ne voit pas, mais qui sont présentes sur le terrain », note Luc Faucher, directeur du Centre d’expertise ferroviaire RAIL. L’efficacité de la technologie du LRAIL, on l’estime, elle, à plus de 98 %. Les deux ensemble sont donc complémentaires. L’un voit ce que l’autre ne voit pas et vice versa. On vient ainsi considérablement réduire les risques de bris, donc d’accidents, avance le Centre d’expertise. 

Potentiel 

En 2019, il fallait jusqu’à 35 jours après une inspection du camion LRAIL de 400 km de voie, pour que ses informations recueillies soient interprétées et présentées aux compagnies utilisatrices. À ce jour, on parle du même résultat en 36 ou 48 heures. Malgré cette énorme évolution, le Centre d’expertise ferroviaire continue de développer la technologie. 

« On n’est même pas encore au tiers du projet », dit M. Faucher. 

Il y a encore beaucoup de composantes sur les chemins de fer à faire ressortir pour en vérifier les défauts. 

La technologie est cependant suffisamment avancée pour pouvoir désormais être partagée sans crainte de « se la faire voler ». D’où la raison de cette première présentation à l’échelle internationale, dans le cadre de l’International Heavy Haul Conference, qui aura lieu du 27 au 31 août, à Rio de Janeiro. 

L’événement sera aussi l’occasion de séduire des minières d’ailleurs sur le globe.

« Si quelqu’un en Australie a le camion par exemple, on pourrait lui offrir un service à distance et interpréter ses données pour lui et faire des tableaux », explique M. Faucher. 

Cela représente des revenus potentiels pour le Centre d’expertise ferroviaire du Cégep, qui compte 12 employés et qui doit s’autofinancer.

IOC à RIO  

La Compagnie minière IOC est un des partenaires du RAIL. Elle est une fervente utilisatrice du camion. 

Près de la moitié du chemin de fer QNS&L est composée de courbes, ce qui représente un enjeu considérable pour son entretien, en plus de la météo variable du Québec. 

« Et si on transportait des céréales, on n’aurait pas le même budget d’entretien », ajoute Dominique Sirois, Ingénieur ferroviaire principal, Entretien du chemin de fer chez Rio Tinto IOC, car la lourdeur du minerai impacte également sur l’usure. 

M. Sirois voit pour le camion LRAIL un « gros potentiel ».

« La technologie prend une image complète, tandis qu’actuellement, on a certains fournisseurs qui vont venir et scanner une partie seulement [du chemin de fer]. Ils ne voient pas tous les éléments, tandis que le véhicule du Cégep, lui, voit l’ensemble », dit-il.  

En parallèle, IOC a deux autres projets de recherche et développement avec le Conseil national de recherche, qu’elle présentera à la conférence.

Il est question de wagons de minerai instrumentés. Ils prennent des mesures des forces produites entre les wagons sur un train de minerai en opération. L’objectif est aussi de réaliser un meilleur entretien des rails et leur utilisation offre des avantages au niveau sécuritaire et financier. 

Le tonnage de minerai transporté par la Compagnie minière IOC a augmenté de manière importante au cours des quatre dernières années. 

« Notamment en raison de la croissance des activités de nos clients externes », a indiqué Simon Letendre, directeur des relations avec les médias chez Rio Tinto. En plus d’IOC, Minerai de fer Québec, Tacora et Tata Steel utilisent le QNS&L pour acheminer leur minerai vers Sept-Îles.

« Cette croissance est appelée à se poursuivre au cours des années à venir, d’où l’intérêt d’améliorer nos pratiques en matière d’entretien et de sécurité ferroviaire », a ajouté M. Letendre. 

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