Un été avec les moustiques, brûlots et compagnie
Source: IStock
Pour prospérer, les insectes qui piquent et qui mordent ont besoin d’eau et de chaleur. Le printemps sec qu’a connu le Québec n’est toutefois pas la promesse d’un été sans piqûres, indique André-Philippe Drapeau Picard, préposé aux renseignements entomologiques à l’Insectarium de Montréal.
« C’est toujours difficile de faire des prédictions pour l’ensemble de l’été, parce que tout dépend de la météo qu’on va avoir. La bonne période de sécheresse que nous avons connu n’a pas été favorable aux moustiques qui ont besoin d’eau et de milieux humides pour se reproduire, mais ils n’attendent que la pluie et la chaleur pour sortir! »
Les milieux humides qui retiennent l’eau comme les tourbières, les étangs et les mares, par exemple, sont des habitats particulièrement propices pour les moustiques. La quantité de neige influera également sur la quantité de « bibittes ».
« S’il y a beaucoup de neige, lors de la fonte, les rivières vont être très hautes et déborder ce qui va créer des habitats propices pour la mouche noire en particulier. Pour cette raison, il y a généralement beaucoup d’insectes au printemps et pour le reste de l’été, ça dépend des précipitations et de la température », indique M. Drapeau Picard.
Mouche noire, brûlot, même combat?
Les insectes qui nous tarabustent se divisent en deux catégories : d’un côté, ceux qui piquent, et de l’autre, plus voraces encore, ceux qui mordent.
Les petits noms affectueux que les résidents de chaque région donnent aux bestioles volantes qui leur empoisonnent l’existence varient d’une région à l’autre, ce qui crée parfois de la confusion! « La mouche noire et le brûlot, ce n’est pas tout à fait la même chose. Pour les entomologistes, les mouches noires sont une espèce de la famille des simulies alors que les brûlots, encore plus petits, sont des cératopogonidés. C’est eux que les anglophones appellent » noseeum « (traduction libre : on ne les voit pas). Ils sont tellement petits qu’ils peuvent passer à travers certains moustiquaires! »
Les maringouins sont de la famille des culicidés. Seules les femelles tenteront de faire le plein de protéines en vous perçant la peau.
Les mouches à chevreuil et taon à cheval font pour leur part partie de la famille des tabanidés.
« Eux ne piquent pas, ils cisaillent la peau. Leurs pièces buccales sont de petits couteaux qui leur servent à faire des entailles dans la peau pour ensuite sucer le sang qui en coule », explique l’entomologiste. Il rappelle que « tous les insectes ont des pièces buccales », mais certains sont plus féroces que d’autres. « Dépendamment des groupes, certaines vont servir à percer la peau et d’autres à aller chercher le nectar des fleurs », lance-t-il en riant.
Lutte pacifique
En 2021, 42 municipalités de la province ont reçu l’autorisation d’arroser leur territoire avec le Bacillus thuringiensis israelensis afin de contrôler les populations de moustiques. Comme tous ses collègues amis des insectes, André-Philippe Drapeau Picard n’est pas pour cette forme de lutte à grande échelle.
Et ce, quelle que soit la réputation de l’insectifuge utilisé. « À l’Insectarium, de façon générale, on n’encourage pas l’utilisation d’insecticide, surtout quand c’est pour contrôler des espèces indigènes », résume celui dont les principes s’assoupliront si la santé humaine est en jeu.
« On trouve que c’est justifié lors d’un épisode de résurgence du virus du Nil par exemple, mais les moustiques ont des rôles écologiques dans nos écosystèmes naturels. Quand on épand du B.t. (Bacillus thuringiensis) dans nos rivières et nos milieux humides, ça prive de nourriture des amphibiens au statut précaire qui s’alimentent de larves de moustiques par exemple. »
Les populations d’oiseaux insectivores, qui se nourrissent pour la plupart d’insectes adultes, connaissent généralement un déclin au Canada et dans le monde et on soupçonne les larvicides et insecticides d’être parmi les responsables.
« Pendant longtemps, on a affirmé que le B.t. n’avait pas d’impact sur d’autres insectes aquatiques, mais des recherches suggèrent que ce n’est pas aussi simple… », déplore M. Drapeau Picard.
Bien qu’exaspérants à leurs heures, les insectes qui piquent et qui mordent font partie, tout comme vous d’ailleurs, de la chaîne alimentaire!
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