Changements climatiques : un avantage pour l’agriculture de la Côte-Nord

Par Vincent Rioux-Berrouard 4:00 PM - 24 mai 2023
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On attend parler de nombreuses conséquences qui proviendront des changements climatiques, mais la hausse des températures vient favoriser certaines nouvelles formes d’agriculture sur la Côte-Nord.

Pour Yves Laurencelle, président de l’Union des producteurs agricoles pour la région Capitale-Nationale–Côte-Nord, l’impact des changements climatiques se fait déjà sentir dans la région.

« Je prends le secteur entre Tadoussac et Baie-Comeau, on a gagné presque sept semaines de saison végétative. Les périodes de gel sont plus tard et l’arrivée de la neige aussi. Année après année, on trouve des températures qu’on n’avait pas il y a une douzaine d’années », souligne-t-il.

Pour démontrer l’impact, il donne l’exemple de producteurs agricoles qui se tournent vers certaines productions comme le houblon, le maïs, ou même l’apiculture avec les abeilles.

« Ce ne sont pas des projets qu’on aurait pensé possibles sur la Côte-Nord, il y a une quinzaine d’années », estime M. Laurencelle.

Il ajoute que contrairement à d’autres régions du Québec, particulièrement plus au sud, qui pourraient être impactées par des sécheresses, la Côte-Nord pourrait tirer avantage des changements climatiques.

« On va être beaucoup moins impacté. Oui, il pourrait y avoir des périodes de sécheresse, mais il y a moyen de trouver de l’eau. On n’a pas les mêmes enjeux », dit-il.

Une partie de la région de la Côte-Nord est située en zone nordique. Cela a pour effet de rendre l’agriculture de certains types de fruits et légumes plus difficile, en raison du manque de chaleur et de la période estivale plus courte.

Selon une étude du Conseil pour le développement de l’agriculture du Québec (CDAQ) datant de 2021, il devrait y avoir une augmentation de la température moyenne annuelle de 2,8 °C d’ici 2050 sur la Côte-Nord.

Du côté positif, cette hausse pourrait permettre de planter plus tôt au printemps et de planter des espèces et variétés plus exigeantes en chaleur. Par contre, toujours selon le rapport, il y aura une augmentation des besoins d’irrigation des cultures.

Effets déjà ressentis

De son côté, le propriétaire des Jardins ADN à Sept-Îles, Denis Picard, affirme commencer à sentir les effets qu’on peut attribuer aux changements climatiques.

Selon lui, s’il y a plus de chaleur sur la Côte-Nord, cela peut être positif pour l’agriculture. Par contre, s’il manque d’eau, c’est une catastrophe.

Il ajoute que les changements climatiques sont maintenant une préoccupation dans le milieu agricole.

« On sait ce qui s’en vient, donc moi, dans mon cas, j’essaie d’être proactif pour me préparer, parce qu’avec tout ce qu’on entend, j’ai l’impression qu’un jour on va avoir des sécheresses. »