Le club Grimper la côte veut normaliser l’escalade à Baie-Comeau

Par Johannie Gaudreault 6:00 AM - 12 juillet 2023
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Camille Robidoux-Daigneault lors d’une séance d’escalade à la baie Saint-Pancrace. Photo courtoisie

La Manicouagan est une région qui regorge de potentiel d’escalade, mais les sites ne sont pas normalisés pour l’instant. Le club Grimper la côte, fondé il y a deux mois, prend les choses en main et commence le travail de mise aux normes. 

L’escalade existe depuis longtemps à Baie-Comeau. Une génération successive de grimpeurs ont développé des sites, mais depuis quelques années, « on ressent le besoin de s’arrimer avec les normes de standard de sécurité de la Fédération québécoise de montage et d’escalade (FQME) », affirme la présidente du club Grimper la côte, Camille Robidoux-Daigneault. 

« On a beaucoup de secteurs d’escalade officieux. De l’escalade de voies, qui se pratique avec une corde, on en a plus ou moins 5 dans les environs de Baie-Comeau. On a aussi un excellent secteur d’escalade de blocs, sans corde et avec un matelas d’atterrissage. Ces secteurs-là ne sont présentement pas affiliés au réseau, ce qui fait en sorte que les grimpeurs du Québec ont l’impression qu’il n’y a pas d’escalade à Baie-Comeau », poursuit-elle. 

Ce n’est absolument pas le cas. « On a un potentiel de granite qui est probablement plus élevé que dans n’importe quelle autre région. On a déjà beaucoup de voies qui sont équipées et prêtes à accueillir nos grimpeurs », assure celle qui pratique ce sport extrême depuis 12 ans. 

Des clubs locaux d’escalade sont présents dans la plupart des régions du Québec. Pour la Manicouagan, il y a déjà eu le Club d’escalade Manicouagan, mais il faisait la gestion du mur d’escalade intérieur du Cégep de Baie-Comeau seulement. « Ça fait quelques années que le club n’est plus en activité. Donc, nous on voulait prendre le relais, mais on veut se concentrer sur l’escalade extérieure », souligne la présidente. 

Objectifs : développer et pérenniser 

L’organisme Grimper la côte cultive deux objectifs principaux : développer et pérenniser le patrimoine rocheux de la Manicouagan. « Bien qu’il y a des voies ouvertes, il y a un potentiel d’ouverture beaucoup plus grand. Il y a aussi des voies qui doivent être rééquipées parce qu’on va avoir des ancrages rouillés ou mal positionnés donc qui peuvent induire des chutes dangereuses pour nos pratiquants », explique d’abord Mme Robidoux-Daigneault. 

En ce qui concerne la pérennité, le club veut se faire connaître pour faciliter les ententes d’accès, notamment. « Si on n’est pas reconnu auprès de la Ville et de la MRC, ça peut entraîner des conflits d’usage éventuellement. Mais c’est aussi pour que nos grimpeurs locaux puissent bénéficier d’une couverture d’assurance auprès de la Fédération québécoise et que nos sites aient la visibilité qu’ils méritent. Ils ont un potentiel récréotouristique qui est vraiment très grand », ajoute la grimpeuse d’expérience. 

Comme si le défi n’était pas encore assez grand, le conseil d’administration se donne également la mission d’agrandir la communauté de grimpeurs de la région. En ce sens, une formation s’est tenue récemment permettant à des bénévoles d’apprendre à former des personnes qui souhaitent s’initier à l’escalade. 

« On aimerait aussi organiser des événements pour initier les gens qui le souhaitent. Notre esprit est de favoriser la pratique sécuritaire de l’escalade parce que malheureusement, comme il n’y a pas beaucoup d’accès à la formation, nos pratiquants doivent aller jusqu’à Chicoutimi, voire Québec, pour suivre des cours, ce qui peut en dissuader certains. On veut répondre à ce besoin », divulgue Mélina Chassé, vice-présidente du club local. 

Jusqu’à maintenant, 57 grimpeurs sont membres du club Grimper la côte, un nombre qui ravit les administrateurs. Le coût du membership s’élève à 10 $ par année et, en plus de soutenir les activités, il permet l’achat d’équipements collectifs et l’installation d’infrastructures permanentes en paroi.

« Être membre du club permet aussi de participer à nos cliniques de perfectionnement (rafraîchissement de connaissances) et à nos activités sociales qui seront plus soutenues à partir de la mi-juillet », ajoute Camille Robidoux-Daigneault précisant que l’objectif est maintenant d’embaucher un employé à temps partiel pour aider aux tâches administratives et sur le terrain. 

Deux ententes en développement

En ce moment, le club manicois travaille sur la conclusion de deux ententes. Une avec un propriétaire privé et l’autre pour l’utilisation du territoire public. L’organisme est en attente d’un certificat de conformité de la part de la Ville de Baie-Comeau et les délais sont un peu plus longs durant la période estivale.

« On est très confiant pour ces deux secteurs-là. Les démarches sont très bien amorcées. Ce sont deux secteurs où il n’y pas beaucoup de travaux à faire pour la mise aux normes », se réjouit la présidente. Si les ententes se signent de part et d’autre, deux nouveaux sites fédérés feront leur apparition sur la carte des sites pour la Manicouagan. Sur la Côte-Nord, on retrouve deux sites fédérés actuellement, tous deux situés à Gallix. 

Finalement, Camille Robidoux-Daigneault et Mélina Chassé invitent les nouveaux grimpeurs à communiquer avec Grimper la côte avant d’entreprendre leur première expérience d’escalade. « C’est un sport accessible à tous, mais ça prend des connaissances techniques pour le pratiquer de façon sécuritaire », conclut la vice-présidente et grimpeuse depuis quatre ans. 

À Mistassini, on retrouve un site d’escalade de blocs. Photo courtoisie