Enseignante à 78 ans : l’âge n’arrête pas Margot Imbeault-Morin

Par Charlotte Paquet 8:26 AM - 2 novembre 2021
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À 78 ans, Margot Imbeault-Morin n’est pas encore prête pour la retraite. Elle poursuit sa carrière d’enseignante à Pessamit.

Si la majorité des gens rêvent à leur retraite à l’approche de la soixantaine, Margot Imbeault-Morin, 78 ans bien sonnés, continue de la retarder par passion pour l’enseignement. Portrait d’une dame hors du commun.

Cherchez-en des personnes de son âge qui sont toujours actives sur le marché du travail. Et actives à temps plein, s’il vous plaît. Elles sont des exceptions. Mais il faut dire que la principale concernée affirme avoir peine à réaliser l’âge qu’elle a.

La charmante septuagénaire de Pointe-Lebel enseigne depuis ses 20 ans. Même lorsque ses quatre enfants étaient jeunes, elle gardait un pied dans la profession en faisant du remplacement dans les écoles et en participant aux formations offertes

Au début de sa carrière, elle a enseigné en Ontario, où elle a vécu 18 ans. À son arrivée dans la Manicouagan au milieu des années 80, elle a travaillé au Baie-Comeau High School, à l’école secondaire Jean-Paul II, aujourd’hui fermée, et dans des écoles de la péninsule Manicouagan.

Puis, un jour, un appel est arrivé de Pessamit, où elle enseigne depuis 26 ans maintenant.

Partir en chantant

« Je suis bien à l’école. Ce n’est pas un travail, c’est comme une passion », raconte Margot Imbeault-Morin. « Moi, je n’ai pas besoin de retraite, car ça ne me fatigue pas. Le matin, je pars en chantant. »

Après avoir travaillé 22 ans au primaire à l’école Nussim, la dame a accepté, il y a quatre ans, de passer au secondaire à l’école Uashkaikan. Ses étudiants, qu’elle dit adorer, sont des jeunes à qui il manque des compétences en français et en mathématiques pour accéder à la première année du secondaire.

« J’aime les enfants et je m’adapte facilement. Là-bas (à Pessamit), je suis chez nous. C’est du monde qui aime rire et moi, j’aime rire. C’est du bon monde », dit-elle. Ce qu’elle remarque chez les élèves innus, c’est le grand respect qu’ils démontrent. « Moi, je parle beaucoup du respect et de persévérance. »

Comme enseignante, elle se considère toujours à sa place. « Moi, j’arrive là pleine d’énergie. Je donne mon 100 %, je veux la réussite des jeunes », assure-t-elle.

Mme Imbeault-Morin n’a pas l’impression de faire les frais d’âgisme. D’ailleurs, même si elle ne fait vraiment pas son âge, elle ne l’a à peu près jamais dévoilé. Les rares fois où le sujet était abordé, elle le contournait habilement. Mais en acceptant de témoigner de son vécu au journal Le Manic, force est d’admettre qu’elle ne pourra plus le cacher.

Une autre caractéristique de l’enseignante, c’est sa soif d’apprendre. Comme elle le dira, il n’y a pas d’âge pour ça. Aussi, véritable bête noire pour bien des gens, les nouvelles technologies ne la rebutent aucunement. Elle compose très bien avec l’enseignement à distance quand il devient nécessaire, comme cela est arrivé à quelques reprises depuis le début de la pandémie.

Pas d’urgence

Même si elle approche de ses 80 ans, Mme Imbeault-Morin ne sent pas l’urgence de prendre sa retraite. « L’an passé, j’ai essayé. Je me suis dit il faut que j’arrête, ç’a pas de bon sens, mais non », raconte-t-elle en riant.

Ses enfants, dont deux vivent dans la Manicouagan et deux en Ontario, tentent de la raisonner. « Ils m’ont dit : maman, tu n’auras pas de retraite. Je leur ai dit : inquiétez-vous pas, je n’en veux pas de retraite. »

La dame se dit évidemment consciente qu’il lui faudra franchir ce cap tôt ou tard. D’ailleurs, chaque année lors du renouvellement de son contrat, son supérieur est bien averti : si un jeune enseignant souhaite travailler à Pessamit, elle est prête à lui céder son poste. « Même si je vais pleurer », ajoute-t-elle, d’un ton amusé.

Une femme débordante d’énergie

Margot Imbeault-Morin a de l’énergie à revendre, même après ses journées de travail à l’école Uashkaikan à Pessamit. Du gaz, il en reste amplement à la septuagénaire, entre autres pour s’élancer sur des planchers de danse deux soirs par semaine depuis de nombreuses années.

La citoyenne de Pointe-Lebel est une adepte de danses en ligne. « Des cours, j’en ai tout le temps suivi », mentionne-t-elle. La marche, le vélo et le ski de fond également partie de ses loisirs de prédilection, tout comme la peinture.

Elle aime aussi les voyages en auto et les longues distances ne lui font pas peur. En août, au volant de son VUS, elle a quitté Pointe-Lebel pour Ottawa, où habite sa fille.

Le bonheur facile

À 78 ans, Mme Imbeault-Morin continue d’avoir le bonheur facile. C’est peut-être le secret de sa vivacité d’ailleurs. « Je ne suis pas une femme stressée. Je suis toujours positive, c’est pour ça que le bonheur est facile. »

Elle a grandi dans une famille où l’on préférait voir le verre à moitié plein plutôt qu’à moitié vide. Elle a donc appris à mordre dans la vie très jeune.

« Le bonheur, je le rencontre à tous les jours », conclut celle qui a cependant a eu la douleur de perdre son mari dans un accident de VTT en octobre 2019.

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