Le portrait n’est pas rose chez les arbitres au hockey

Par Sylvain Turcotte 6:15 AM - 3 novembre 2021
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Les chandails rayés noir et blanc sont peu nombreux en cette saison 2021-2022. Photo iStock

Pénurie de main-d’œuvre par-ci, pénurie de main-d’œuvre par là. Il n’y a pas que les entreprises, commerces, restaurants et autres qui sont frappés. Le milieu du sport aussi. Le portrait n’est pas rose au niveau des arbitres au hockey mineur à Sept-Îles et sur l’est de la Côte-Nord.

Il y a quelques semaines, une douzaine de matchs ont dû être annulés en Estrie faute d’arbitres. À Sept-Îles, l’Association du hockey mineur locale a dû faire de même en fin de semaine. Cinq parties enlevées du calendrier dans le simple lettre. L’atome AA a pu jouer ses deux rencontres puisque Roberval était en visite et que les arbitres avaient confirmé il y a quelque temps.

« La même chose se passe ailleurs. On voit partout des Nous embauchons. On pourrait le faire dans les vitres des arénas », souligne l’arbitre en chef du secteur Est de la Côte-Nord, Harold Lemieux. Il soutient que le portrait n’est pas rose. « On ne voit pas la lumière au bout du tunnel. ». Il a le même son de cloche à Havre-Saint-Pierre auprès de Luc Picard.

Plus d’un facteur en cause

On ne se fera pas de cachette. L’attitude et le comportement de certaines personnes qui ne se font pas tendres à l’endroit de ceux et celles qui arborent le chandail rayé pèsent beaucoup dans la balance.

« Des passionnés, il y en a de moins en moins. Beaucoup de journalistes, notamment Lemay (Martin de RDS) disent de les (les arbitres) laisser tranquilles. Des jeunes de 14, 15, 16 ans se font engueuler comme du poisson pourri. Ce n’est pas tout le monde qui accepte ça », ajoute M. Lemieux.

L’arbitre en chef pour Sept-Îles, Maxime Bernier, indique de son côté qu’il est dur de compétitionner au niveau des conditions avec les Mcdo et autres chaînes.

« Pour arbitrer au hockey, des jeunes de 16-17 ans doivent s’acheter l’équipement pour 300- 400 dollars, s’affilier pour 150$ et être payé 15-20 dollars du match et se faire crier après. Le choix est facile. Il y a des questions à se poser sur le traitement des arbitres au Québec », a fait savoir celui qui arbitre depuis une quinzaine d’années et qui s’est forgé une solide carapace, « mais ce n’est pas donné à tout le monde. »

Il ajoute que son effectif compte seulement une quinzaine d’arbitres pour le moment pour la saison 2021-2022, le deux tiers dans la tranche d’âge adulte. La rétention n’est pas facile. « La réalité, c’est qu’on les forme jeune, mais on les perd jeune. On manque de relève et on a passé le mot que c’est tolérance zéro pour le comportement des entraîneurs. »

Il indique que même pour les ligues adultes, ça ne dérougit pas. « Les vieux, on essaie de backer, mais plusieurs sont à bout du rouleau. Ça use les anciens. »

L’est de la région se trouve aussi désavantagé par rapport à l’ouest où la plupart des grosses parties, celles du AAA, se jouent. Certains de ses joueurs sont aussi arbitres, donc ils ne sont pas à Sept-Îles le week-end. « Plusieurs pourraient la semaine, mais… », a dit Harold Lemieux.

Ce dernier évoque également le contexte de la COVID. « Certains sont plus craintifs. »

Il y a aussi l’aspect de l’imposition du salaire des arbitres qui « nuit et ça fait fuir beaucoup d’arbitres. Le soccer a payé pour. Il a parti le bal ».

Il y a des endroits, notamment dans la région de Montréal, que ce sont les municipalités qui payent les arbitres, qui reçoivent ainsi un T-4.

« Tout ça mis ensemble et on arrive à ça. On s’y attendait », soulève M. Lemieux.

La diminution du nombre d’arbitres serait à la hauteur de 25 à 30% selon les données de Hockey Québec, a mentionné l’arbitre en chef pour l’est de la Côte-Nord.

Solutions?

Parmi les pistes de solution, Harold Lemieux parle du projet de l’ancien arbitre de la Ligue nationale de hockey, Stéphane Auger, celui de former les hockeyeurs bantam au niveau scolaire. « Si chaque région fait cette action, ça fera de meilleurs connaisseurs. »

De son côté, Maxime Bernier a parlé d’un possible partenariat avec l’Association du hockey mineur de Sept-Îles afin de défrayer l’accréditation de l’arbitre et une partie de l’équipement après avoir officié quelques matchs. Il a aussi soulevé l’idée d’aller en former dans les écoles.

« Si on pouvait aller en chercher cinq ou six, ça serait tant mieux. »

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