La garderie prépare-t-elle mon enfant à l’école?

Par Sylvie Roussy 7:00 AM - 1 avril 2023
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Photo Pixabay

Les inscriptions des élèves en maternelle sont commencées. Il faut savoir que sa fréquentation n’est pas obligatoire au Québec. Cependant, elle prépare adéquatement les enfants à leur entrée en première année. Dans ma carrière, je n’ai jamais eu l’occasion d’accueillir un élève en 1re, sans qu’il n’ait fréquenté l’école préscolaire. Toutefois, à quelques reprises, nous avons reçu des enfants à la maternelle qui n’avaient fréquenté ni centre de la petite enfance (CPE), ni garderie subventionnée. En ce moment où ces services sont difficilement accessibles pour plusieurs familles, il est pertinent de s’intéresser à leur impact sur le développement social, cognitif et affectif des nouveaux petits élèves.

De nombreuses organisations et groupes de recherche ont comparé le parcours scolaire de groupes d’enfants ayant fréquenté des services de garde, des garderies (en milieu familial, subventionné ou non) ou n’ayant fréquenté aucun de ces services.

Il me semble important de présenter certains résultats compilés dans la publication Examen du lien entre la fréquentation des services de garde et le développement des enfants de maternelle de l’Institut de la statistique du Québec, publiée en 2017. On y présente ce qui peut influencer, les facteurs de vulnérabilité, qu’on observe chez les enfants à leur inscription à la maternelle.

En bref, selon cette étude, les garçons, les enfants plus jeunes, ceux de parents moins scolarisés et ceux provenant de ménages à faible revenu pourraient être plus vulnérables à leur entrée à la maternelle. Certains enfants ayant passé plus de 25 heures, voire plus de 35 heures en garderie pourraient aussi moins bien s’adapter à la vie en groupe, aux structures et règles de l’école; on croit que le niveau de leur maturité affective et leurs compétences sociales pourraient être un enjeu.

Cependant, la garderie augmenterait le niveau des connaissances acquises par les enfants et leur habileté de communication.  Une lecture plus attentive de cette étude avise toutefois le lecteur que d’autres variables devraient être prises en compte, afin de mieux circonscrire ces résultats.

Il m’apparaît incontournable de présenter les réflexions glanées çà et là, durant mes années de travail dans des écoles primaires. Pour ce faire, adoptons un scénario où le milieu scolaire neposséderait aucune donnée de l’historique des élèves entrant à la maternelle. 

Imaginons un instant une rencontre de ces enfants en mai, quelques mois avant la rentrée scolaire. Pendant quelques heures, les enseignantes donnent des tâches variées aux enfants: dessiner une maison, colorier, assebler un casse-tête simple, participer à une discussion, prendre un rang, écrire son nom, compter jusqu’à 10,jouer au ballon, partager une table de travail, etc.  dans un milieu inconnu, entouré de plusieurs autres enfants et adultes inconnus… sans papa et maman tout près. Durant cette demi-journée, on observe des enfants qui ont déjà fait ce genre de tâche, d’autres non. On observe aussi certains enfants qui ont des difficultés à effectuer certaines tâches, ou à interagir avec les autres. Certains parlent beaucoup, d’autres peu ou difficilement. 

La plupart de ces enfants ont fréquenté un CPE, un service de garde, une garderie. Il est cependant difficile de déterminer ceux qui n’ont pas eu cette opportunité dans le groupe observé de manière sûre. Les enseignantes de maternelle vous le diront: la fréquentation d’un CPE est certainement un atout pour un enfant, mais il n’est pas tout.

D’autres importantes variables font en sorte de faciliter son entrée à l’école: milieu familial sécuritaire, sain, structuré, tempérament, sexe et personnalité de l’enfant, condition physique, affective et mentale de l’enfant, estime de soi. Les caractéristiques du milieu de garde sont aussi importantes dans ces conclusions, ainsi que le nombre d’heures passées en garderie. 

En bref, un enfant dont les parents ont fait le choix de lui offrir ses quatre premières années sans CPE ou garderie n’est pas nécessairement moins bien préparé à l’entrée en maternelle. 

Gardons en tête que les CPE et garderies sont des services offerts aux enfants. Ils sont des outils supplémentaires que se donnent les parents pour leurs enfants. Les diverses recherches démontrent le bien-fondé de ces services, surtout pour les enfants en milieu défavorisés, mais également leurs défis. 

Enfin, je crois que l’école maternelle ne devrait pas être un lieu de performance pour les enfants prêts ou non, avancés ou non, connaissants ou non. L’école accueille les enfants où ils sont rendus dans leur développement et les accompagne vers une progression. N’oubliez pas que c’est l’école qui s’adapte aux enfants. Pas l’inverse.

*Merci à mes amies Lise, Andrée-Anne et Mélanie pour leur aide à ma réflexion pour cette chronique.