Les terrains de débordements nuisent à l’industrie du camping

Par Marie-Eve Poulin 6:00 AM - 18 août 2022
Temps de lecture :

Alors que la règlementation indiquait cinq espaces autorisés, ce sont près de 20 véhicules qui occupaient le stationnement à la plage Monaghan.

Les propriétaires de terrains de camping sont mécontents. Les terrains de débordements dépassent la capacité autorisée et les campings, eux, sont loin d’être à pleine capacité.

En raison du fort achalandage touristique durant la pandémie, au moment où les gens ne pouvaient voyager à l’extérieur de la province, la Ville de Sept-Îles avait permis aux propriétaires de véhicules récréatifs (VR) et de roulottes d’utiliser un certain nombre de stationnements municipaux.

Lors de la séance du conseil du 14 mars 2022, la Ville de Sept-Îles a adopté, pour une deuxième année, un règlement permettant aux VR d’utiliser certains stationnements municipaux de la ville, pour y passer un maximum de deux nuitées. Ce règlement est en vigueur pour la période du 21 juin au 21 septembre. Au total, ce sont 19 places de stationnement qui ont été autorisées sur le territoire de la ville.

Ce règlement a été adopté pour permettre aux propriétaires de véhicules récréatifs de trouver un espace dans le cas où les terrains de camping seraient remplis. Cette solution se veut une alternative pour dépanner les visiteurs, lorsque les campings n’ont plus d’espaces disponibles. Toutefois, la réalité est tout autre.

Les propriétaires sont mécontents

Les propriétaires dénoncent le manque de contrôle qui leur avait pourtant été promis, avant la mise en place des terrains de débordement. Ils constatent que le nombre de places autorisées et la durée du séjour ne sont pas respectés.

« Malheureusement la police ne peut rien faire. S’il y a cinq véhicules d’autorisés, mais que dix sont présents, comment peuvent-ils en renvoyer vers les campings ne sachant pas qui est arrivé en premier », explique un propriétaire.

Les campings habitués d’accueillir un certain nombre de visiteurs passagers disent qu’ils sont maintenant rares. Ils rapportent même que certains utilisateurs des stationnements municipaux y restent des semaines, et même, pendant un mois complet.

« On s’attendait à une baisse d’achalandage vu que maintenant les gens peuvent voyager ailleurs qu’au Québec. En fait on revient à la normale comme avant la pandémie, mais nous ne sommes pas de retour à l’achalandage habituel », dit un propriétaire.

« Nos campings sont vides, nos chiffres d’affaires n’ont jamais été autant à la baisse et on voit que les terrains publics dépassent le nombre de véhicules autorisés », dit un propriétaire de camping en colère.
Les propriétaires clament être des payeurs de taxes et disent ne pas mériter cette « compétition déloyale ».

Tous ceux contactés par le journal souhaitent s’entraider dans les démarches afin de faire changer la situation qui nuit à leur entreprise. Certains ont entrepris des démarches auprès de la Ville, d’autres comptent le faire et d’autres comptent les appuyer.

« On est tous dans la même situation, ce n’est pas correct, on va s’appuyer », dit l’un d’entre eux.

La Ville pourrait changer son règlement l’été prochain

Le directeur général de la Ville de Sept-Îles, Patrick Gwilliam, est conscient de la situation actuelle et attend les chiffres de Tourisme Côte-Nord pour avoir un meilleur portrait, afin de penser aux décisions qui seront prises par le conseil l’année prochaine.

« Sous toutes réserves, il n’est pas impossible que ce règlement ne soit pas reconduit l’année prochaine », dit-il.

« Force est de constater que le nombre de personnes qui viennent ici en VR n’est pas le même que les deux dernières années. C’est réduit de manière assez significative », ajoute-t-il.

M. Gwilliam assure que ce règlement était lié à la grande vague de touriste qui s’est présentée dans la région lors des restrictions en lien avec la pandémie. Il précise que le règlement n’a pas été adopté de manière permanente, mais bien de manière à évaluer la nécessité année après année.

« À première vue, on pensait tout le monde, évidemment avec la collaboration de Tourisme Sept-Îles, qu’on aurait encore un fort achalandage comme les deux dernières années, ce qui n’a pas été le cas », dit-il.

« Cette année on était entre les deux, mais on pensait bien qu’on aurait encore les effets de la pandémie. Quand on a pris la décision, le prix de l’essence n’avait pas augmenté autant qu’on le voit là », explique-t-il.

Il rapporte que des inspecteurs et la Sûreté du Québec font des tournées et doivent parfois intervenir, mais que les plaintes se font peu nombreuses cet été. Lors des interventions, les gens sont poliment invités à quitter et les touristes sont référés vers les campings, mais des constats ne sont pas remis.

Comme la saison est bien avancée et tire bientôt à sa fin, M. Gwilliam croit qu’il est trop tard pour apporter des modifications pour cette année, mais il affirme que la situation donne des indications pour l’année prochaine.

Partager cet article