#maplaceautravail : les conséquences sur le manque de place en service de garde

Par Mélissa Bernier 1:10 PM - 14 avril 2021
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Mélissa Bernier, une maman qui aimerait trouver une place en service de garde pour son petit Thomas pour retourner au travail.

Bonjour,

Je suis mère d’un petit garçon qui aura bientôt 10 mois et suis censée retourner au travail à la fin mai. Faute de place dans les milieux de garde, je n’ai toujours pas trouvé de garderie pour mon coco. Comment puis-je retourner travailler dans de telles circonstances? J’ai pourtant essayé toutes les options suggérées par le gouvernement et mon entourage! Je me suis inscrite sur La Place 0-5 ans dès mon troisième mois de grossesse, j’ai fait plusieurs annonces dans différents groupes sur les réseaux sociaux et j’ai même appelé tous les services de garde en milieu familial de la ville.

Malheureusement, ces efforts n’ont pas porté fruit. On me dit qu’il n’y a pas de place pour mon petit avant 2022 ou 2023! En fait, je ne suis pas seule dans cette fâcheuse situation. Le stress causé par l’incertitude de trouver une place et de retourner travailler affecte des milliers de parents au Québec, on parle d’environ 51 000 enfants qui se cherchent actuellement une place en milieu de garde!

Face à l’urgence d’agir, le mouvement #Maplaceautravail a été lancé par Myriam Lapointe-Gagnon, doctorante en psychologie et jeune mère installée à Rivière-du-Loup. Ce mouvement regroupe maintenant plus de 5 000 parents et prend de plus en plus d’ampleur depuis les quatre dernières semaines à travers la province. Nous devons nous faire entendre!

Le manque de place en milieux de garde à d’énormes conséquences sur les familles québécoises. En voici cinq qui méritent d’être soulignées:

1- Le droit des femmes d’accéder au marché du travail

Il y a des milliers de femmes au Québec qui sont sans solde depuis des mois, sans aucune aide financière! Certaines perdent même leur emploi, leur permanence. Au Canada, les femmes font 25% moins de salaire que les hommes, raison pour laquelle c’est plus souvent elles qui restent à la maison et qui font une croix sur leur carrière. Nous sommes en train de retourner 80 ans en arrière!

2- Le manque de main-d’œuvre

Ici on parle entre autres d’infirmières, d’éducatrices et d’enseignantes qui ne peuvent retourner sur le marché du travail. De plus, elles sont toutes des travailleuses œuvrant dans des domaines pour lesquels il y a déjà un manque important de main-d’œuvre nonobstant la problématique des garderies. Bref, le problème fait boule de neige!

3- La rétention des familles

Plusieurs familles quittent carrément la région. Notre Côte-Nord ne peut pas se permettre que ces familles quittent le territoire. C’est la vitalité économique et sociale de notre région qui est en jeu. Il y a même des familles qui hésitent à avoir un deuxième enfant!

4- Violence conjugale

Selon un article de la Presse du 10 avril, notre région a le plus haut taux de violence conjugale au Québec et est même en augmentation depuis 2003. Le manque de place en milieux de garde n’est peut-être pas une cause à effet direct, mais il est important de comprendre que la précarité financière des femmes est un enjeu. Imaginez une femme qui est en congé sans solde depuis des mois et qui dépend financièrement de son conjoint violent. Pensez-vous qu’elle est en mesure de s’en sortir?

5- Socialisation et sécurité de nos enfants

Nos enfants ont besoin de socialiser et plusieurs d’entre eux n’ont pas eu cette chance durant leur première année de vie. Actuellement, on ne connait pas les conséquences que cela pourra avoir sur eux à long terme, puisque cette situation n’a jamais été vue auparavant. De plus, la Côte-Nord présente un taux de maltraitance près de trois fois la moyenne québécoise pour les 0-5 ans. On laisse carrément tomber une génération entière!

Pour finir, je tiens à souligner que le mouvement veut également promouvoir l’amélioration des conditions de nos éducateurs/éducatrices en s’associant au mouvement #valorisonsmaprofession. Ils sont sous-payés et dans notre région cela mène à une baisse importante de la main-d’œuvre. En effet, les loyers sont très élevés dans notre coin et selon un rapport de l’Institut de recherche et d’informations socioéconomique (IRIS), Sept-Îles est là ville où il faut le plus haut taux horaire pour vivre décemment. Ce sont deux freins importants aux éducateurs/éducatrices considérant leur salaire médiocre. En 2020, une éducatrice qualifiée à l’échelon 1 (échelon minimal) gagne 18,98 $ de l’heure (c’était 17,59$ en 2015!).

J’espère donc que vous comprenez qu’il y a urgence d’agir. Le gouvernement de la CAQ ne présente aucune solution à court terme pour régler cette pénurie. La municipalité, les services de garde, les éducatrices, les entreprises et les parents de la région doivent s’unir rapidement pour mettre en application des solutions concrètes. Le développement économique est un enjeu, le droit des femmes est un enjeu, la santé mentale de nos familles est un enjeu, le bon développement et la sécurité de nos enfants sont un enjeu!

J’espère donc que vous vous joindrez au mouvement #Maplaceautravail!

AUTRE TEXTE ICI

Mélissa Bernier, B. Sc., Ing.

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