La distillerie Vent du Nord à bout de souffle
Les copropriétaires de la distillerie Vent du Nord de Baie-Comeau, Paul Blanchard et Catherine Blier, se disent à bout de souffle. en raison des difficultés rencontrées par l'industrie. Photo : Archives
« Dire que l’avenir de la distillerie Vent du Nord est incertain serait un euphémisme. » C’est la phrase écrite par Catherine Blier, propriétaire de l’entreprise qui, à travers l’Union québécoise des microdistilleries (UQMD), a lancé un cri du cœur à la Société des alcools du Québec (SAQ) la semaine dernière.
Les distilleries membres de l’UQMD ont demandé à la SAQ de revoir leur majoration concernant les ventes effectuées à la distillerie. « Notre demande est minime, à savoir qu’un escompte d’environ 15 % soit accordé pour les ventes effectuées sur nos lieux de fabrication afin de nous permettre de respirer un peu », explique d’entrée de jeu Mme Blier, qui ne souhaite pas mettre fin aux opérations de sa compagnie.
Il faut savoir que la SAQ prélève un pourcentage du prix de chaque bouteille vendue au Québec pour ses frais de vente, de mise en marché, de distribution et d’administration.
Selon la productrice régionale, cette révision, « d’un montant complètement marginal pour la société d’État », permettrait à l’industrie de survivre. « En ce moment, il est plus profitable pour nous de vendre nos produits dans une succursale SAQ que de vendre ceux-ci dans notre distillerie », illustre-t-elle.
L’UQMD a veillé à vérifier avec des juristes indépendants si les lois actuelles permettraient à la SAQ de répondre favorablement à la demande des microdistilleries.
« La réponse est sans équivoque : les lois actuelles permettent à la SAQ de réduire sa majoration sur les ventes effectuées à la propriété, et cela sans contrevenir aux accords de commerce international en vigueur », commente Catherine Blier qui dit faire partie des entrepreneurs à bout de souffle, avec son associé Paul Blanchard.
En effet, ce sera bientôt la fin de la distillerie Vent du Nord et de plusieurs autres distilleries au Québec si le gouvernement ne change pas rapidement le contexte législatif prohibitif de la vente des spiritueux, aux dires de la passionnée attristée par ce discours.
« Nous générons énormément de revenus directs et indirects pour l’État, et nous voulons continuer à contribuer pleinement au financement des services publics. Mais il faut reconnaître que les spiritueux sont traités injustement au Québec. Nous ne demandons rien de plus que d’être traités de la même façon que les autres producteurs d’alcools : bière, vin, cidres », ajoute l’entrepreneure baie-comoise.
Catherine Blier aimerait que le Québec prenne exemple sur d’autres provinces canadiennes qui ont déjà changé leur législation entourant la vente de spiritueux, en toute conformité avec les ententes de commerce international.
« La CAQ, qui compare souvent notre situation aux autres provinces, doit reconnaître que le Québec est bon dernier à ce niveau », déplore-t-elle en spécifiant que les distilleries ne demandent pas d’aide, mais de l’air.
Les associés de la distillerie de Baie-Comeau ont rencontré le député Yves Montigny le 9 mars pour leur faire part de leur situation et de leur demande. Aucune des deux parties n’a voulu commenter cette rencontre. Toutefois, Mme Blier témoigne avoir senti une écoute. « On peut compter sur lui », croit-elle.
Avec Colombe Jourdain
Même son de cloche à la Distillerie Puyjalon
À la Distillerie Puyjalon à Havre-St-Pierre, le président et directeur des opérations, Mario Noël, va dans le même sens. « On est d’accord avec les demandes de l’UQMD. La majoration de la SAQ sur les ventes sur place n’est pas justifiée et nous empêche d’être compétitif à l’international. Aucun autre pays ou état dans le monde ne prend autant sur une vente faite sur les lieux de production. C’est injuste pour nos entreprises », commente-t-il.Afin d’assurer une meilleure rentabilité de son entreprise, M. Noël s’est d’ailleurs tourné plus rapidement que prévu vers la production de bière. « La décision de faire de la bière était déjà un projet à long terme que nous avons ramené à court terme pour mieux soutenir la production des spiritueux comme le whisky et l’acérum qui demande plusieurs années de vieillissement », explique le président, qui espère lui aussi que les demandes seront entendues.
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